
longement de celle qui borde à une plus grande distance, dans les parties
supérieures de son cours, la rive droite de cette rivière? Le Setludje, en ce
cas, ne passerait pas au travers de la chaîne méridionale, comme on l’admet
généralement.
L ’azur du ciel qui se dégageait fréquemment d’entre les nuages, ne me
parut pas de ce bleu noirâtre qu’il montre déjà dans les Alpes à 2400". Le
soleil, dans ces éclaircies, était d’une chaleur telle, que mes mains, brunies
par un an d’exposition au soleil des plaines de l’Ind e, rougirent et se pelèrent
de leur épiderme. Aussi, malgré l’élévation qui approche de 5ooo” , n’y avait-il
plus de neigës que dans les lieux où elles s’accumulent pendant l’hiver.
G é o lo g i e . — Description des terrains de Kanum, du col de Rounang, de
Soungnum et du col de Hangararig. — Les Schistes satinés et micacés qui couronnent
l’arête de montagnes qui sépare la profonde vallée du Téti du bassin
large et peu déprimé de Kanum, perdent leur éclat et leur couleur claire à mesure
qu’on s’avance vers ce village. Leur stratification continue d’être indistincte.
Le Quartz pénètre leur substance de diverses façons, soit disséminé également
dans la ro ch e , qui est alors âpre au toucher et plus fissile que schisteuse,
soit en veines et en amas, comme dans les roches schisteuses qui, entre Zongui
et la rivière Téti, alternent avec des roches feldspathiques; mais celles-ci ont
entièrement disparu.
Leur suppression a été successive et très-lente. Autour de Kanum, sur les
pentes des montagnes qui s’abaissent immédiatement vers le Setludje, les Schistes
brillants et micacés de l’arête du Téti reparaissent à un niveau très-inférieur;
on les voit passer brusquement aux variétés de la même roche les plus sombres
et les plus terreuses, et ce sont en général celles-ci qui dominent. Un grand
nombre d’entre elles sont très-légèrement effervescentes.
Des masses énormes de conglomérats grossiers recouvrent en divers lieux
les pentes des montagnes. Le grand temple du village (celui où je demeurais)
est bâti sur un de ces rochers. Ce sont des débris de toutes les variétés du Schiste
d’alentour, toujours anguleux, cimentés quelquefois solidement, soit par de la
chaux carbonatée terreuse, soit par des débris des mêmes roches plus divisées ;
ces conglomérats, fréquemment caverneux, n’ont souvent presque aucune
cohésion ; et dans des masses contiguës et continues à ces parties friables,
l'agrégation de leurs parties est complète.
Us me rappellent par leurs caractères minéralogiques et par leur gisement, les
conglomérats qui accompagnent sur la pente méridionale de l’Himalaya les
bancs de Carbonate calcaire. I c i, à la vérité, je n’ai pu découvrir aucun banc
distinct de cette matière à 1 état de pureté ; mais elle pénètre plus ou moins un
grand nombre de masses schisteuses.
En montant au col de Rounang par diverses ravines, je n’ai observé qu’une
médiocre variété de roches ; quelques-unes de Schiste argileux bien caractérisé,
d’autres quartzeuses, mais tellement liées au Schiste argileux, soit par
leur passage minéralogique , soit par leurs alternances, quelquefois en couches
parallèles, qu’il y a la plus évidente unité de terrain. Le Quartz, en général,
abonde dans ces roches, et les rend plutôt fissiles que schisteuses. Le Mica
1 accompagne souvent. Il est plus rare autour de Kanum. De cette triple association
résultent souvent des roches que l’on prendrait facilement pour des
Grauwackes; elles ressemblent beaucoup minéralogiquement aux Grauwackes
qui se trouvent à la base de la formation du Calcaire gris de fumée des Alpes, à
Bex, et en face, sur la rive opposée du Rhône, entre Saint-Maurice et Saint-
Gingoulph; mais leurs connexions géognostiques ne me permettent guère de
leur attribuer une origine sédimentaire. Malgré leur aspect souvent terreux
j y trouve des caractères qui semblent en indiquer une opposée. Ce sont surtout
de petits amas très-argileux dans des variétés plus quartzeuses, amas qui ressemblent
beaucoup, j ’en conviens, à des fragments empâtés, mais qui se fondent
en général dans la pâte dissemblable de la roche. Je les regarde comme des
hasards de la cristallisation, très-confuse dans ce terrain. Le Quartz se montre
quelquefois en masses presque libres de mélange argileux. Sa couleur alors est
verdâtre, sa texture grenue ; on y v o it, comme dans les masses les plus schisteuses,
des veines, des filons, des amas irréguliers de Quartz blanc, quelquefois
nettement cristallisé. Au voisinage de ces amas quartzeux cristallisés, le
Quartz, qui pénètre la substance même de la roche; disparaît, et celle-ci n'est
que de l’Argile verte.
La stratification qui est généralement indiscernable autour de Kanum est
souvent bien prononcée dans tout ce système à diverses hauteurs, au-dessus du
village, en montant vers le col; mais elle est excessivement irrégulière. Dans
la même ravine, et dans la ravine la plus étroite, où les roches sont identiques
dun bord à 1 autre, leur direction et leur inclinaison diffèrent totalement.
J’en ai relevé un grand nombre que j ’ai consignées à l'article de chaque échantillon
dans mon Catalogue, et je ne les rapporterai pas ici, parce que leur
désaccord n’est soumis à aucune règle.
Ce contraste de la stratification dans des roches semblables et presque au
contact les unes des autres, me paraît résulter, premièrement, des contourne