
français, ne signifie une secte religieuse particulière, le Bouddhisme, par
exemple, car alors la majeure partie des populations malaises de l’Asie
serait des Tartares, et j ’ignore ce qu’ils entendent par ce mot. Il est entièrement
inconnu dans le langage des habitants. Si on les a appelés ainsi à cause
de leurs caractères physiques, des traits de leurs visages, il y a encore des exceptions
assez nombreuses au type de physionomie qu’il indique. Si c’est à cause
de la queue que portent plusieurs d’entre eux, il y aurait autant de raison d’en
faire des Chinois. Oum manipadmei oum est ici une petite chanson que chacun
fredonne du matin au soir sur l’air qui lui plaît le mieux, et plus souvent il
l’a répétée, plus saintement il a passé la journée. La couleur rouge des habillements
n’est point particulière aux Lamas. Je n’ai pas vu de cylindres rota-
toires comme à Soungnum.
G é o lo g ie .^ Description des terrains entre Poyé et Békoeur. Pl. X X X X .—
Une des plus fortes sinuosités du cours du Setludje, est l’angle saillant qu’il fait
au nord, près du village de Taschigong, en Hangarang, à la rencontre pour ainsi
dire du Spiti, le plus large de ses affluents, qui descend du pays de Ladak en
coulant du nord au sud. Au-dessous du confluent, le Setludje se dirige vers Ka-
num, au S . O . : au-dessus, il remonte dans une direction perpendiculaire à celle-
là, au S .E . , se rapprochant ainsi de part et d’autre de la chaîne méridionale
de l’Himalaya, dont nulle part il ne s’éloigne autant qu’à Taschigong.
L’espace compris au dedans de l’angle qu’il forme là vers le nord, en avant
de la direction générale de cette chaîne, loin d’être u n i, est relevé de chaînes
collatérales qui s’en détachent, et s’avancent, diversement ramifiées, vers le nord,
où leurs escarpements ne dominent pas de moins haut les bords du fleuve que
les cimes de la chaîne centrale elle-même, lorsqu’il coule à leur pied.
Marchant de Poyé à Békoeur dans une direction généralement orientale, on
.traverse trois de ces chaînes latérales, et telle est leur élévation, que les cols par
où on les passe, Gantong-ghauti, Kioubrong-ghauti, et Houkio-ghauti, sont situés
les deux premiers à plus de 5,5oom, et le dernier à plus de 5,ooom (i). Au pied de
celui-ci, ou plutôt sur un gradin de sa pente orientale qui domine encore le
Setludje de 3oom à 4oom, est le village de Békoeur, que presque seul entre plusieurs
Européens qui s’y sont présentés, la vigilance chinoise, en défaut ce
(i) Selon M. A. Gérard, dont les nivellements barométriques méritent confiance, ces cols sont élevés, savoir :
Gantong-ghauti, de.................................................................. i8,ag5p-a- ou. 557,6m,
Kioubrong-ghauti, d e ................................. ............................ i8 ,3 i3 o« 55 8 i,
Houkio-ghauti, d e ..................................................... ............... 16,600 où 5b6o,
jour-là, ma permis de visiter. Les productions misérables de son territoire
indiquent sans doute assez exactement, pour sou niveau absolu, l’élévation
de 3,6oio*,
En décrivant de l’O . à l ’E. les roches qu'on voit se développer successivement,
c’est-à-dire dans la direction que je suivis en faisant pour la première fois cette
route, par où je dus ensuite revenir, j ’aurais eu l’avantage de les exposer naturellement
dans l’ordre de leur succession géognostique. Mais les brouillards et les
météores glacés, dont les hautes régions que je traversai dans cette courte mais
pénible excursion sont souvent le théâtre, me dérobèrent presque entièrement
la vue de tous, les phénomènes, de gisements dans mes quatre premières
marches. Ce n’est qu’à mon retour qu e , favorisé par le ciel le plus pur, je pus
m’appliquer à les déterminer; et je rapporterai mes observations dans l’ordre
où je les fis.
Békoeur, ou plutôt ses ruines, habitées seulement par des Lamas et leurs
idoles, sont éparses sur une colline, escarpée vers le plateau qui domine le
Setludje et fortement inclinée vers la pente des hautes montagnes qui s’élèvent
immédiatement au S. et au S .E . Cette colline est composée d’un Calcaire
compacte grisâtre, abondamment traversé de veines spathiques. Ses couches
très-épaisses, sont tellement empâtées, que leur stratification est indéterminable.
Je n’y ai observé aucun fossile distinct; mais dans le tissu des parties
grisâtres ou noirâtres les plus compactes, on voit miroiter fréquemment des
lamelles de la même couleur, qui sont probablement des débris organiques.
Tout le sol d’alentour et la base des hautes montagnes méridionales voisines
qu’on voit se prolonger avec régularité à l’E .S ,.E . sur les bords du Setludje,
sont formés de la même roche, où s’intercalent d’immenses amas, plutôt que
des couches, de roches schisteuses, encore très-calcaires, noires, sans mélange
de parties spathiques et qui semblent absolument dépourvues de débris de
corps organisés. Au mélange des couleurs, et surtout aux formes bizarres
que revêtent ces roches en se décomposant, je les ai reconnues avec certitude
jusqu’au sommet des montagnes, Elles- paraissent couvertes de tours chargées
de créneaux.
Ces roches dégagent généralement par le choc une odeur fétide. L ’inégale dureté
de leurs parties rend leur cassure très-inégale. La même cause rend également
très-inégaux les progrès de leur dégradation par les,météores atmosphériques.
Les parties noires et compactes résistent davantage à la destruction et se dessinent
en relief sur les surfaces longtemps exposées à l’air, et les rendent d’une
extrême âpreté.