
au lever du soleil, qui demeure longtemps caché par les montagnes qui
s’élèvent rapidement à l’est.
L’Yurpo reçoit en face ou à une faible distance au-dessus et au-dessous du
lieu de halte qui porte le même nom, trois torrents assez considérables, qui
tous descendent de vastes amas de neiges amoncelées sur la cime de la chaîne
qui sépare sa vallée de celle du Taglakar, laquelle s’élève, plutôt quelle ne
s’abaisse, en s’éloignant du massif de Gantong. Dans les faibles dépressions
transversales de cette chaîne et vers son sommet, ces masses blanchissantes
montrent dans leur section une épaisseur énorme. Jugeant d’après leur forme
que. ce devait être des glaciers, et n’en ayant encore vu aucun dans l’Hima-
laya, j ’entrepris d’y monter.
L’Yurpo, en face de mon camp, n’était pas guéable. Il fallut remonter
près de 3 milles (f 1.) pour trouver un gué qui, malgré son peu de profondeur,
ne laissait pas d’être dangereux par l’excessive rapidité du torrent.
Après 3 heures d’une marche difficile et laborieuse au travers d’éboule-
ments récents que le moindre effort mettait de nouveau en mouvement,
j ’eus la satisfaction d’atteindre la base du plus considérable de ces glaciers.
Il ne descend guère au-dessous de 5,ooo". L’immense surface des pentes des
montagnes d’alentour, que leur extrême inclinaison y décharge de leurs neiges,
y en a accumulé une énorme épaisseur. J’en ai vu, sur les bords, des coupes
verticales qui avaient plus de 3o" de hauteur, et je ne doute pas quelles
n’atteignent au double dans le milieu. Par ses autres dimensions, ce glacier
resterait inaperçu dans les Alpes : les cimes où il s appuie sont à peine à
i milles ( il.) au-dessus de sa base, et sa largeur moyenne n’excède pas 200".
Son inclinaison est assez médiocre. Les fissures qui en coupent la masse transversalement
sont excessivement nombreuses et rapprochées; elles ont une
régularité, un parallélisme, remarquables, et il en est peu dassez larges pour
offrir quelques dangers. Leur profondeur néanmoins a constamment pour
mesure l’épaisseur du glacier, car en approchant l’oreille contre les plus
étroites, on entend l'eau: qui ruisselle sous la voûte de glace. Celle-ci m’a
paru généralement emprisonner un plus grand nombre de bulles d air que
dans les glaciers des Alpes. Ses crevasses n’offrent pas les.memes teintes
magnifiques..d’azur et de vert de mer. Leur couleur est du bleu le plus clair.
La surface du glacier n’est, pas non plus hérissée de ces pyramides, de ces
obélisques, de ces aspérités bizarres qui donnent à ceux des Alpes tant de
ressemblance avec la surface d’une mer houleuse, saisie tout à coup par la
gelée; elle est presque unie.
II. 3g