
Le torrent du Hoûnta, dont les eaux se réunissent à celles de la Jumna au-
dessous de Cursali, n’est pas moins considérable qu’elle. Il descend du premier
vallon ouvert à l’orient de celui de la Jumna. Leur cours est à peu près parallèle.
Son entrée est beaucoup moins étroite, parce que les montagnes qui
bordent sa rive gauche, ou orientale, s’élèvent en pentes assez douces, et l’on découvre
vers son sommet plus de cimes neigées qu’au sommet du vallon de
Jumnoutri. L ’une d’elles, dont la hauteur à l’horizon n’est pas la plus grande, me
paraît par l’éloignement du plan sur lequel elle s’élève, la plus haute de cette
partie de la chaîne centrale de l’Himalaya. Sa forme peut la faire aisément
reconnaître de lieux assez divers, et j ’étais désireux de savoir son nom; mais
quoique Cursali en soit le village le moins éloigné, la plupart des villageois
dirent qu’ils ne le savaient pas, et comparant les témoignages de ceux qui ne
se récusaient pas, je les trouvai si complètement discordants, que je, renonçai
à en adopter aucun. Il suffit généralement de questionner deux habitants pour
être dans le plus grand embarras, si l’on ne peut se passer d’un nom. Leur
ignorance des lieux les plus voisins est extrême, et ceux auxquels leurs voyages
permettraient d’être mieux instruits, ne profitent pas de l’occasion. Des 35 mon-
(G. h. 7$. ) Roche semblable, d’où sort la source thermale de Jumnoutri et sur laquelle
elle dépose la concrétion ocreuse que l’on y .voit. Quatre morceaux.
(G. h. 74.) Granité veiné, à structure entrelacée ; peu de Quartz. Le Feldspath en nodules
arrondis, en bancs très-épais, très-durs, qui se répètent plusieurs fois sur la hauteur moyenne.
Alternant indistinctement avec le Quartz précédent ou des roches micacées et talqueuses suivantes.
(G. h. 75.) Variété du même, d’un autre banc. ,
(G. h. 76. ) Autre variété où le Mica est plus aboudant. Lé Quartz parait l’êtreaussi davantage
: il enveloppe les noeuds amygdalaires du Feldspath et s’étend en veines, çà et là renflées.
Une des roches les plus abondantes, à tous les étages de la vallée.
; (G. h. 77.) Micaschiste : c'est la roche la plus abondante de tout ce système.
(G. h. 78.) M i c a s c h i s t e granitique, en grosses veines dans un Micaschiste très-quartzeux.
(G. h. 79. ) Variété du même. Roche également assez répandue.
(G. h. 80.) Granité veiné grenatique, ou plutôt Micaschiste empâtant des grenats et des nodules
feldspathiques. 11 y a en outre des parties Jamelleuses bleuâtres, sans doute du Disthêne.
Fragment roulé dans la Jumna. 1 1 n
(G. h. 8r. ) Micaschiste à grains très-fins, friable. Une des roches les plus abondantes. 11 esttrès
légèrement effervescent:.. - :) -______________________________
(G. h. 82.) Roche schisteuse, de Quartz, de Feldspath, de Mica et de Diallage. Une des plus
abondantes. ' - ' , ,____
(Gi f, 83, j Éclogile .( Brongniart), Diallage, empâtant des nodules de Feldspath. Roche assez
abondante, friable.
( G. h. 84. ) Talc ou Diallage schisteux avec veines de Quartz hyalin, dans le lit cle Ja Jumna,
(G. h. 85.) Calcaire saccharoîde grisâtre, avec paillettes rares de Mica, en.couches épaisses
très-solides, assez rares. Vers la hauteur moyenne du passage.
( G. h. 86. ) Calcaire grenu blanc, plus micacé, pénéjré de Quartz, en couches friables.
Vers la base du passage.
tagnards qui me suivent, il n en est pas un qui s’informe du nom des hameaux
ou ils passent avec m oi. Nul doute qu’ils ne pussent retrouver le chemin, mais
ils ne sauraient l’expliquer. Ils feraient ce que font les chiens, et encore pas si
sûrement.
Quand les réponses s’accordent, quand il s'agit, par exemple, du nom d’un
village, et qu'on le demande à ses propres habitants, il y a pour nous une autre
difficulté, c’est de l’entendre et de l’écrire. Leur langage est quelque chose de si
rude, de si grossier, dans son articulation comme dans sa grammaire, qu’il n’y
a pas de combinaison de lettres dans l’alphabet européen, ni dans l’alphabet
persan, modifié pour écrire l’indoustani, qui puisse en représenter les sons. C’est
comme si l’on voulait figurer par des lettres le mugissement ou le grognement
d un animal. Chaque paysan grogne à sa façon le nom de son village. Cette approximation
lui suffit de même pour tous les mots de son vocabulaire, parce
q u il est aussi resserré que le cercle de ses idées. Elle suffit à la clarté de son
langage avec les gens de son hameau. Le nom de la Jumna tv?. se prononce,
par exemple : Djom,mouna, Jommouna, Jummouna,, Joum, Djoumnah,
Djoummounah, Djummah, Juinmah, etc.
Les pentes des montagnes situées sur la rive droite du Hoûnta, s’élevant en
gradins bien découverts jusqua leurs cimes neigées, molles elles-mêmes et
arrondies, semblaient me promettre des productions différentes de la gorge
sombre où j ’avais été enfermé dans mon excursion à Jumnoutri. Je voulais
d’ailleurs déterminer, s’il était possible, la hauteur où la végétation s’arrête dans
cette partie de la chaîne de lTIimalaya, et il me semblait que j ’atteindrais cette
limite en montant jusqu’à des crêtes aiguës de rochers qui déchiraient, sur les
cimes mêmes de ces montagnes, leur manteau de neiges. Je tentai ce voyage, le
18 mai, par le temps le plus favorable. Après 2 h. de marche, j ’étais déjà à 3, u 3”
( i0 2 i5 p a ) de hauteur absolue. Je n’avais pas encore rencontré de neiges.
Mais à moins de 100“ au-dessus, j ’en trouvai les premiers amas. Il n'y a point
de ravines où elles puissent s’accumuler pendaut l'hiver et se conserver plus tard
en été à l’ombre ; aussi, sur une pente exposée semblablement, elles fondent
partout à peu près en même temps au même niveau, et leur limite inférieure
est assez nettement marquée par une ligne horizontale. Elles ne formaient
que de minces lambeaux dispersés sous la forêt. A 10 h . , par une hauteur d’environ
3496'" (11470p' "•), elles présentaient sous ses ombrages uue surface continue,
mais encore peu épaisse. La forêt était à ce niveau dans toute sa force, composée
principalement de Quercus diversijolia et £ Abris complanata. Le Quercus
castanoïdes et le Rhododendron arboreum s’étaient arrêtés vers 3,000“ . Un peu
t3.