
qu’à Mahassou ; il n’y a plus de Sapins, à peine reste-t-il quelques Mélèzes. Le
Chêne ( Quercus castanoïdes) , le Rhododendron et XAzalea excluent presque
entièrement toutes les autres espèces d’arbres. On regrette moins ici leur
prédominance, parce qu’ils forment une forêt bien plus épaisse qu’ils n’ont
coutume de le faire ; elle est ici vraiment digne de ce nom.
Une cinquantaine de petites maisons de pierre et de bois, dispersées sur
les montagnes, occupant plus d’une lieue carrée, et au centre de leur insociable
situation, un village formé d’une seule rue | mais assez longue et bien
bâtie , voilà l’établissement de Simla. Le village est exclusivement habité
par des marchands , et se grossit chaque année à mesure que de nouvelles demeures
s’élèvent alentour pour les Européens : c’est donc un bazar plutôt qu un
village. Des chemins excellents, qu’il a fallu souvent tailler dans le ro c, unissent
les divers quartiers de ce singulier, établissement, où, depuis le mois
d’avril jusqu’à la fin d’octobre, viennent habiter tous les fonctionnaires civils
et militaires du Bengal, assez malades pour y être autorisés par leur médecin,
ou assez en crédit pour obtenir, sans aucun autre prétexte que celui de leur convenance,
un congé de huit mois ou d’un an. Lord Amherstet lord Combermere,
qui y vinrent résider sans excuse de santé, ni d intérêt politique, ont établi
un précédent dont se prévalent maintenant tous ceux que ne gêne pas la dépense
d’un si grand déplacement ; car Simla est exactement l’extrémité N . O .,
la plus reculée; de tout l’empire britannique, A 16 mil. ( 41 -1.) du Setludje
qui forme sa limite.
La première maison y fut bâtie en 1819, par l ’officier qui gouverne en roi
ces provinces lointaines. Magistrat, ju g e , collecteur des taxes et chef militaire
tout à la fois, son tribunal et son quartier général sont établis à Soubha-
lo u , dans une haute vallée parallèle à la direction générale de l’Himalaya ,
comme le Dehra-Dhoon. Quoique de 6oom plus élevé que Délira, la configuration
des montagnes d’alentour fait de Soubhatou un site des plus chauds.
Le capitaine -Kennedy imagina de faire porter ses tentes à dos d hommes sur
les montagnes désertes de Simla, et d’y venir passer la saison des chaleurs,
Là, trouvant le climat délicieux, mais le séjour d'une tente bien humide durant
les pluies , i l commença aussitôt à se bâtir une maison pour l’année suivante.
Les matériaux ne manquaient pas. Les montagnes étaient couvertes de forêts ;
une foule de bancs schisteux affleurent leurs pentes, durcis par leur exposition à
l’air, mais tendres à une petite profondeur. Le bruit de cette nouveauté se répandit
rapidement dans les stations anglaises les plus voisines des montagnes, Loud-
hiana, Kurnal, Delili, Mirout, etc,, etc., et leurs principaux habitants vinrent
camper une première année pour se bâtir une demeure solide. Les établissements
rivaux de'Mossauri et deLandaur, nés en 1824, ont modéré la vitessedes accroissements
debimla : leur proximité relative de Mirout, Saharunpour et. Dehli, fait
préférer leur situation aux habitants de ces villes. lien ooûte moins de temps et
d’argent pour s’y rendre ; mais les frais de-construction y sont dudouble au moins
plus considérables qu a Simla. En définitive.; le séjour deMossouri est moins dispendieux;
et .c.est la raison qui .a décidé le.gouvernement à. y établir son
Sanitanum pour les soldats, européens. Le climat d’ailleurs doit être sensiblement
le même, puisque le niveau moyen des habitations dans l’un et l ’autre
lieu, est. semblable ;. et: s il y a nne légère différencé,.elle doit être à l’avantage
de Simla., .qui est plus avant dans 1 l ’intérieur des montagnes, tandis que Mos-
soun et Landaor couronnent leurs premières crêtes au-dessus des plaines.
Pour l ’agrément du séjour, je ¡ne saurais faire entre l’une et l’autre résidence
aucune comparaison, tant Simla me.semble préférable. Les soldats convalescents
obstruent les sentiers étroits de Mossouri et de Landaor. A Simla,
on ne voit quedes riches '■ tout est lu xe , tout est élégance; c’est une réunion
unique au monde. ;
Elle serait bien agréable et bien romanesque, n’était la froideur et le
prosaïsme anglais, qui la réduisent à .n’être que bizarre et originale par le
contraste du lieu avec le genre de vie que l’on y mène.
Aucune concession n’est faite à, son immense distance de la capitale, et pour
galoper le. matin et 1 le soir sous ces forêts désertes de cèdres et de pins, les
femmes n’en rabattent point d'un ruban dans leur toilette. La même étiquette
préside aux réunions , dont un dîner seul est l’objet- De; s’assembler pour faire
une excursion dans les environs, l’idée n’en vient à personne. Le type des
moeurs anglaises est si fortement imprimé, que les circonstances le.mieux faites
pour leffacer ne l’altèrent,¡ne le modifient,en aucune façon. Nous tenons moins
à nos habitudes, soit, nationales., soit particulières; nous nous soumettons de
meilleure grâce aux ¡exigences des circonstances qui nous en commandent ou
nous en conseillent le sacrifice.:Changement de climat, changement de fortune,
rien ne détermine un Anglais à se départir de ses habitudes : il vivra comme il,
vivait auparavant ; ruiné., il s’endettera plutôt que de se résigner à être pauvre
et à vivre pauvrement. Le trait du caractère national anglais est sans doute exagéré
dans l’Inde par les prétentions de fortune qu'y apporte, en général, le.
plus pauvre Européen. Rien de si commun à Calcutta qu’un appel à la chanté
publique, non pour avoir du pain, mais une voiture. 11 est plus comme
il Jaut, ou plutôt it is less ungenteel d’aller en voiture par souscription, que