
se mettent en rapport avec celles de ses fleurs et en suivent harmonieusement
les dégradations. Une autre espèce du même genre croît mêlée avec.le premier,
Rhododendron pulverulentum N., grand et magnifique arbrisseau à.tiges
n o u e u s e s et tortueuses, à éeorce rougeâtre presque lisse, dont les grandes
feuilles ovales , du vert le plus riche en dessus, sont couvertes en dessous
d’un duvet poudreux jaune fauve. Ses fleurs, en ombelles arrondies, aussi
orandes que celles du Rhododendron arboreum, ne sont pas moins variables
dans leurs feintes ; toutes d’un ton bleuâtre ; leur consistance est plus charnue
leur texture plus délicate, et leur saveur douce et sucrée, tandis que
celle des fleurs du Rhododendron arboreum est très-acide.
La végétation est ici très-différente de celle qu’on trouve sur les sommets de
Mossouri et de Landaor. Le Quercos castanoïdes et XAzalea arbórea n'accompagnent
pas si haut le Rhododendron arboreum, et c'est à des arbres étrangers
à ces lieux qu’il est ici mêlé : Taxus nepalensis, Qiiercus diversifolia, Abies
complanata. Il ne dépasse guère lui-même cette limite, et il ne l’atteint pas avec
les grandes proportions qui le distinguent surtout entre i8 o om et 2400® .de
hauteur.
On redescend de là le long de pentes rapides, sur des feuillets mobiles de
Schiste glissant, au bord du torrent, que l’on traverse cette fois sur un pont de
neiges. Là où l’inclinaison des pentes en accumule ainsi pendant l’hiver de
plus grandes quantités, elles se défendent longtemps par leur masse contre les
chalëurs de l’été. Au-dessus de ce point, le cours de la Jumna n’est plus
qu’une succession de cascades qui tombent d’une faible hauteur les unes
au-dessus des autres. Le sentier continue à s’élever , soit sur la pente adoucie
des escarpements vers leur basé, soit dans le lit même du torrent ou sur
ses bords , franchissant les larges quartiers de roches dont il est encombré.
Les neiges deviennent successivement plus fréquentes, et bientôt ce n’est
plus que là où il forme des cascades plus élevées, qu’on aperçoit ses eaux.
Ailleurs, elles coulent sous les neiges q u i, obstruant le fond du vallon,
offrent une voie large: et .commode. L ’épaisseur de ces neiges est de plus
de 12m en certains lieux. J’ignore si l’été les fond entièrement. Dans les
Alpes, à une élévation bien moindre, elles formeraient un glacier.
Un bois'de Daphne nervosa, qui commence à se dégager de dessous ces
neiges, fleurit déjà. Ses fleurs sont très-parfumées; mais si on les touche,
elles exhalent, comme toutes les parties de la plante, une odeur fétide. Ce
grand arbrisseau forme une haie épaisse et continue le long de cette miniature
de glacier.
Quelques grands rochers qui surplombent, servent d’abri à ceux que le
mauvais temps surprend dans ces lieux sauvages.Tls pourraient servir de point
de déparUaux voyageurs désireux de s’élever à une grande hauteur sur les cimes.
Là, tous mes gens laissèrent leurs souliers. Je m’attendais à quelque passage
difficile; mais le chemin désormais devait continuer d’être excellent, la neige offrant
une voie non interrompue. C’était par respect pour la sainteté du lieu dont
nous approchions que cette cérémonie avait été*êxécutée par tous les Hindous.
J étais seul resté chaussé, ainsi qu’un.de mes domestiques musulman.
Averti de la proximité de Jumnoutri, je cherchais vers le sommet tortueux
du vallon quelque immense glacier d’où sortît le fleuve en cascade, quand
je vis mes gens se prosterner tous à la fois et ne , se relever qu’en multi-
plianljes salams à 1 infini. Je m’ayançai du côté vers lequel ils regardaient,
et j aperçus à 1 instant un léger nuage de vapeur s’élever le long de roches
d’où dégouttaient des eaux chaudes; c’était sur les bords mêmes de
la Jumna, découverte ici de ses neiges) sans doute par le voisinage dé'ce
foyer de chaleur. J étais à Jumnoutri, à ce que les Hindous appellent la source
de la Jumna. Toute la bande se déshabilla aussitôt, et, avec mille grimaces où
la chaleur presque brûlante de l’eau n’avait pas moins de part que la dévotion
séchauda sous cette faible douche. Ceux qui savaient quelqués prières les
récitèrent ; e t , après 1 ablution, mon Havildar gorkha et quelqués autres à
moitié nus coururent plusieurs fois en rond sür la neige voisine. -
Je trouvai approximativement 3 i 8 zm ( io 436p: aJ pour l'élévation absolue
de ces sources.
Cependant, o’est à 6“ ou 8“ au-dessus que jaillit, du pied même dés; escarpements,
la petite fontaine thermale dont on voit les eaux s’égoutter d'abord
par infiltration au-dessus du talus de sable et de roches brisées sur lesquelles
elles se répandent.
Les montagnes sont ici composées de bancs épais de Quartz compacte blanc,
inclinés au nord de 3o° à 40” , selon la direction de la vallée. Elles s’élèvent
presqu à pic. Çà et là , quelques débris accumulés au pied dé leurs escarpements“,
forment entre ceux-ci et le bord du torrent une sorte de talus. C’est
de ce talus que s égouttent les eaux chaudes sur la rive, gauche çle la Jumna.
Elles y déposent une incrustation calcaire, mélangée de Fer et de Silice- J’y
ai vu aussi des efflorescences salines dont la saveur amère dénote la Soude
ou la Magnésie melée au Sel marin. Le goût de l ’eau elle - même est désagréable
comme celui des eaux très-ferrugineuses..
Du pied des escarpements, l’eau s’échappe de diverses manières. Elle monte ,
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