
la consternation dans là petite société de Simla. Les femmes demandaient
au capitaine Kennedy la mort de l’impie qui avait osé , et il dut
tonner de tout, son pouvoir pour connaître le coupable et ravoir le
corps enlevé. Sa police n'en dormit pas de plusieurs jours: mais on ne faisait
aucune découverte. Il imagina, pour en finir, un expédient plein de
couleur locale. Il signifia que si l’enfant n’était pas retrouvé dans les 24
heures il ferait pendre une vache dans le bazar. La menace eut l’effet
désiré,’ et le soir même on vint lui dire que l’enfant était retrouvé ,
que probablement il n’avait jamais été déterré, que c’étaient sans doute
des jackals qui avaient causé tout cet émoi en creusant la terre sous la
tombe, qu'ils avaient fait écrouler. Quoique l’explication fût peu satisfaisante,
comme le point essentiel était gagné, le capitaine Kennedy s’en contenta,
et pour éviter la récidive, il ordonna de bâtir un mur autour du cimetière.
Les habitants des montagnes sont tous Hindous, assez peu pointilleux sur
la distinction des castes, et fort indifférents à maintes pratiques dévotes
des Hindous des plaines; mais sur le culte du boeuf, ils sont des plus exigeants :
à Soubhatou même le Capitaine Kennedy défend de tuer publiquement ces
animaux. Il a établi la même prohibition à Simla, et elle lui concilie puissamment
l’esprit des montagnards. L'eau du Gange, sur laquelle on a coutume de
l'aire jurer les témoins hindous dans les cours de justice, ne les effraye aucune-
mentd’un parjure; le capitaine Kennedy fait prendre à ses témoins une vache
par la queue, et sur cette vache il lés fait jurer. . . . .alors ils confessent tefut.
Les pluies solsticiales se déclarèrent avec tout leur caractère, le jour même
où le soleil arriva au tropique. Dès le 15 ju in , chaque jour amenait un
orage, et les cimes étaient presque constamment couvertes de nuages épais.
Mais l e H lés nuages occupaient le fond des vallées, comme le sommet
des montagnes. Le soleil fit quelques trouées dans ces brumes humides et
brilla par intervalles d’une lumière pâle au travers de ces éclaircies. Ailleurs
les brumes sé résolvaient en une rosée abondante, quelquefois en ondées
de pluies. Les parties de l’atmosphère déchargées de (ce météore étaient d’une
transparence admirable ; mais des vapeurs qui s’élevaient du fond des vallées
et des pentes boisées des montagnes, venaient bientôt les troubler.
La saison des pluies commence dans les montagnes en même temps que dans
les plaines; la fréquence des brouillards, durant les intervalles où la pluie cesse,
rend également cette époque fort désagréable. La température moyenne du jour
s'abaisse" alors comme dans les plaines, et la distribution de la chaleur participe
de l’égalité de Celle qui préside au climat des plaines durant cette saison.
Du reste, rien de si local que ces météores. On les voit se former, se
mouvoir, se résoudre, en quelques minutes, dans l’espace le plus circonscrit.
Il pleut à verse sur une maison, tandis que la maison voisine est éclairée
du soleil le plus vif. Ici, la cime des arbres se montre seule au-dessus des lourdes
vapeurs qui s’exhalent du sein des forêts, là pn ne voit au contraire que
leurs troncs : immobiles, suspendues dans l’atmosphère, ces vapeurs forment
un rideau qui cache leur sommet.
C’est généralement pendant la nuit que la pluie tombe avec le plus de violence.
Le matin alors est superbe. Même dans les plus mauvais jou rs , il y a quelques
intervalles de répit.
Plus Ion s élève, et plus les brumes sont épaisses et fréquentes, mais les pluies
sont moins fortes. Cela est très-sensible aux habitants de Simla, dont les
plus haut perchés habitent à 300“ environ au-dessus des plus bas. ,
L aspect de la végétation change extrêmement dès le commencemen t de
cette saison. C’est l’époque où fleurissent la plupart des plantes némorales.
La teinte des montagnes herbeuses s’avive. Le paysage est plus riche.
Géologie. — Les montagnes de Simla appartiennent au même terrain qui
constitue celles de Mossouri et de Landaor, et probablement tout ce que j ’ai
vu jusqu’ici dè l’Himalaya.
La roche dominante est un Schiste micacé qui passe au Schiste talqueux et
au Schiste argileux; mais aucune de ces espèces de roches n’est parfaitement
caractérisée. Outre quelles passent graduellement ou brusquement
lune à 1 autre, elles se ressemblent encore par l'identité de leur allure et
celle des minéraux qui y sont répandus. Leur stratification est si flexueuse,
si contournée, si tourmentée, qu’on ne saurait leur trouver ni direction, ni
inclinaison constante sur la plus faible étendue. Quelques veines, de Quartz
courent entre leurs sinuosités; mais plus souvent ce ne sont que des amas
lenticulaires allongés. Jamais de filons. Le Grenat est commun dans les Schistes
talqueux et les Micaschistes.
A Mossouri, ces roches se montrent en alternances avec des bancs quartzeux
dont la texture a Une apparence singulièrement arénacée. Cette singularité se
reproduit à Simla. Entre Mahassou et ce lieu, on voit alterner avec le Schiste
argileux et le Schiste talqueux, des roches que l’on prendrait indubitablement
pour des Grès, et d’autres que l’on rapporterait aux Porphyres du vieux
gres rouge, si l’on ne considérait qüe leur nature oryetognostique, sans avoir
égard à leur gisement (G. h. 119) et (G. h. 12.0). Le Mica abonde dans