1 4 6 GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
constamment dés Sommets élevés dé l'Argée; or, l'énorme
quantité de fies blocs accumulés dans la neige y demeurent
fixés pendant la nuit à cause de la congélation de la première;
mais aussitôt que le soleil ramo|lit le ciment qui les
tient captifs, ils s'échappent comme de la bouche d'un
mortier, et, répercutés par les rochers qu'ils rencontrent sur
leur passage, bondissent avec violence. Lorsque les surfaces
abruptes ne sont point revêtues de neigé ou n'en ont
qu'une mince couche, les blocs, qui y tombent pendant la
nuit s'éconlent par les pentes, sans pouvoir s'y arrêter, tandis
que la présence d'une masse considérable de neige les y
retient malgré la pente, et c'est cette artillerie dréSsêe pendant
la nuit, qui opère son explosion au premier rayon du
soleil. Rien de plus majestueux que ce réveil du colosse.
Après un silence qui n'est interrompu par le mouvement
d'aucune créature vivante, l'aube du jour s'annonce tout à
coup par des détonations, que suit une grêle de blocs SB
croisant en tous sens et décrivant quelquefois des paraboles
dans les airs. Malgré la précaution que nous ertmes,
avertis par nos guides, de devancer l'heure de l'apparition
du soleil, en commençant notre ascension à la fin de la nuit,
nous ne pûmes éviter l'honneur dangereux d'assister au
lever du géant Argéen, et nous essuyâmes une bonne partie
dés salves tirées à cette occasion, en nous trouvant souvent
au milieu d'un feu tellement bien nourri, que tandis que
nous étions assaillis par des blocs roulant à notre rencontre,
d'autres projectiles se croisaient par-dessus nos têtes,
lancés de tous côtés, comme du fond des embuscades;
aussi, au lieu de trois heures nous en mimes cinq pour
gravir une hauteur de 836 mètres seulement.
Le revers méridional du cône central de l'Argée est beau