
Comme elles présenteraient la même disposition dans une coupe transversale
de la vallée du Spiti, on peut hasarder la conjecture que ces deux grandes
vallées ont été formées pareillement par un écartement, une rupture des couches
de ce terrain, soulevé inégalement et davantage sur la ligne de son cours.
Au contraire, les ondulations du plateau si élevé de Ghuyoumoeul, les faibles
vallons dont il est sillonné, correspondent à une courbure inverse des strates.
Ce ne sont que des ébauches de vallons : elles peuvent avoir été creusées dès
leur origine comme elles le sont aujourdhui, par des affaissements locaux.
La fig. 2, Pl. LU , montre le relèvement des couches du terrain coquillier,
vers la vallée du Spiti. Elles sont sensiblement horizontales dans le corps de
la montagne et découpées à son sommet en forme de tours que j ai décrite;
on voit s’y répéter, à diverses hauteurs, le Schiste à Ammonites.
Autour de ces vallons, semblables par leur position à celui où 1 on voit
dans cette fig. 2, Pl. LU , de si grandes masses découvertes de Schiste à Ammonites
, les couches du terrain s’abaissent de toutes parts vers leur centre.
Une coupe rectangulaire sur celle-ci, faite parallèlement à la vallée du Spiti
et transversalement à celle du Laloungtcho, montrerait également les couches
calcaires s’inclinant vers le bassin où se voit à découvert la masse inférieure
du Schiste à Ammonites.
J’ignore jusqu’où s’étend ce terrain, mais c’est de ses débris qu’est rempli
le sol de transport de la vallée du Spiti et de celle du Laloungtcho ; et quoique
je n’aie pu passer ni sur la rive droite du premier, ni sur la rive gauche
du second, j ’ai reconnu avec facilité ses couches sur l’une et l’autre, lorsqu’il
constituait les montagnes de la rive opposée.
Les matériaux du sol de transport varient légèrement, selon qu’on l’examine
plus haut ou plus* bas dans la vallée. Il y a des fragments de roches
granitiques, mais ils sont excessivement rares. Je remarque que les débris,
dont il se compose, participent toujours plus ou moins de la nature des
roches d’alentour. A insi, au-dessous de Paukh, les blocs et les galets de Quartz
compacte, semblable à celui des couches du terrain en ces lieux, y abondent
: plus haut, là où l’on commence à voir en place les Calcaires du
terrain coquillier, c’est le Calcaire dont les débris dominent dans le sol de
transport : autour de Dankhar, ils n’admettent pour ainsi dire aucun mélange y
et telle est souvent leur union, qu’on y prendrait facilement ce sol pour un
terrain ancien de Calcaire compacte pseudo-fragmentaire; méprise très-grande
qu’a commise M. Gérard.
Il est des parties du sol de transport composées d’alluvions d’une grande
finesse, et qui, comme autour de Khaub, dans la vallée du Setludje, ne
renferment pas le plus petit caillou sur de grandes étendues. Mais, en général
, le dépôt de transport est grossier; et les galets et les blocs qu’il empâte sont
disposés assez régulièrement en lits. Ailleurs, ce dépôt n’est qu’un entassement
tumultueux de fragments de toute grandeur, dont les interstices ne sont
qu’imparfaitement remplis de limon. Il est donc évident qu’ici , il s’est déposé
plus lentement ; là , au contraire, avec une précipitation furieuse.
J’ai cherché à découvrir si, par la disposition et la nature des blocs qui s’y
trouvent renfermés , on ne pourrait pas distinguer plusieurs formations dans les
couches du dépôt de transport. Il me semble résulter des observations, que, dans
la série de ses accroissements, il n’a éprouvé aucune dégradation. Ainsi donc,
si ses accroissements n’ont pas été continus, leurs périodes diverses de formation
n’ont été séparées du moins par aucune révolution du globe.
L'Ophiolithe (?) au-dessous de Paukh, et le Poudingue quartzeux, que j ’ai
vu en place à l’embouchure du Laloungtcho , sont plus communs parmi les
blocs du terrain de transport, que ne semble le comporter le gissement circonscrit
de l’une et l’autre de ces roches. Il est probable que vers le sommet
de la vallée du Laloungtcho, il y a des masses puissantes de Poudingue à
découvert.
En descendant de Chango à Lio, sur les bords et sur la rive droite du S p iti,
le terrain de Schiste argileux, Ophiolithe, Calcaire et Anhydrite, passe au terrain
granitique, à la faveur des couches de Quartz communes à l’un et à
l’autre; et «avant que d’arriver à L io , à Lipta déjà (rive gauche du Spiti),
c’est le dernier qui domine. Ici, ses contournements offrent une complication
que nulle part je n’ai observée jusqu’alors ; ils se croisent les uns les autres. La
Planche LUI les représente. On voit d’abord les contournements des couches,
indiqués par des teintes diverses : des blancs ménagés indiquent les veines
immenses de Quartz blanc compacte, qui s’anastomosent de mille façons : enfin,
on voit des zones qui s’étendent en larges courbes au travers de toutes les couches.
Ces bandes si flexueuses indiquent fidèlement et la disposition des couleurs
dans la montagne elle-même, et çonséquemment les axes sinueux autour
desquels se sont exercées, à l’époque de la formation de ces roches, diverses
tendances cristallines.
Il n’y a point de couches réelles, mais seulement des axes flexueux plus ou
moins puissants, parallèlement à chacun desquels se plie un système particulier
de cristallisation. Celle du Quartz, .par exemple, est pliée parallèlement
aux courbures d’un certain axe. Puis on en remarque un autre autour duï
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