
Leur stratification est très-obscure et fort désordonnée, quand elle est déter-
minable. A peu de distance de Pangui, j ’ai relevé leur direction au N .E .'e t
leur inclinaison au S .E . de 3o°. Vers les cimes où je me suis élevé jusqu’à
environ 38oo", ces roches m’ont paru plutôt horizontales. Enfin, plus à l’E s t,
vers Rarang, elles sont assez généralement dirigées au N ., et faiblement inclinées
à l’E . de 12°. Elles ne se montrent nulle part sur une étendue considérable,
sans être accompagnées de Gneiss et de Granités qui en diffèrent spécialement
par la grande proportion de Feldspath qu’ils contiennent et la couleur
blanche qu’ils lui doivent. C’est le Quartz au contraire qui semble dominer
dans les roches schisteuses. Leur association se fait suivant des modes
divers : ce sont des veines ou des filons granitiques égarés dans la masse des
Gneiss quartzeux, noirâtres, grenus; ou bien le Granité alterne avec eux en
couches mal formées, ce qui n’est que l'agrandissement des veines qu’il y forme
ailleurs. Il s y trouve aussi en amas amorphes, et l’extension de ce gisement
produit çà et là des masses granitiques si considérables, que des montagnes
entières en sont formées.
Ces Granités n ont proprement aucune stratification, mais les veines de
Gneiss noirâtre qui y courent ont entre elles une sorte de parallélisme, et
elles sont Je plus habituellement horizontales. L’opposition de couleur des deux
roches les fait reconnaître et permet de distinguer leurs associations répétées
jusquà une grande distance; et aussi loin que la vue peut s'étendre, on les
voit se pénétrer l’nne l’autre de la même façon.
C est dans le mélange de ces deux roches qu’est creusée la profonde vallée
du torrent qui tombe dans le Setludje entre Pangui et Rarang. Parmi les'
blocs qu il roule dans son cours se voient des Granités veinés, à grands
cristaux, semblables à ceux qui descendent dans le torrent de Pangui. Je
les ai retrouvés en place à peu de distance, dans une partie des montagnes
formées de Granité presque sans mélange de Gneiss. ‘
Les torrents n’apportent pas seuls les débris des plus hautes montagnes.
Telle est généralement 1 inclinaison de leurs pentes, que les éboulements sont
communs. Entre le torrentdont je viens de parler et Rarang, on trouve un
éboulement de Granité d’une largeur considérable.
Entre Rarang et Zongui, je ne me suis pas élevé, comme entre Pangui et
Rarang, à plus de iooo“ au-dessus du chemin; mais des éboulements plus
nombreux encore mont fait voir tous les produits minéralogiques des cimes.
Les roches noirâtres et veinées (Gneiss G. h. 189 et G. h. 190), si communes
dans 1 espace que j ai parcouru entre Pangui et Rarang, ne sont pas moins
abondantes. Le Feldspath semble y disparaître entièrement. Leur couleur est
plus sombre, comme si elles étaient carburéés. Elles sont plus schisteuses. Au
contraire, les roches■ feldspathiques qui leur sont associées sont plus généralement
granitoïdes; leur opposition est encore bien plus tranchée. Du
reste, elles s’enclavent les unes dans les autres, de la même manière exactement
, en veines, en filons, en amas amorphes et en couches mal formées.
Le Feldspath abonde d’autant plus dans les roches granitoïdes, qu’elles
forment des veines plus minces ou des amas plus limités dans les roches
quartzeuses. La Tourmaline est commune dans ces masses feldspathiques, et
le Grenat n y est pas rare; mais je n’ai retrouvé, entre Pangui et Zongui, le
Disthène que fort rarement et dans des fragments déplacés. Malgré cette circonstance
et le désordre de la stratification du terrain, il est évidemment continu
avec celui que j ’ai décrit précédemment, depuis Kotgurh jusqu’à Tchini.
Autour de Zongui, les roches quartzeuses, 'schisteuses ou tabulaires, par
I accumulation du Mica ( en paillettes noirâtres allongées ) passent, soit graduellement,
soit brusquement, à des Micaschistes bien caractérisés, mais dont
les éléments sont excessivement divisés , et où le Mica a une’ teinte dorée
qu'il n’avait pas montrée jusque-là sur cette rive du Setludje. Ces diverses
variétés de roches schisteuses alternent' ensemble, soit par grandes masses
aplaties en couches, soit par amas amorphes.
Le Grenat (?) et le Disthène se montrent dans ces Micaschistes en très-
grands cristaux fort imparfaits, et dont la place a peut-être été remplie
quelquefois par une autre substance, comme du Quartz; ou plutôt c’est un
mélange de la substance du Quartz avec celle du Disthène, ou du Quartz
avec le Grenat. Le Mica de la roche pénètre les cristaux, en sorte que je
pense que la substance qui les constitue essentiellement et qui détermine leur
forme géométrique, est peut-être aussi fondue en petite quantité dans la
pâte de la roche.
Le Granité continue à se montrer associé à des Micaschistes, comme aux
roches de Quartz micacé qui sont si abondantes entre Tchini et Zongui.
II y forme soit d’épaisses veines, soit des amas immenses qui constituent
presque des montagnes entières.
Les éléments de ces Micaschistes deviennent souvent d’une telle ténuité,
qu il est alors presque impossible de les distinguer. La roche en même temps
devient plus tendre, elle cesse de montrer aucune trace de stratification régulière
; ce n est plus un Micaschiste, c’est un Schiste argileux micacé, le même
qui domine à Simla , et qui ne parait guère dans l’Himalaya, du moins avec un
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