
dah au sommet de Hattou, accessible aux Ghountes. Aujourd’hui il parait
abandonné. Il faut gravir à pied les deux tiers supérieurs de la hauteur de la
montagne.
Sa cime est ondulée. Sur ses deux mamelons les plus élevés, on voit encore
les restes de deux forteresses construites par les Gorkhas. Leurs murailles de
pierres sèches se tiennent encore debout ; leur base est enterrée dans les décombres.
Ces deux forteresses n’auraient reçu en Europe, d’autre nom que
celui de corps de garde. Une hutte de paille, s’il y avait dedans un homme
avec un fusil, serait décorée dans l'Inde du nom de K/JUt1 for!eresse).
Les Anglais, en 1815, ne furent pas obligés de donner l’assaut à ces deux
misérables bicoques ; leurs chétives garnisons capitulèrent. Partie entra au
service des vainqueurs ; partie passa de l’autre côté du Setludje, dans l’État
de K oullou.
Dans les gazons de la cime, je recueillis les plantes suivantes, qui y sont
les plus communes : Potentilla micropetala ; Potentilla tridéntata ; Veronica
■villosa; Viola renata (espèce à fleurs jaunes, voisine du Viola biflora des
Alpes et des Pyrénées); AchiUea millejolium (?); Ligusticum meoïdes; Stellaria
gracilis La végétation graminée se compose presque exclusivement
de Carex, des mêmes espèces qu’au col de Deohra.
Je fus, sur la cime de Whartou, témoin pour la première fois d’un des
phénomènes météorologiques les plus intéressants. Il était 9 h. du matin ,
l’atmosphère était calme, chargée de vapeurs que l’on voyait se former et se
dissiper en place sans bouger. Debout sur la crête des escarpements qui. bordent
}e sommet de la montagne à l’occident, je vis mon ombre,. entourée d’un large
cercle irisé, se projeter sur un nuage blanc très-épais, immobile dans le fond
du vallon. Ramond parait être de tous les physiciens celui auquel ce phénomène
s’est montré dans sa plus grande beauté ( 1 ). Son ombre tout entière se
dessinait sur la surface plane d’un nuage voisin, avec une netteté parfaite.
Sa tête seule était entourée d’une auréole irisée. Je ne fus point aussi heureux.
La surface du nuage inférieur était mamelonnée, et le soleil, autour
de l’ombre portée dessus par mon corps, ne brillait que d’un faible éclat ;
les contours de mon image manquaient de précision. Le piédestal qui me
p ortait, s’y dessinait aussi. Son ombre, comme la mienne, était entourée par
le cercle de l’ir is , et les couleurs de celle-ci manquaient d’é clat, comme les
ombres de netteté.
(1 ) État de la végétation au sommet du pic du Midi. ( Mémoires de l'In s titu t, i8 a6 ). :
La base de Hattou est formée principalement de Schiste argileux luisant,
talqueux ou micacé. Au-dessus, car les roches y sont assez peu contournées
pour que leur stratification soit déterminable, au-dessus viennent des Schistes
micacés, ou, plus proprement, des Micaschistes assez bien caractérisés. Ils le
sont parfaitement vers le sommet. Enfin, sur la cime même de la montagne,
sont épars quelques minces lambeaux de Gneiss.
Toutes ces roches sont en stratification’ concordante, de la base au sommet
de la montagne; elles plongent vers l ’E . o u l ’E .S .E . , de 10° à 15°. C’est leur
tranche relevée qui forme les escarpements de la montagne vers l’occident
(1). *
En descendant à Kotgurh, par la pente septentrionale de Hattou, j ’observai
, mais sans pouvoir déterminer leurs rapports de position avec les
roches schisteuses stratifiées, des Amphibolites;(®( G. h. 148), généralement
terreuses, et, en cet état, fort semblables à des Trapps. Elles renferment
probablement du Talc verdâtre, mêlé au Quartz et à l’Amphibole. Ces roches
forment des masses très-considérables, dépourvues de stratification ; elles se divisent
en polyèdres irréguliers. Leur apparence est la même que celle des
roches que j ’ai observées sous Tahnao et près de Rôtneur, et que j ’ai appelées
du même nom. Il est probable que leur gisement est le même, c’est-à-
dire qu elles sont comprises entre le plan des couches schisteuses, et qu’elles
n’y forment point des filons (a),
Les variétés accoutumées du Schiste reparaissent bientôt, e t, jusqu’à Kotgurh,
n’admettent plus aucune couche intercalée.
Kotgurh est un pauvre village situé à 2000” environ d’élévation absolue, sur
les pentes des montagnes qui bordent la rive droite du ruisseau qui coule
du col de Nagkundah vers le Setludje; c’est le poste militaire anglais le
plus avancé. I ln e se compose, au reste, maintenant que d’une cinquantaine
d’invalides gorkhas.
Le capitaine qui, les commande, averti de mon passage , envoya au-de-
(1) (G. h . i 45.) Micaschiste de la pente occidentale de Whartou.
( G. h . 146.) Quartz en amas lenticulaires, dans le précédent.
(G. h. i 47.) Gneiss du sommet de la montagne de Whartou.
Ces roches sont stratifiées avec régularité : elles plongent à l’E. ou à l’E .S .E . de io° à
15°. Le Micaschiste forme la base de la montagne, et alterne avec quelques couches bleuâtres
talqueuses et d’autres , qui semblent presque du Schiste argileux. Le Gneiss ne forme qu’un lambeau
sur le sommet : sa stratification est parfaitement concordante avec celle du Schiste : il
n’est pas recouvert.
{2} '{ G. h . 148.) Trapp de la face septentrionale de Whartou. J’ignore son mode de connexion
avec les roches précédentes ; il se divise en masses rhomboïdales pseudo-régulières.