
les forêts qui couvrent ses pentes ne,s’arrêtent qu’à une bien faible distance
du sommet.
Le populeux village de Seraô a poussé ses cultures jusque sur les pentes
du vallon voisin. On trouve encore au delà des champs cultivés, mais plus
d’habitations*
Le sentier tracé le long de ces pentes ne tarde pas à rentrer dans des
bois de Rhododendron arhoreum -, & Azalea et de Quercus castanoïdes. Ce
sont les arbres de ce niveau, 2000111 à 2400“ , lorsque le sol est médiocrement
humide et l’exposition assez découverte. Cependant en approchant de la base de
Kédar-Kanta, il descend dans le fond du vallon, et la forêt change alors entièrement
d’aspect. Le Carpinus nepalensis, XAlnus obscura, XAbies circularis y dominent
, et la végétation sous leurs ombrages n’est pas moins différente : Geum
cernuum, Myosotis paradoxa, Uvularia gibbosa 3 Orobus rubiginosus , Convallaria
Jlexuosa3 Chærophyllum villosumr NN. 3 tous genres européens et
qu’on trouve pareillement associés dans les Alpes à une hauteur de moitié
moindre.
On traverse le torrent à gué. En ce point son niveau est de 2238“ ( 7343 p'* ) ,
c’est proprement la base de la montagne. 11 monte de là très-rapidement dans un
vallon qui en sillonne les pentes. Le sentier y monte avec lu i, et passe fréquemment
d’un bord à l’autre. Le caractère des forêts qui l’ombragent varie selon
les expositions. L ’élévation progressive est cependant la circonstance qui en
domine les variations successives. A 25oom.,le Rhododendron arboreum devient
rare, le Quercus castanoïdes a presque disparu, et le Quercus diversi/olia a
pris sa place. L'Acer glabrum N. est commun. Le Prunus padoïdes N ., que
je n’avais encore vu qu’au-dessus de Cursali, commençant à peine à bourgeonner,
est ici défleuri. Enfin, un nouveau genre d’Europe vient presque
compléter la liste de nos arbres forestiers : c’est un Tilleul. Je remarque aussi
XÆsculus hippocastanoïdes, dont la présence dans ces solitudes ne laisse
pas de doute sur sa patrie. Si les arbres de cette espèce que j ’ai vus jusqu’ici,
le plus souvent dans des habitations suspectes, et au voisinage des villages
ou des sentiers, y ont été naturalisés par l’homme, sans doute on les a tirés des
forêts voisines. L 'Anemone parnassiflora, abondante entre i8oom et 240.0“ ,.
s’arrête là brusquement et est aussitôt remplacée par XAnemone ranunculi-
folia (1). Un Allium assez semblable à X A Ilium ursinum se montre ici avec un
(1) Anemone discolor. Don in Royle ill. of the bot. of the Himal. mount.
Miliumr un Canvallaria, un Bunium; à peine y a-t-il une seule plante
d’un genre étranger à l’Europe.
Des éclaircies de cette forêt, on aperçoit fréquemment une ligne de sommets,
élevés au nord sur la rive gauche du ruisseau; leurs crevasses et leurs ravines
sont toutes remplies de neiges. Les arbres s’arrêtent à leur pied; non que
les pentes soient absolument trop roidespour leur fournir un appui suffisant
ou la hauteur trop grande. Mais les pentes sont là très-roides et le niveau est
de peu de chose inférieur à celui que;-dans les lieux les plus favorables à
la végétation, les arbres ne dépassent point.
Le lieu où je vins camper, sert, en été,- quand le pâturage des cimes est
abondant, à parquer dans la nuit le bétail qu’on amène ici des vallons voisins.
Il est élere de 3 n 3" ( io a i 5 f La fréquentation des animaux y développerait,
dans’ les Alpes, un épais fourré de Rumex alpinus; ici, c’est une plante
du même genre qui le représente. L ’analogie de la végétation se soutient dans
toutes -les épreuves.
Autour de mon camp, le Quercus dwersifolia végète dans toute sa force
et domine parmi les autres arbres, autant par sa taille que par sa fréquence:
j ai remarqué également au sommet de la vallée de la Jumna, que ¿est plus
près dei sa limite supérieure que de sa limite inférieure que cet arbre végète
avecdeplus de vigueur. Après lui vient X Abies circulons ; le Taxas nepkleL
comfere des régions les plus élevées de ces montagnes; XAcer glabrum, peut-
etre 1 Acer pubescens. Le Quercus castanoïdes a disparu entièrement avec le Rhododendron
arboreum : celui-ci est remplacé par le Rhododendron puhérulentum
dont j aperçois îm seulement les premiers individus. Autour de Cursali ce ma’
gnifique arbrisseau descend à 200“ ou 3oo" plus bas. C’est que les montâmes
supérieures sont bien plus hautes. C’est toujours au centre des chaîne* de
montagnes qu on observe, aux niveaux les plus bas, et les neiges permanentes
et les glaciers, et les espèces de plantes les plus alpines.
Des bancs calcaires assez nombreux affleurent les pentes des montagnes nui
bordent la rive gauche de l’affluent du Buddiar (sans doute le Kuttalah<md j
dans le vallon duquel j ’ai remonté. Ils alternent avec les Schistes talqueux variés
de diverses façons par la rareté ou l’abondance du Quartz et sa disposition.
Quand le Quartz court en veines minces, renflées çà et là en nodules c’est in
distinctement entre des feuillets schisteux bleuâtres ou verdâtres; mais quand
les nodules quartzèux sont isolés les uns des autres, circonstance qui n ’est point
rare, le Schiste est toujours vert, sa texture un peu terreuse, demi-compacte.
Cest probablement la variété que Brongniart appelle Stéaschiste porphjroïdc.