Si GÉOGRAPHIE PHYSIQUE,
tants du littoral, d'y abreuver leurs troupeaux, et il ajoute
que non-seulement ces derniers boivent très-Volontiers de
cette eau, mais qu'encore elle ésl considérée comme beaucoup
plus salubre que Celle des rivières.
Michel Glycas byzantin du XII° siècle, qui Se distingué
avantageusement de tous seS contemporains par l'importance
qu'il attache aux phénomènes de la natitrë, signale,
à l'exemple d'Ammien Marcellin et de Pline, Il prédilection
des poissons pour le Pont-Euxin; et l'explique par la même
raison que celle qu'ont fait valoir lés deux écrivains
rbmaitlS.
Enfin, même aussi tard qu'au xvns siècléj Evliya Effendi2
qui, au resté, êHt le mérite de reconnaitf-e, par le sens du
goût, une vérité que la chimie moderne est venue confirmer,
en constatant l'infériorité de la salure du Pont-Euxin à
l'égard de la Propontide, prête à Ceè deux mers des phénomènes
fabuleux tendant, selon lui, à expliquer cëtle
différence : il prétend avoir observé plus d'une fois, dans
la mer de Marmara, une ligne rouge de la largeur dé la
main, s'étendarit depuis Scotdri jusqu'à la pointe des
Sept-Tours, et servant ainsi de limite entré le Pont-Euxih
et la Propontide.
Les notions des anciens sur L'étendue de la mer Noire
étaient encore beaucoup plus exagérée! que l'idée qu'ils
s'étaient faite de la composition chimique de ses eaux.
Nous ne tiendrons aucun compte dé-l'époque presque mythologique
de l'expédition des Argonautes qui, parlant du
principe que la mer Noire n'était qu'un bras dé l'océan
Glacial, « mare Cronium, » en avaient conclu qu'ils pôu-
1. Michaelis Glycae Annales,fais i,jp. 64. ,ÉdiL dé Sôfli.
2 EvLya Effendi Translated by H animer, vol. I, SGfit. 3', p. 7.
CHAPITRE II, - 38
vaient regagner la Grèce sans avoir besoin de repasser le
Bosphore, en descendant simplement par le nord dans lé
détroit de Gibraltar; et de là dans la Méditerranée; nous
ne nous arrêterons pas plus aux opinions que pouvait avoir
à cet égard le père dès poètes; mais nous avons droit d'attacher
plus d'importance à celtes énoncées par lé père des
historiens. Or, Hérodote1 donne à la plus grande longueur
du Pont-Euxin 1100 stades ou environ 272 milles géographiques,
ce qui fait presque deux fois sa longueur réelle ;
de plus il ajoute que le Palus Méotides ne le cède guère en
étendue au Pont-Euxin !
Les évaluations du golfe d'Azof, telles que les donnent
Strabon5 , Arrien3 et Agathemeros lui assignent le dottble
de son extension véritable, et Philostrate5, qui écrivait sous
Septime Sévère, et conséquemment plus de six siècles après
Hérodote, n'en soutient pas moins l'assertion de ce dernier
relativement au golfe d'Azof. Valerius Flaceus6 j qui vivait
également dans le courant du n" siècle de notre ère, va
encore plus loin en assurant que le Pont-Euxin est supérieur
en étendue à la Méditerranée; sans doute il faut tenir
compte de la licence poétique dont cet auteur use souvent
assez largement, mais ses expressions, quelque hyperboliques
d'ailleurs qu'elles puissent être, n'en prouvent pâs
moins que les idées d'Hérodote, sur l'extension de la mer
Noire, avaient encore conservé leur empiré, même après le
sièclé d'Auguste. Au moyen âge, lèâ notions dés anciens
relativement au Pont-Euxin et aux fleuves qui y débouchent,
loin de se développer et de se rectifier, ne devinrent que de
1. MelpomènR ï. 8S et Sï.
5. L. n . — S. Perip., Pont-Eux. — 4. L. I, 3.— 5. Hist. Her,
6. Argonaut., 1. v, vers 718.