
sorte d éclat métallique, quoiqu’on n’y distingue à l’oeil nu aucunes lamelles
brisées de Mica, fibreux, plus ou moins durs selon la proportion de Quartz
dont ils sont pénétrés, plus ou moins solides, et.de Bancs de Quartz grenu. Je
ne me souviens pas d’avoir jamais vu de semblables roches de Quartz, si ce
n’est dans l’Inde .même, autour de Dehli. Le Quartz y est en très-petits grains
( cristaux ? ) vitreux, d’un éclat gras, fondus dans une pâte siliceuse blanchâtre
ou grisâtre, laquelle semble quelquefois devoir cette couleur à une faible
quantité de matière argileuse. Ailleurs la pâte paraît être exclusivement siliceuse.
Des veines et des petits filons dé Quartz blanc traversent en tous sens ces
bancs quartzeux ainsi que les couches schisteuses qui alternent avec eux,
et ils se fondent et se perdent-pareillement dans la substance des unes et
des autres. Vers le sommet de la vallée, le Schiste argileux est constamment
très-endurci par une plus forte proportion de Quartz; il prend la teinte
verdâtre des roches quartzeuses et l’apparence dè Schiste talqueux. Cependant
sans être âpre au toucher, il n’est pas onctueux, et je doute que ce soit au
Talc qu’il doive son aspect. S’il en était ainsi, je comparerais son alternance
avec les roches quartzeuses, aux terrains du Val-Feret, qu’on appelait autrefois,
( j ’ignore ce qu’ils sont devenus depuis) terrain de transition ancien,
nom assez vague d’ailleurs pour durer.
L’inclinaison assez faible des couches dans la partie inférieure de la vallée,
semble diminuer à mesure qu’on s’élève vers son sommet. Leur direction
néanmoins reste déterminable à raison de la structure fibreuse des bancs
schisteux, et elle est conformé à celle que j ’ai constamment observée jusqu’ici,
du N .O . au S .E .; mais c ’est vers le S .O . qu’elles penchent légèrement. En
certains lieux, elles paraissent horizontales. Çà et là , mais rarement, on voit
reparaître quelques bancs schisteux semblables à ceux qui sont communs à
Mossouri et Landaor, et c’est le seul terme de la série de leurs roches
qui se montre ici : n’est-ce plus donc la même formation? Il se pourrait. Mais
s’il en est ainsi, la transition de l’une à 1 autre se fait dune manière gra-
duelle qui démontre au moins leur intime connexion.
Aux orages qui ont eu lieu presque sans interruption du 26 au 3o
avril, avec une violence tout à fait inaccoutumée en cette saison, a succédé
un temps superbe. Depuis le premier mai, je n’ai pas vu un nuage dans le
ciel. Malgré les causes locales perturbatrices de la pression atmosphérique
dans les montagnes, où le vent dés plaines monte obliquement et. tend à
abaisser le mercure en soulevant les colonnes de 1 air, et où le refroidissement
des sommets occasionne des courants descendants, qui exercent une action
contraire, le baromètre observé d’heure en heure, depuis 10 h. du matin
jusqu’à 6 h. du soir, m’a montré dans toute sa pureté, le phénomène de la
variation horaire. Quoique son étendue soit médiocre, elle dépasse néanmoins
celle du trouble accidentel que des causes locales et fortuites pourraient exercer,
et après les avoir couvertes, elle se manifeste dans le sens propre de son
action. L’influence de la latitude méridionale paraît se faire sentir ici, dans
la prédominance du phénomène général de la variation horaire sur les perturbations
accidentelles , d’une manière que ne trouble pas , ou du moins que
trouble bien faiblement, 1 élévation des lieux au-dessus du niveau de la mer :
dans la semaine de tempêtes et d’orages furieux que je viens de passer sur
les sommets de Mossouri et de Landaor, je ne l’ai vu que deux fois effacé
par elles.
Un faquir, moins affreux que la majorité de ses confrères, aborda dans
l’après-midi au petit temple près duquel est mon camp. De la maison du Dieu,
il fit sans cérémonie la sienne : et sans trop paraître s’inquiéter des moyens^
de dîner en un lieu où le plus actif et le plus intelligent est exposé à se
coucher à jeun, il s’étendit tout nu au soleil, près de moi, en véritable Dio-
gèné. Il avait le cordon brahmanique. Comme il venait du côté où je v ais,
je lui fis quelques questions, auxquelles il répondit dans un langage dont
la pureté me surprit. Je n’ai pas encore rencontré un natif que je comprisse
aussi bien. Il se promit sans doute de ma satisfaction, .grande faveur, car il
me demanda l’aumône du ton délibéré d’un créancier. Je lui répondis de même,
du ton le plus positif, mais sans rudesse, que s’il n’avait pas d’argent pour
acheter à manger, de travailler pour en gagner «Travailler, » dit-il, «mais
« je suis faquir ! » _ « Et j ’ai fait voeu de ne jamais donner un sou à un faquir. »
— « N importe, » répliqua-t-il d’un air insouciant, comme s’il eût pensé qu’il
y avait assez d imbéciles au monde pour ne pas le laisser mourir de faim.
Je le vis ensuite cuire son gateau de blé près des Gorkhas de mon escorte.
Deux de ces gens sont Brahmanes aussi, e t, par charité sans doute, ils auront
partagé avec ce philosophe leur mince pitance. Après tout, il y a quelque
éventualité dans les repas de ces misérables mendiants; mais l’oisiveté et l’insouciance,
à défaut de bonne chère, les tiennent en chair, comme le repos
avec le plus médiocre fourrage suffit pour engraisser un boeuf.
Le 4 mai i83o. — A Marara ( Ijjj* ou f .iL ) , 5 heures de marche très-lente de Bouhànne.
Le cirque de Bouhànne est ouvert à 1E .N .E . par une étroite et profonde