
naçant; d'épaisses vapeurs continuèrent de s’élever du fond de la vallée ët du'
sein des forêts; la nuit fut très-humide, mais non pluvieuse. Il faisait assez
beau le matin, quand je me remis en route avec mon équipage tout trempé.
Mes gens avec le lourd bagage rétrogradèrent un.peu pour passer la Jumna’
sur un arbre bien assuré ; ceux qui me suivent, à peine chargés,- se souciaient
peu du pont branlant dont on nous menaçait au village, si nous voulions passer
la Jumna plus haut. Le talus du plateau de Tahnao, au-dessus de la ravine
où coule la Jumna, est fort roide ; le long de son éboulement la descente
est pénible.
Nous suivîmes les bords escarpés du torrent, tantôt montant au-dessus des
larges quartiers de rochers qui s’avancent dans son lit , ou qu’il y a entraînés/«
tantôt descendant souvent au niveau de ses eaux. Après une heure de marche,
nous arrivâmes près, du pont en question. Il est. en efïet impraticable a des
hommes chargés; à v id e , il n’offre aucune difficulté, ni aucun danger.
Les pentes des montagnes sont plus roides, leurs sommets boisés de part
et d’autre paraissent plus élevés, les aspects sont plus sauvages quen face
du vallon du Birréka. Malgré leur extrême inclinaison, la plupart des pentes
moyennes, actuellement couvertes-de forêts de Pins ( Pinus longifolia), çà et là-
mêlées de Cèdres (Pinus deodctr) , ont ete jadis cultivées; elles sélevent en
gradins encore mal effacés.
Les premiers Rhododendron sont immédiatement au-dessus, à i 5a i “
(•4991 *•*•.); ils dominent dans la forêt. Peu de Chênes. L'Andromeda ne
manque point.
Je trouvai dans ces bois quelques arbres nouveaux : l’Abricotier sauvage,
dont la taille dépasse celle des variétés que nous cultivons; ses feuilles sont
plus petites et plus molles; ses fruits, encore très-jeunes, paraissent devoir
rester fort petits■: un Érable, fort beau, qui n’est pas encore fleuri, semblable
au Pseudo-Platanus par le port et la découpure de ses feuilles : enfin une superbe-
espèce de Pivoine (Pæonia), qui n’est point décrite dans le Prôdrome de
De Candolle.
Kôtneur est un assez gros village; il consiste en une douzaine de maisons
construites comme celles de Nagouânne etde Tahnao. Il est situé à 1 embouchure
d’un vallon sauvage, qui entre à angle droit dans celui de la Jumna. Le
torrent qui le sillonne, coule à environ 45“ au-dessous du village, dont le
domaine, couvert de belles moissons d’orge (HordeUm hexastichon) et de
blé, s’étend à l’entour, sur le gradin inférieur des montagnes. C’est presque
toujours ainsi au confluent de deux torrents, plus souvent au-dessus, quelquefois
au-dessous, comme ic i, que sont situés les villages dignes du nom
de hameaux. Ailleurs, ce qu’on appelle de ce nom, n’est ordinairement qu’une
chaumière , quelquefois un groupe de deux. Le croquis Pl. X X V I II indique
cette disposition.
Le torrent de Kôtneur n’est point guéable; mais un arbre jeté d’un bord à
l’autre les joint aisément. Le fracas de l'eau qui se précipite sous cette arche
étroite en rend le passage assez désagréable. Il y a huit ans, quand je voyageais
dans les Alpes, j ’ignorais ce que cest que le vertige; et je m’y sens faiblement
sujet a présent. Il n’y. a ni volonté à exercer, ni habitude à acquérir contre ce
vice de nature. C’est une faiblesse presque toujours incurable. Je ne sais si l'on
a remarqué que les gens du peupley sont rarement sujets; un moindre développement
de la sensibilité nerveuse, chez eux, en est sans doute la cause.Mes domestiques
de la plaine, qui n ’avaient jamais vu de montagnes Avant celles-ci y
marchent d’un pied plus sûr que moi.
La vallée du Buddiar est creusée, à son entrée, dans les, roches schisteuses,
verdâtres, talqueuses, qui dominent dans la composition des montagnes
qui séparent, à;ce niveau, la vallée du Gange de celle de la Jumna. Les fragments
anguleux de roches, qu’on trouve épars sur le plateau alluvial de Tahnao
appartiennent tous à ce Schiste ou à ses couches endurcies, ou au Quartz
qui y est si abondamment répandu. Ils sont descendus là des montâmes
contre les pentes inférieures desquelles se sont accumulées jadis lés masàel
énormes de conglomérat, déposées d'abord par la Jumna, puis emportées de
nouveau par elle presque partout. Là où elle, a détruit entièrement-cequ’elle
avaitformé à une époque antérieure, on trouve découvertes ces mêmes roches
talqueuses schistoïdes, affleurant les pentes des montagnes, depuis leurs sommets
jusqu au fond de la vallée. En montant vers Kôtneur , on voit la composition
uniforme du terrain se compliquer de termes nouveaux qui ne s’y étaient
pas encore montrés, du moins sur la ligne assez flexueuse de ma route.
Un peu au-dessus de Tahnao, mais dans le fond du vallon, des masses
énormes d’une roche compacte, brun-noirâtre, excessivement tenace hors des
plans naturels de division, selon lesquels elle se partage aisément en blocs
polyédriques, sortent de dessous les anciennes alluvions de la Jumna ; réduites ici
à une mince épaisseur, ces roches se prolongent sur une longueur assez considérable
jusqu’à la rencontre des schistes talqueux dans la masse desquels
elles sont enclavées. Leurs rapports de gisement avec ces Schistes sont obscurs
Je-ne saurais dire si elles y forment „neicouche ou un filon gigantesque. Le
Schiste près, d’elles semble participer .à leur nature, et sa stratification est mél