
roide au-dessus des bords du Spiti. Je traversai ensuite le torrent sur un mauvais
sanga, un peu au-dessus du village.
Lio et son territoire sont élevés de quelques mètres seulement au-dessus du
Spiti, à l’embouchure d’un torrent assez considérable. Il doit à la configuration
des montagnes d’alentour des étés assez chauds pour mûrir deux récoltes :
la première de céréales, Orge et Blé; la seconde Ae Panicum miliaceum, ou
plus généralement de Poligonum tatancum ( Paphoeur) , ou fagopyrum. L'un
et l’autre sont en pleine floraison et promettent une magnifique récolte. Les
champs ne sont qu'une forêt de superbes Abricotiers. Le village est serré sur
un mamelon de roches au bord du torrent. Son domaine, de beaucoup le
plus riche d’Hangarang, serait des plus pittoresques en Kanawer.
Entre Change et Lio , on trouve le Granité disthénique, alternant avec du
Quartz micacé ou du Quartz grenu généralement hlanc. Les contournements,
non de la stratification, car il n’y en a réellement aucune, mais de la
coloration des roches en grand, sur la coupe escarpée d’une montagne, par
exemple, sont plus considérables que partout ailleurs en Kanawer. Le Feldspath
blanc et le Quartz blanc grenu forment des rubans sinueux, plissés en zigzags,
qui se croisent en tous sens et courent du sommet des montagnes à leur base
plus de 8oom), Pl. LUI. Souvent un grand nombre de ces rubans, distincts par
leur couleur blanche éclatante, se déroulent parallèlement les uns aux autres,
affectant une direction oblique ou verticale; et dans ce qu’on pourrait appeler
la pâte de la montagne, on voit d’autres bandes diversement colorées, dun
»ris plus foncé sur un fond plus clair, droites ou arquées, mais parallèles aussi,
croiser la direction des rubans quartzeux ou feldspathiques, sous une multitude
d’angles divers. Ailleurs, il résulte de cette complication, des marbrures semblables
à celles du papier marbré. Il n’y a ni Grunsteins bien caractérisés, ni
Anhydrites, ni Calcaires dans les montagnes si contournées.
Le 14 septembre i83o. — A Hango.
Je gravis d’abord, par des pentes fort roides, à 800" au-dessus de la vallée
du Spiti; leur inclinaison, en cas de chute, équivaudrait à des escarpements.
De là, par un sentier assez Uni, je marchai jusqu’à la rencontre de la vallée
de Hangarang. Elle est creusée en un large berceau, exactement comme celle
qui descend au N .E . du col de Rounang vers Soungnum. Entièrement dépourvue
d’arbres, elle n’offre cependant que peu de parties privées absolument
de végétation, et son aspect est presque v e r t, comparé à l’affreuse stérilité de
la vallée du Spiti. Un médiocre torrent coùle dans sa partie inférieure, qui
naît de deux ruisseaux descendant tous deux de gorges latérales. L ’un arrose
le territoire de Tchoulling, l’autre celui de Hango, villages qui paraissent
aussi considérables que ceux du Spiti en général. Ils sont également habités
exclusivement par des Dzaâds.
Hango est élevé de plus de 1 i , 5oop-*' ( 35o5m). Il n’y a pas d'Abricotiers. Le
Saule et le Peuplier (Populus cordfolia) sont les seuls arbres que j’aie vus. Il
y a un temple de grand renom, mais fort misérable auprès de celui de Tabbo.
Ses murailles sont aussi peintes à fresque, et la même figure de Bouddha,
accroupie, y est presque exclusivement répétée ; cependant il y a aussi quelques
représentations de combats entre des diables montés sur des animaux fantastiques
; le tout exécuté d’une façon qui ne fait aucun honneur à l’artiste, quoique
Herbert disç le contraire. Les fresques de Békoeur et de Tabbo sont des
chefs-d’oeuvre auprès de ce barbouillage.
L ’idole est une statue d’argile peinte, selon la coutume, Pl. XXXXII. Je l’ai
dessinée très-fidèlement. Le personnage principal de ce groupe paraît le même
que celui appelé Tehau, à Tabbo, Pl. XX XIX. Il porte un diadème de
têtes de morts. C’est, selon M. Csoma de Kô rôs, le défenseur de la foi. Au reste,
il est représenté masqué. La figure de femme qui l’embrasse (si elle ne fait
mieux) est-aussi masquée, et porte pareillement un diadème de crânes
humains.
Quelques magots en cuivre sont placés sur les degrés du piédestal de çe
groupe, et devant eux on allume tous les soirs une petite lampe, et l’on offre
dans de petits vases de cuivre, du riz et de l’orge.
Les Thibétains se gênent fort peu pour leurs dieux. Tout le monde peut
entrer dans leurs temples sans se déchausser. Mes gens couchèrent dans
celui de Hango.
Le Moukiar me dit que l’idole avait été faite à Hango même, il y a fort
longtemps; mais il est probable que les Lamas ont une tradition plus merveilleuse
sur son origine. Ceux-ci vivent dans un monastère à quelque distance
du village. Leur chef est un des frères du vizir Mostranme, de Soungnum.
Hier, quelques gouttes de pluie tombèrent vers 5 heures. Aujourd’hui, le
ciel a été couvert presque constamment. Les nuages envahissent les vallées,
et se résolvent, par intervalles, en une pluie fine et très-froide.
Les gens du village m’amenèrent un malade à examiner : c’était un homme
de 3o ans ; il portait sur le côté droit, mais un peu en arrière, une tumeur
mamelonneuse de là grosseur de la tête, d’un rouge livide, et suppurant de