
Laloungtcho dans la vallée du Spiti, le sol de transport, presque entièrement
détruit, laisse voir à la base des montagnes quelques lambeaux du terrain
de Schiste et de Quartz. Il se compose ici d’Ardoises alternant avec une
Grauwacke très-quartzeuse, d’un rouge violet, et dont la nature élastique
est douteuse. Ces Grauwackes et ces Schistes sont recouverts de plusieurs
bancs très-réguliers d’une roche qui, considérée dans ses extrêmes, d’une
part semble un Poudingue siliceux très-grossier, et de l’autre une variété
un peu grenue de certaines couches de Quartz pyriteuses, du terrain décrit
précédemment autour de Paukh. Ces couches sont à découvert dans un espace
assez étendu sur la rive droite et au bord du Laloungtcho, immédiatement
au-dessus de son confluent avec le Spiti. Elles sont recouvertes par un
des Calcaires compactes, noirâtres, à veines spathiques,'qui se sont montrés
fréquemment déjà au-dessous de Dankhar, et qui forment évidemment ici
l’assise inférieure du terrain de Calcaire çoquillier de Ghuyoumoeul, comme
on le verra plus loin.
Le terrain inférieur est ici en couches presque horizontales, mais très-
droites , et celles du Calcaire supérieur sont excessivement contournées.
Toutefois ces contournements bizarres ne sont qu’un accident local dans ce
terrain, et quoiqu’ils montrent le Calcaire reposant en stratification trans-
gressive sur le Schiste argileux, dans le seul point où j ’aie pu observer le
contact immédiat des deux terrains, Planche L I , il se peut qu’ailleurs les gis-
sements soient parallèles. Mais ce qui sera un hasard , c’est ce parallélisme, s’il
existe.
Dès que l’on a dépassé l’entrée de la vallée du Laloungtcho , le terrain de
Thonschiefer disparaît sans retour, et l’on voit se développer successivement
tous les termes d un terrain nouveau, caché de distance en distance à sa base
par le sol de transport, qui atteint dans cette vallée à plus de i 5om de hauteur
au-dessus des eaux du torrent.
Ce sont des Calcaires noirs compactes avec veines spathiques, vers la base
de la formation. Elles y dominent. Il n’y a point de restes organiques qu’on
puisse distinguer.
Ces Calcaires renferment quelques bancs un peu ocreux, à texture moins
fine, sans veines spathiques.. On y aperçoit des particules lamelleuses que je
soupçonne des débris de corps organisés.
Plus haut, les Calcaires se pénètrent sensiblement d’Argile, et admettent
entre leurs bancs une masse argileuse schisteuse de 6om à 8om de puissance,
dans laquelle s’étendent divers lits , généralement fort minces, de Calcaire gréseux
faiblement micacé et pyriteux, noirâtre, et de Grès Calcaire en plaques
séparées. Il n’y a point de fossiles distincts.
Des Calcaires compactes, noirâtres, avec veines spathiques, analogues aux
plus inférieurs, reparaissent au-dessus de cette première masse schisteuse, et
alternent avec d’autres roches de même nature, qui n’en diffèrent que par les
accidents de la coloration. L ’une d’elles est d’un gris clair et d’une teinte uniforme,
sans veines spathiques, susceptible d’un poli assez brillant (comme un
grand nombre de ces roches), Une autre, lorsqu’on n’en voit d’abord que les
surfaces depuis longtemps exposées à l’air et entamées par l’action des météores
atmosphériques, paraît une Brèche ou un Poudingue calcaire. Mais sur une
cassure fraîche, les galets ou fragments dont elle semble formée, se fondent
tellement dans la pâte de la roche, ou dans leur ciment, par quelques-unes de
leurs parties, que la nature fragmentaire de la roche est un peu douteuse. Cependant
le ciment (ou la pâte) a une texture lâche et lamelleuse, étrangère aux
parties qui paraissent des fragments ; peut-être aussi quelques facettes miroitantes,
qu’on distingue dans ce ciment, sont-elles des débris organiques.
C’est de l’alternance répétée de ces diverses couches calcaires qu’est composé
le premier étage des montagnes de Cette formation jusque près de son
sommet, lequel porte quelques plateaux ondulés, élevés moyennement d’environ
5,ooom, et sur l’un desquels est situé le village de Ghuyoumoeul.
Avant que d’y arriver, On observe au sommet de la série de couches calcaires
décrites précédemment, des bancs qui leur ressemblent absolument par les
caractères minéralogiques, et qui sont pétris de coquilles, la plupart brisées.
L’un d’èux, qui me paraît supérieur à tous les autres, très-noir, très-compacte,
empâte des Ammonites dont la substance est changée en Calcaire spathique,
noir.
Cette couche est surmontée d’une masse très-épaisse ( i 5om à aoo“ ) de Schiste
argileux, noirâtre, pourri.
Cette masse schisteuse renferme, à tous ses étages, des Ammonites, la plupart
brisées, enveloppées dans des rognons globuleux de pierre lydienne, et
converties elles-mêmes en cette substance. Ces boules de Lydiennes forment
des espèces de couches , comme les Silex dans la Craie.
Telle est aussi la disposition de masses aplaties, mélange intime de Ly dienne
et de Fer carbonate ( ?), à l’intérieur desquelles on ne trouve jamais
de débris organisés.
Enfin, dans la partie inférieure surtout de cette masse schisteuse, il y a
des bancs épais et médiocrement continus de Calcaire grenu siliceux (?) et