354 GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
Dans la figure 5, on voit le sarcophage (a) recouvert
d'une couche (6) de 60 centimètres d'épaisseur, tandis que
le rempart (c) lui-même qui le surplombe a 7 mètres 70
centimètres. Dans Ifi figure 6, on voit également une couche
de tuf (i) reposer sur un magnifique sarcophage (a),
dont les fenêtres sont en grillage de pierre.
En supposant que l'époque de la fondatiqn de ces monuments
ne remonte qu'au commencement de l'ère chrétienne,
il en résulterait que la marche des dépôts de travertin de.,
Pambouk-Kaléssi suit une progression assez lente, puisqu'elle
ne nous donnerait que 3 millimètres par an ; or, si
l'on admet pour la totalité de ces dépôts une moyenne de
50 mètres, il faudrait, pour produire une masse semblable,
plus de dix-sept siècles. Cette lenteur dans la formation
des dépôts de Pambouk-Kaléssi contrasterait fortement
avec la rapidité qui caractérise plusieurs célèbres sources
incrustantes, comme par exemple celle de Tivoli', dans les
États Romains, celle de San-Filippo en Toscane, celle de
Lima an Pérou % et celle de Neusalzwerk en Westphalie,
où M. le professeur Bichof3 a observé un dépôt de trois
pieds formé dans le cours de trois années seulement.
Les sources chaudes du plateau de Pambouk-Kaléssi
étaient connues des anciens, qui n'ignoraient pas non plus
leu rs propriétés incrustantes, bien qu'ils n'en parlent que
d'une manière aussi brève que peu précise, ainsi que cela
leur arrive presque toujours quand il s'agit des phénomènes
de la nature, qui ne leur inspiraient souvent qu'un
sentiment d'enfantine et stérile admiration.
1. Hoffman, Physikal. Geogr., Band. I, p. 488.
8. Feuillé, Hist, des tremblem. de terre, etc., t. II, p. 267.
3. Lehrbuch der Chen». und Physikal. GeologBand. I, p. 882.
CHAPITRE VII. 35 8
Strabon1 dit qu'Hiéropolis est tellement riclie en eau,
que toute la ville est munie d'une foule de bains. Il ajoute
que cette eau passe si rapidement à l'état solide, qu'en la
conduisant dans des canaux, ceux-ci se trouvent remplacés
aussitôt par des. murs d'une seule p,ièce>
Vitruve5 dit également que les habitants d'Hiéropolis se
servaient souvent de ce moyen pour élever des cloisons
autour des champs et des vignobles, et, selon lui, une année
suffirait pour déposer une croûte assez épaisse. Pline, Ptolémée,
Jean le Lydien 3 et Etienne de Byzance, mentionnent
aussi les sources chaudes d'Biéropolis. Excepté ces sources,,
Strabon signale près de cette ville un plutonium (caverne)
qui est clos par une grille en bois, et dont l'intérieur est
tellement rempli d'une vapeur noire, que celle-ci enveloppe
complètement le sol. H ajoute que l'on peut impunément
approcher de la grille, mais qu'une mort instantanée frappe
toute créature vivante qui entrerait dans l'intérieur. 11 cite
l'exemple de taureaux asphyxiés de cette manière, ainsi que
celui de moineaux quelui-mêmey introduisit et qui tombèrent
sans signe de vie. Il est très-probable que ce plutonium,
ainsi que tous ceux que les anciens ont cités, et entre autres
Strabon lui-même, ne sont qne des réceptacles de gaz
acide, carbonique, comme par exemple la célèbre grotte
du Chien au lac Agnano. l'ai vainement cherché cette caverne
signalée par Strabon, et si, d'un côté, elle a pu m'échapper,
d'un autre, il n'y aurait rien d'étonnant que le
dégagement des gaz n'ait pas lieu aujourd'hui dans cette
localité. Indépendamment de la disparition de semblables
cavités comblées de main d'homme, on sait de com-
1. L. tiii, 4. — 2. L. vin, 0. 3.
9. Joannis Lydi de Ostentis, p. 349, éd. de Bonn.