
sur un très-jeune animal dune force médiocre : il se laissa presque porter.
Les chevaux mesurent parfaitement le danger. Les plus vifs, les plus indomptés
dans un espace ouvert, dans un lieu sûr, où leurs caprices n’exposent que leurs
cavaliers, deviennent doux comme des moutons dans les passages scabreux.
Ce pont, naturel s’appelle Zongtchum, ce qui me paraît aussi le nom
d’une source thermale qui coule sur la rive droite de la rivière, en face de
Tchangrising. Quant au nom de celle-ci, appelée par Herbert Yangcham,
après bien des informations contradictoires, ce me parait être Tchala-
doppo ou Tchaladop au-dessous du pont, et au-dessus, j/j*- Tchoukour,
ou Chourchiour. Le volume de ce torrent indique que sa source est
éloignée de plusieurs jours de marche. Il coule ici du N .E . au S .O . ; ses
deux rives sont soumises à l’autorité chinoise. Après avoir monté jusqu’au
sommet de pentes granitiques très-rapides qui Rabaissent vers ses bords,
j ’entrai dans une plaine ondulée assez vaste, sans autre végétation que quelques
Rosiers épars. Un autre gradin moins étendu s’élève au-dessus de celui-là,
vers le nord, et porte un hameau chinois appelé Khiri (ou Khili). Le
Thonschiefer avec les couches quartzeuses et calcaires qui lui sont subordonnées
, reparaît ici au-dessus des roches feldspathiques. Le mode particulier
de décomposition auquel sont sujettes les roches de ce terrain, la couleur
sombre des débris éboulés et mobiles dont sont recouvertes les pentes des
montagnes qu’il constitue, la rareté des sources qui s’en échappent, et par suite
l’excessive aridité du sol, donnent au paysage la physionomie la plus désolée.
Je marchai 3 heures au S .O . , O ., e t S .O . , d’abord presque parallèlement
à la route que j ’avais suivie le matin de Tchangrising au pont de Zongtchum,
descendant même un peu davantage vers le sud; de là à 1 0 . S .O . ,
direction dans laquelle je ne tardai pas à distinguer le véritable Spiti qui
descendait de l’O .N .O . ; mais avant que d’arriver sur ses bords, j ’eus à traverser
un large torrent qui coule entre lui et le Yangcham d’Herbert : c’est
le Gumdo. Le volume de ses eaux n’est guère inférieur à celui du Yangcham,
mais le courant moins rapide permet de le passer à gué avec quelque précaution
Je campai sur la rive droite à peu de distance au-dessus de son confluent avec
le Spiti, dans lequel il se jette au lieu où celui-ci change sa direction de
l’E . a u S .E , Le Gumdo descend du nord, 4° ou 5° ouest. Sa source doit
être éloignée. «A 2 journées de marche au-dessus de son confluent , il y a dans
sa vallée un village chinois. Le Spiti, au-dessus du confluent du Gumdo,
n’est pas sensiblement diminué de ce qu’il paraît sous Nako* quoiqu’il ait
de moins la masse d’une dizaine d’affluents dont aucun n’est guéable.
QUATRIÈME PARTIE. 343
Je soupçonne que le Gumdo forme la limite dés possessions chinoises et
de Ladak; mais comme il n y a ici que des déserts sur ses rives, et des
déserts peu accessibles, aucun de mes gens, quoiqu’il ne manque pas de voyageurs
parmi eux , ne put répondre nettement à ma question. Quelques
Frênes rabougris (Fraxinus terebinthus), des Rosiers et des Genévriers
croissent dans l’espace ouvert où je campai; mais les montagnes d’alentour
n’offrent aucune trace de végétation. Le terrain diluvial couvre leurs pentes
jusqu’à plus de 200” . Je n’ai pas vu une plante de Cytisus rubescens depuis Nako.
Le 3 i août i 83o. — Du camp du Gumdo a Lari, en Ladak, et séjour le
i or septembre— Le Spiti, au-dessus de son confluent avec le Gumdo, coule
entre des escarpements de ioom à 200“ , au-dessus desquels fuient des pentes
rapides couvertes de débris mobiles, et couronnées à leur sommet par des
crêtes de rochers. Sa largeur n’est pas moindre que celle du Setludje entre
Poyé et Namjah, si elle ne l’excède pas. Son cours est très-rarement obstrué
de roches. Il y a peu de rapides ; mais la force du courant paraît excessive.
G’est une masse d’eau qui me semble aussi grande que celle du Setludje à
Poyé. Le chemin est assez uni, tracé le plus souvent au-dessus des premiers escarpements,
soit sur leurs roches solides, soit à la base des pentes mobiles q u i lès
dominent. La distance depuis le Gumdo jusqu’en face de Soumra n’est pas moindre
de 7 à 8 milles ( 2 à 2 II.) en ligne droite. Soumra, le plus septentrional des
villages de Hangarang, est le dernier de Kanawer. Ce qu’il y a au delà sur
cette rive (la rive droite du Spiti), je l’ignore. Quelle appellation porte le
vaste espace de montagnes désertes qui s ’étendent dans cette direction?
aucun de mes gens ne put me l’apprendre. Ce qu’il y a de certain seulement
, eest qu’on est à la frontière de Bissahir, et conséquemment à la limite
de 1 influence anglaise. Au delà de Soumra, vers Lari, la direction de la rivière
est la même; elle remonte droit à l’ouest. Soumra, dans cette saison, n’a de
communication qu’avec Skialkhur. C’est un pauvre village habité seulement
par 5 o u 6 familles; leurs maisons blanchies, environnées de quelques Saules
et de quelques Peupliers, forment le point de vue le plus étrange dans la
scène, de nudité, de stérilité absolue, qui se déploie derrière sur les monta^
gnes, depuis leur base jusqu’à leurs cimes à peine saupoudrées de neige.
Sa position d’ailleurs ne laisse pas de ressembler à celle de Nako. Son territoire
occupe quelques parties d’un vallon très-large à son embouchure, formé
des atterrissements d’un torrent qui, réduit maintenant à un très-petit volume,
coule dans une ravine à ¡¡©§ ou 3om au-dessous de son niveau.