
entre ces lieux si éloignés. Si elles.sont considérables, il.est évident que j aurai
plus d avantage à me servir des observations de.Saharunpour que de celles de,
Calcutta, comme de station inférieure, pour .calculer la hauteur des lieux où
j'aurai observé le baromètre dans les montagnes. J’ai consigné dans mon registre
météorologique le tableau et le résultat de la comparaison de nos instruments.
Je quittai Saharunpour le jour même où se déclarèrent les hot winds. Les
nuits étaient froides : l’air du matin extrêmement v if : la chaleur du jour très-
modérée: le vent, occasionnel, toujours faible depuis une quinzaine de jours,
et variable autour du N ., de l ’E. à ÎO . Le 10 avril, à 9 heures du matin,
il souffla du S .O . , et dura tout le jour avec une force considérable et une
régularité surprenante. L ’atmosphère, déjà très-sèche, se dessécha plus encore;
le baromètre néanmoins, qui n’atteint ici, en cette saison, q u à 10 h. le maximum
de son élévation, influencé par le v en t, commença à redescendre à 9 h.,
au moment même où le vent se déclara. L’air, en moins d’une heure, fut obscurci
de nuages de poussière; on eût dit que le ciel était orageux. La température
augmenta subitement de 4° ou 5°; dans 1 o jours elle atteindra sonmaxi-
mum, c’est-à-dire, 6° ou 7°de plus encore; et elle se tiendra près de cette limite
jusqu’aux premières pluies de la mi-juin, abaissée seulement pour 24 h. par
un petit nombre d orages qu’amène ordinairement la saison des hot winds.
La campagne, que j ’ai laissée verte et riante, est déjà, en deux jours, saupoudrée
de poussière; dans une semaine, les gazons seront entièrement desséchés;
déjà les arbres ont une teinte grise uniforme. Les objets très-voisins
s’aperçoivent au travers de cette atmosphère chargée de poussière, sous le
même jour faux et sinistre d'un ciel orageux que percent les rayons du soleil,,
et ils paraissent aussi plùs voisins encore. Mais à une faible distance les contours
s’effacent entièrement, et ce n’est qu’après un orage qu’on aperçoit occasionnellement
les montagnes de Saharunpour.
Généralement, les hot winds ne viennent pas si brusquement ; ils s annoncent
par des hâles du S .O . , auxquels succèdent les vents septentrionaux de la
saison qui expire, et quelques chutes de pluie marquent leurs alternatives.
Les hot winds faiblement caractérisés dans le bas Ben gai, ou du moins peu
apparents, parce qu’ils sont plus fréquemment contrariés par des orages,
s’y déclarent au commencement du mois de mars; cependant, la saison des
pluies ne commence pas plus tôt dans ces provinces que dans les plaines
élevées de l’Hindoustan, au nord de Dehli. Ils soufflent à Bénarès plus tard
qu’à Calcutta; à Caunpour, quelques jours après Bénarès; et souvent ic i,
deux semaines après leur établissement en Oude. Dans cette dernière province,
pour être plus précoces et plus durables qu’en celle-ci, ils né sont pas moins
violents, moins chauds et moins secs. J’ignore comment ils se propagent
selon la ligne de leur direction, du S . O . au Tf. E.
On n’a jamais vu de neige à Saharunpour, mais il n’est pas rare que le
thermomètre y descende de i° ou 2°, 3“ même au-dessous de zéro. Il se forme
alors, à la surface des eaux tranquilles et peu profondes, de la glace qui
atteint jusqu’à o",oi d’épaisseur; on en a même vu se former dans l’intérieur
des maisons ; il est vrai quelles sont toutes mal fermées. Ces froids font
périr jusqu’à la racine exclusivement, plusieurs des plantes du Bengal qui
semblent d’ailleurs végéter avec vigueur durant les périodes assez longues
qui séparent les cas de gelée. Cependant, il en est un grand nombre qui les
supportent parfaitement bien, et une foule d’autres qui ne sont endommagées
que dans leur plus jeune bois. Il, y a entre le climat dés provinces les plus
septentrionales de l’Inde et celles du sud, quelques traits communs dé ressemblance
qui font de cette vaste contrée une unité météorologique, confirmée
par l’uniformité ou la similitude de sa végétation. Les pluies solstitiales,
succédant à une ou deux lunes de hâles brûlants, coupent également l’année,
au nord et au midi. Au 3oe degré, comme-au 10e, les hot winds amènent la
maturité d’un grand nombre de fruits, perdus si les pluies les atteignent;
toutes les moissons sont de ce nombre. Les récoltes semées vers le solstice
d’h iv e r , lorsque la terre est ressuyée des pluies de l’été, se font maintenant, et
continueront de se recueillir jusqu’au mois de mai. Les pêches, les raisins,
les letchis du Bengal, mûrissent pendant les hot winds. Si l’hiver a été long,
si les pluies sont hâtives , les raisins qu i, pour mûrir, ont besoin de lumière
autant que de chaleur, se pourrissent sous le ciel couvert des pluies solstitiales.
Cette circonstance rend pour le moins aussi difficile, aussi éventuelle dans les
provinces du n ord, la culture de certains fruits de l’Europe, que dans le Bengal
et le sud de l’Inde. Les hot winds, plus tardifs dans ces provinces, y trouvent
les fruits très-éloignés du terme de la maturité, et souvent les pluies se déclarent
avant qu’ils les y aient amenés ; ils n’ont pas le temps de mûrir.
Une bonne route, fréquentée en cette saison par les malades européens
qui s’y font porter en palanquin, affluant de toutes les directions de la présidence
du Bengal, Conduit de Saharunpour à Dehra, et de là à Mossouri
et Landaor, ou à Soubhatou et Simla. Accompagné du Dr Royle, je vins
camper, le 10 avril au soir, près du village de Nankah , à 15 mil.„ (4 { 1. )
au N .E . de Saharunpour, traversant une plaine unie comme celles qui environnent
la ville, et dont la pente vers le nord est tout à fait insensible.
Aucun changement jusque-là dans la végétation.