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et celui que j ’ai vu pour la première fois près de Khôti en Kanawer) occupent,
avec le R iz , les stations humides. Une espèce d’Arnaranthus appelée
Battou, et dont les feuilles servent d’aliment aux montagnards pendant la
saison des pluies, est plus généralement cultivée sur les pentes : elle forme
maintenant de magnifiques taches cramoisies sur le tapis de verdure qui
les recouvre.
Le Buffle est le compagnon inséparable du Riz : il reparaît dans le bétail,
avec celui-ci dans la culture. C’est un type animal bien ferme dans sa constitution
: je l’ai vu à Pondichéry, dans toutes les plaines de l’IIindoustan, et
dans l’Himalaya, toujours le même : il ne varie ni dans le pelage, ni dans
les proportions et la courbure de ses cornes, ni même dans sa taille absolue :
il est toujours fort grand.
Le territoire des villages élevés de la vallée du Pâbeur est couvert de im,o
à i ”,5 de neige en hiver. Les villageois amassent maintenant le foin grossier
qui sert alors à la nourriture de leur bétail. Ils l’entassent d’abord autour de leurs
demeures, entre le balcon et le toit qui en déborde considérablement les murailles
; mais c’est principalement sur les arbres d’alentour, surtout les abricotiers,
qu’ils l’empilent. J’avais déjà vu cette pratique à Bouroune, où plusieurs
arbres fourchus portaient une meule de foin d’une forme absurde, en cône
renversé nécessairement, puisque les maîtresses branches s’ouvrent en général
de manière à former un vase.
La faux est ici inconnue ; c’est à la faucille que l’herbe est coupée. A défaut
de chemins et de bêtes de somme, le foin.est entièrement rentré à dos d'homme.
L’introduction de la faux et de l’âne doublerait les moyens de subsistance
de cette vallée, car l’immense majorité de ses herbages reste perdue.
Les vallons latéraux qui s’ouvrent sur sa rive droite, descendent de 1 Ouest
à l’Est. Le plus considérable est celui qui débouche près de Chergaon. Il
conduit au col de Schaitoul, d’où l’on descend en Kanawer, au pont de Wong-
tou. Tous sont généralement assez larges et creusés entre des montagnes herbeuses
à pentes très-douces. Us renferment une population assez nombreuse.
Leur ensemble avec la haute vallée du Pâbeur forme le district du Bissahir appelé
Tchouara'. Entre Chergaon et Rourou-Khôti, mais sur la rive opposée, est
un fort carré, flanqué de 4 tours de la même forme; il domine un monticule
herbeux qui s’élève assez abruptement sur les bords du Pâbeur. Le Rajah de
Bissahir y entretient une cinquantaine de fainéants, appelés sipahis, à chacun
desquels il donne 3 roupies ( 7f,5o ) par mois, plus le droit de vivre gratis sur
le pays. Leur chef, ou soubehdar, reçoit 5 roupies ( 12f,5o) par mois. C’est là que
chaque village ou hameau du district paye sa taille, qui passe ensuite au trésor
de Rampour. Quoique ce fort soit de beaucoup le plus respectable que j ’aie vu
dans l’Himalaya indien, j ’incline à croire l’assertion d’un de mes Gourkhas,
qui ne demanderait, dit-il, que 20 de ses camarades pour le prendre en un
jour. Il y en a un pareil, avec une garnison semblable, dans la vallée qui
conduit au col de Schaitoul. Je ne puis deviner à quoi sert ce petit appareil
militaire ; mais nous, avons des Suisses en France sur le même principe, parce
qu il y en avait autrefois. Avant l’invasion des Gourkhas, le Rajah de Bissahir
avait garnison dans ces forteresses : elles ne firent à peu près aucune résistance
contre eux.
Rourou-Khôti est le plus considérable des villages du haut Pâbeur. Quoi-
qu il y ait encore au-dessous quelques villages ou hameaux qui appartiennent
nominalement au Rajah de Bissahir, il en forme proprement la limite de ce
côté, puisque ces villages, occupés par des Brahmanes, ne payent aucun im-
pot au Rajah; les Gourkhas les faisaient payer comme les autres.
Au-dessous de Rourou débouche un vallon dont le sommet s’adosse aux
montagnes qui dominent immédiatement Rampour. Ces montagnes sont la
chaîne méridionale de l’Himalaya, qui s’est déjà abaissée de manière à ne pas
excéder 12,ooop-‘ -(3658“ ) d’élévation absolue. Ici, je renvoyai à la cour du roi son
maître, Pottranme et son §ipahi. J’eus à payer l'un et l’autre, car ils me déclarèrent
que tout salaire avait cessé pour eux du jour où ils avaient quitté
Sourann, et je me suis assuré que c’était la vérité. C’est une vilenie du Rajah.
Les montagnes qui bordent la rive gauche du Pâbeur ne laissent pénétrer
qu assez tard le soleil dans le fond de la vallée. Les matinées y sont très-froides,
mais le jour et l'après-midi y sont d’une chaleur accablante. A Pecca, j ’avais
vu déjà quelques habitants vêtus de coton. C’était le vêtement universel à
Rourou. Dans les vallées les plus basses, en Sirmour, et généralement partout
où croit le riz , les villageois, excepté peut-être pendant l’hiver, sont vêtus
de coton, pl. LVI et pl. L V I I , fig. 2. L ’étoffe grossière dont leur vêtement se compose
est importée des plaines voisines, depuis Saharunpour jusqu’à Bélaspour.
par des musulmans. Je vis à Rourou plusieurs de Ces marchands ambulants, ils venaient
de Patialah. D’autres, depuis l’invasion des Gourkhas, se sont établis
dans les plus gros villages, où ils vivent de ce trafic. Ils n’ont pas de terres.
Jerencontrai près de Pecca un voyageur venant de S imla, où il m'avait connu
de vu e , et allant au col de Bourendo. C’était un jeune officier. Il avait un
train de collecteur ; gare les dettes! Je l’aperçus prenant un bain à la glace
dans le Pâbeur; je l’appelai; il sortit de l’eau et vint à moi à moitié nu, se