
draperie qui couvre leur ceinture et leurs cuisses. Or, le climat du Thibet est
trop rigoureux pour que les hommes y aient jamais porté un semblable vêtement
; des dieux qui seraient entièrement de leur façon seraient plus chaudement
vêtus. Il est donc évident que c’est de l’Inde, alors qu’elle était bouddhiste
comme le Thibet, qu’est venue cette tradition des modes divines.
Un de mes domestiques, Bengali de Dinapour, qui m’avait suivi dans ce
temple, crut s’y reconnaître, et imita machinalement les mouvements des
Lamas. Il fit après eux le tour de la salle, en touchant des doigs le piédestal
poudreux de chacune des idoles , et posant ensuite la main sur sa tête. Tous
mes montagnards hindous reconnaissent ces dieux-là pour dés dieux hindous,
quoiqu’il y ait autour d’eux des Lamas au lieu de Brahmanes pour les servir.
Mais mes gens sont déjà loin d'être orthodoxes; leurs Brahmanes, je l’ai vu,
car il y en a plusieurs parmi eux, mangent la chair de divers animaux, notamment
de la chair de chèvre, ce qui ferait perdre sa caste à un Brahmane de
l’Hindoustan.
Les Lamas de Tabho mangent la chair du y âk , mais non celle du boeuf. Le
yàk lui-même est interdit par le Rajah de Bissahir à ses sujets tartares du haut
Kanawer et d’Hangarang.
De Tabbo à ce village, Paukh, je ne pense pas qu’il y ait plus de 4 à 5
milles (i I à i rl.) ; mais le long des escarpements du terrain diluvial, le chemin
est souvent difficile. Le Spiti, dans cet intervalle, ne reçoit aucun affluent
qui ne soit aisément guéable. Le Thonschiefer domine avec le Quart/. grenu
dans la composition des montagnes, où les couches calcaires sont assez rares.
Près de Paukh, on voit, vers la hase des montagnes, intercalée à des bancs
quartzeux bien stratifiés, une assise énorme de Grunstein. Au-dessus, reparaît
le Thonschiefer. Parmi les roches déplacées qui couvrent maintes parties
du vallon, j ’ai commencé à en observer de coquillières. Ce sont des Calcaires
très-quartzeux (sableux ?). Le mode de dégradation du terrain diluvial est très-
bizarre (Pl.L). Il forme tantôt des escarpements verticaux qui portent de petits
plateaux bien nivelés, surmontés eux-mêmes d’escarpements semblables. A coté'
de ces plans et de ces lignes droites, on le voit se décomposer en hautes tours
coniques, qui se touchent par leur base. Ces- tours semblent adossées à des
remparts qui fuient légèrement derrière elles, et en portent de plus petites.
Peu de neige en général sur la cime des montagnes.
Paukh est un joli village d’une quinzaine de maisons au moins, serrées les
unes contre les autres à la base des montagnes. Elles sont entièrement bâties
de briques séchées simplement au soleil et blanchies à l’extérieur. Les cultures
dans la vallée sont plus étendues, et paraissent beaucoup plus riches que
celles de Lari. Elles sont ombragées d’une quantité de Saules et de Peupliers.
Il y a aussi plusieurs Genévriers ( Juniperus arborea) d’une grande
taille. On fait la moisson qui se rentre à dos d’âne, et les moissonneurs, pour
la première fois, paraissent joyeux.
Je ne rencontrai aucune opposition de la part des villageois, et aucune difficulté
pour me procurer des vivres, mais à un prix encore très-élevé.
Le 3 septembre i83o. — A Daukhar, 10 mil. ( 3 L ) à l’O .N .O . de Paukh.
Le cours du Spiti est plus sinueux au-dessus de Paukh : en remontant le
long de ses bords, on marche d’abord à l’O .S .O . pendant i mil. (§ 1.), ensuite
a u .N .O . ou O .N .O . , et par intervalles même au N .N .O . Entre le flanc des
montagnes et le lit du torrent, s’ouvre généralement un large vallon plat,
élevé de 4o” à 6om au-dessus des eaux du Spiti, comme celui sur lequel sont
situés Lari et Paukh. Mais le terrain diluvial s’élève bien plus haut et flanque
les pentes des montagnes de tours ou d’obélisques aigus, empilés les uns suites
autres jusqu’à plus de,3oo". Les montagnes sont formées de couches généralement
peu inclinées de Quartz grenu brunâtre. Les vallons latéraux paraissent
dus presque tous à un affaissement du terrain. Malgré la prédominance
des couches quartzeuses, les retours du Thonschiefer sont fréquents; il enferme
des bancs subordonnés de Çalcaire noir compacte.
Aucun affluent considérable ne descend des montagnes qui bordent la rive
gauche du Spiti; mais à 2 Ou 3 mil. ou f L) au-dessus de Paukh, sur la rive
opposée, on voit une multitude de sources énormes qui sortent abruptement
les unes près des autres, de la pente moyenne et inférieure des montagnes. A la
faveur de 1 humidité perpétuelle du sol dans leur voisinage, un petit bois de
Genévriers verdit alentour.
A Paukh, il y a un djhoula semblable à celui de Taschigong. Il établit une
communication constante entre ce village et un hameau situé en face, pareillement
au-dessus du Spiti. Un sentier tracé de ce hameau à un village considérable
situé sur la meme rive, en face deDankhar, ne monte qu’occasionnellement
au-dessus du vallon alluvial.
A 1 mille (41.) au-dessous de Dankhar, la configuration de la vallée change
tout à fait ; le terrain diluvial a été entièrement emporté dans son fond ;
et quoiqu’elle soit assez large, le Spiti, divisé en une multitude de bras peu
profonds, que séparent de larges îles de graviers, l’occupe tout entière.
Cest le long des pentes des montagnes, sur les étages rapides du terrain