2 4 8 . GÉOGRAPHIE PHYSIQUE,
dix-sept lieues environ. [| né s'appelle Madara-tchaï que
dans son coure supérieur, là où il est flanqué à l'ouest par
la chaîne granitique de Madara-dagh ; plus bas il prend
le nom de Khodja-tchaï, qu'il conserve jusqu'à son embouchure.
Encaissé entre des rochers élevés, le Madara-tchai
coule d'abord avec rapidité dans un lit peu profond, mais
hérissé de gros blocs, qui prouvent qu'à l'époque des
pluies il doit rouler un volume d'eau considérable. Aux
deux tiers de son cours, et surtout à quatre lieues environ
au nord-est de Tchandarlyk, le torrent perd beaucoup de
sa pente et s'avance sur une surface peu accidentée, en débouchant
enfin dans une belle plaine nommée Bogazhagui
où, à l'est, le Khodja-tchaï ne se trouve séparé du Bakyrtchaï
que par une rangée de collines trachitiques qui disparaissent
insensiblement ; en sorte que les deux rivières coulent
dans la même plaine du nord au sud en se rapprochant
de plus en plus à mesure qu'elles avancent vers le golfe.
Au reste, le Khodja-tchaï n'atteint point la mer, du moins
en été; il se perd dans les marécages de la plaine, à une
demi-lieue environ à l'est de Tchandarlyk. Sa largeur ne va
guère.au delà de 5 mètres, et en été il est partout parfaitement
guéable.
Le Khodja-tchaï est très-probablement l'Evenus "de Strabon
qui le fait déboucher dans le goffe Élaïlique, après
avoir traversé la ville de Pilane (Tchandarlyk). Ainsi, depuis
l'époque de ce géographe, les atterrissements du Khodjatchaï
auront comblé son embouchure, et de plus, il aura
également changé.de direction, puisque aujourd'hui le
Khôdja-tchaï ne traverse point Tchandarlyk, mais passe à
1. L. xm.
-CHAPITRE Y.
côté de ce bourg. Quant à ce que le géographe grec dit des
aqueducs dont les habitants d'Édrémid se servaient pour
conduire dans leur ville l'eau de l'Eoero», on ne peut admettre
ces communications qu'à l'égard du cours supéneur,
ou même des sources du Madara-tchaï; car ce n'est que la
que la proximité du territoire d'Édrémid pouvait rendre ces
communications praticables.
A une demi-lieue environ à l'est du Madara-tchaï se trouve
l'embouchure du Bakyr-tchaï. Cette rivière a ses sources à
peu de distance au nord du bourg de Bechkélembé, sur les
renflements qui font partie du revers méridional de la longue
chaîne deDémérdji-dagh, qui, dans ces parages, prend
le nom d'Ouzoundja-yaïla. Renforcé par un grand nombre
de ruisseaux, il descend avec assez de rapidité vers .Bechkélembé,
où la rivière tourne au sud-ouest. A Kirkagatch,
elle se relève au nord-ouest, et puis, dans les parages de
Somma, tourne au sud-ouest en conservant cette direction
jusqu'auprès de son embouchure, où elle se dirige au sud.
La longueur totale du Bakyr-tchaï est de 24 lieues environ.
En été, il offre des gués nombreux, mais dans la saison pluvieuse
on ne peut le franchir qu'en bateau Dans son cours
inférieur, il traverse une belle plaine, où il prend des dimensions
assez considérables. Il y coule avec très-peu de rapidité,
mais son eau, même au coeur de l'été, a près d'un mètre
de profondeur. Ses rives sont basses et hérissées de joncs,
de saules et de tamarix. Lorsque je traversai cette plaine au
mois d'aoôt, je l'ai trouvée littéralement pavée de coquilles
déposées par la mer, qui, à l'époque des tempèies hivern
a l e s , vientse ruer jusqu'ici. Entre l'embouchure du Bakyrtchaï'et
la petite ville de Tchandarlyk, la plage est parsemée
de lagunes salées qui-, en été, s'évaporent et laissent