
les montagnes qui bloquent étroitement de toute part l’entonnoir au fond duquel
elle est bâtie, empêchant le rayonnement nocturne.
Les habitants subsistent par le trafic ; Rampour est le marché où les Kana-
weris et les Tartares de Ladack viennent s’approvisionner des denrées de l’Inde,
de grains, de sucre, de fer. Ils y apportent en échange, des amandes de Pin
neoza, des raisins secs, des couvertures, des châles grossiers et surtout de la
laine de cachemir, appelée Bianggui ; une partie de cette laine est filée et tissée
à Rampour même. On en fait des châles blancs sans bordure, à tissu croisé,
de la même grandeur que les châles de cachemir; ils coûtent environ 4© à 5o
francs. Le’reste descend dans l’Inde. Soubhatou est, à ma connaissance, le seul
lieu où l’on travaille cette laine , et où l’on en fait les ouvrages qui ressemblent
le plus aux Châles de cachemir. Pendant ces dernières années, le gouvernement
achetait à Rampour d’assez grandes quantités de Bianggui qu’il vendait en Angleterre.
Il vient de renoncer définitivement à cette spéculation qui lui était
onéreuse. Une livre de Bianggui coûte ici une roupie (a*, 5o); mais il est mêlé
de jarre, qu’il en faut séparer à la main, besogne minutieuse qui exige beaucoup
de temps et cause un notable déchet. J’ignore le prix de la livre affinée. L’affinage
se fait toujours par le fileur, et imparfaitement ici : il y avait du jarre dans
tous les châles que l’on m’a fait voir et je n’en ai jamais aperçu dans les cache-
mirs les plus communs.
Le Setludje, à Rampour, a 8om de largeur environ. On le traverse à l ’aide
d’un Djoüla, câble unique tendu d’un bord à l’autre, que les eaux , très-hautes
en cette saison, affleurent presque. Une pièce de bois formée en anneau est passée
autour de ce câble ; les voyageurs y suspendent leur bagage et s’y attachent
eux-mêmes : on les tire du bord opposé pour les y amener. Si le câble rompt,
ils sont perdus sans ressource.
Voilà les seuls moyens pour traverser cette rivière dans toute la partie inférieure
de son cours dans les montagnes ; et. encore sont-ils fort rares, éloignés
les uns des autres, moyennement je pense, de 6 jours de marche.
Le 6 juillet i 83o ;— de Rampour a Gaoura. — Gaoura n’est qu’un très-petit
hameau, sorte de pied-à-terre, où le Rajah s’arrête dans ses voyages de Ram-
peur à Sourann, sa résidence d’été; il y possède une petite maison des plus
simples. Dans la même enceinte de murailles ( murailles en pierres sèches,
hautes de om, 5 à im, o) est un temple de forme mitrale, solidement construit
et du même style; qu a Rampour. Ce serait à peine en Europe une chapelle
de village.
Gaoura est élevé d’environ üooo“ , et par conséquent de iooom à peu près
au-dessus de Rampour. Le chemin, d’abord assez uni, est fort peu élevé au-dessus
du Setludje. Il monte à la rencontre du premier vallon latéral sur les pentes
de sa rive gauche. Cest vers son sommet que l’on traverse le ruisseau qui y
coule. Une pente assez douce conduit de là à Gaoura, au milieu de petites rizières
inondées. Les montagnes s’abaissent doucement vers le lit du Setludje,
et sont richement entremêlées de bouquets de bois; ( Quereus castanoïdes,
Rhododendron, Andromeda, Pinus attenuata , Pinus longifolia ) , de vergers
de Mûriers, d Abricotiers et de Poiriërs, et de cultures diverses. Deux plantes
potagères, lune un Amaranthus, l’autre un Chenopodium vraisemblablement,
sont cultivées fort en grand; on mange leurs feuilles cuites; celleFde l’Ama-
ranthe ont exactement le goût des épinards. Le Bananier, qui au-dessous de Kotgurh,
se voit sur les pentes des montagnes, à aoo“ ou 3oom au-dessus du fond de
la vallée, ne s en éloigné pas ici. C’est à Rampour que j ’ai vu les derniers, et,
quoiqu ils semblent y croître sans beaucoup de soins, ils n’y sont pas communs ;
leurs fruits mûrissent mal sur la plante; quand le régime a atteint sur elle le
degré de maturité que le cours naturel de sa végétation peut lui donner, on le
coupe et on le suspend dans un lieu chaud et sec; les bananes brunissent et se
blétissent légèrement; mais, en devenant fondantes et sucrées, elles ne perdent
cependant pas le parfum qui leur est propre.
L Euphorhia sourou monte peu au-dessus des bords de la rivière. Une autre
plante également commune dans la vallée, et que j ’ai omis de citer jusqu’ici,
VEchinophora inermis, ainsi que le Dalbergia sissoo et le Rottlera (B. m a ) ,
y sont absolument confinés.
Le 7 juillet i 83o — de Gaoura a'Sourann, et séjour le 8. — Le chemin est généralement
éloigné de i ou 3 milles (\ ou f 1 .*) Idu Setludje, afin de traverser
plus près de leur source ses affluents, de même qu’entre Rampour et Gaoura.
Il y a cependant un torrent dans la vallée duquel il faut descendre très-profondément.
Ces affluents coulent entre des montagnes fort roides, formées
de roches tendres et schisteuses, micacées ou talqueuses ; leurs pentes, malgré leur
forte inclinaison, fréquemment couvertes de débris toujours prêts à céder sous
le moindre effort, sont difficilement praticables pour des Ghountes; ils y passent,
mais s y perdent quelquefois. Les pluies solsticiales, les gelées de l’hi- i
v er , et la négligence du Rajah , auront bientôt fait et laissé disparaître le
chemin construit il y a une dizaine d’annéies par le gouvernement anglais.
La croupe de montagnes sur laquelle est situé Sourann, s’abaisse doucement
vers le lit du Setludje, comme celle de Gaoura, et est pareillement cultivée.
La culture du riz s’y élève jusqu’un peu au-dessus dp 2ooom; les sommets sont
v2Ô.