
il n’est pas commun. Le climat doux et humide, si favorable à la végétation,
est malsain à la cessation des pluies; les fièvres intermittentes se déclarent
alors. Dans d’autres vallées de l’Himalaya où ces circonstances sont plus marquées
encore, ce sont des fièvres pernicieuses, souvent mortelles, qui menacent
les voyageurs à cette saison de l’année; l’insalubrité de ces vallées est aussi grande
pour les natifs et elles sont inhabitées. Pour monter à Almora, la plus grande station
militaire anglaise dans les montagnes, et surtout pour pénétrer à Catman-
don il faut traverser une zone de basses montagnes, couvertes de forêts (sans
doute le prolongement du grand dépôt arénacé qui forme le premier étage des
montagnes), fermées pendant l'automne par le danger presque inévitable de ces
maladies mortelles. On regarde comme non moins redoutables, les forêts du sommet
des plaines qui s’étendent immédiatement le long des montagnes, celles qui
sont indiquées sur la plupart des cartes comme le séjour des Eléphants, des
Rhinocéros, des Tigres, etc.; mais les deux premiers de ces animaux ne s y
trouvent pas on ne s'y trouvent plus. (Forster, dans son voyage àCachemir, parle
d'éléphants au delà du 3 i ' degré, et dans l'histoire de D ow , on voit les empereurs
mogols chasser des rhinocéros au delà du Setludjei|, t. iv.fts»
Une colline, d’une centaine de mètres de hauteur, s’étend dans la vallée
même de Dehra et parallèlement à sa direction, à l’E . S . E : d e là ville : elle
est formée de graviers et de blocs de nature diverse, descendus des montagnes.
Ce sont les mêmes éléments que dans la première rangée des montagnes du
Keyri-Pass, mais disposés en strates horizontaux et non inclinés. J e n’y ai vu
du reste aucuns sables consolidés en Grès, aucuns graviers empâtés en Poudingue
comme au Keyri-Pass. Un v illag e , situé au pied de cette colline, peut
servir à la désigner : il s’appelle bljli Nawada.
L ’uniformité des sommets de la seconde chaîne qui se déploie au nord de
Dehra, P l.X X I I , fig. 3 ,me donne lieu de croire qu'ils sont formés dune même
espèce de roche. J'ignore si leur base est uniforme dans sa composition -, je ne 1 ai
encore reconnue que sur un point à l’E.N.E. de Dehra, dans un des vallons qui
sillonnent cette chaîne, et dont les eaux-se rendent au Gange ; il s appelle
Sansidareh, Pl. X X V ; c’est un lieu que tous les curieux visitent pour voir des
sources incrustantes. Je passai, pour y pénétrer, sur plusieurs des racines que
les montagnes de Mossouri et de Landaor projettent au sud dans la vallée de
Dehra. Quelques-unes sont élargies en plateaux allongés, dont s est emparée a
culture- d’autres se terminent à leur sommet en une arête tranchante qui ne
s’émousse qu’en descendant au niveau du Dhoun, et sont entièrement couvertes
de bois I le lit desséché d’un torrent sillonne, comme un couFlTnt de
stérilité, le fond des petits vallons qui les séparent. Les Galets qu’on y trouve
sont, pour la plupart, des variétés delà même roche quartzeuse dont les débris
dominent dans les conglomérats de la première rangée des montagnes (Keyri-
Pass); du Quartz blanc opaque, à peine parsemé de quelques lames chatoyantes
de Feldspath et de quelques paillettes de Mica argentin; quelques fragments
de Feldspath peu spathique ; une grande variété de Calcaire généralement siliceux.
Dans les blocs plus considérables de cette dernière roche, on voit le
Quartz, d’une couleur verdâtre sombre, se séparer en veines parallèles dans
la roche même quïl pénètre entièrement, et lui donner la structure et l’apparence
d’un jaspe grossier. Des fragments d’un Calcaire gris de fumée, à pâte
très-fine, niais dépourvus de silice, traversés en tous sens de petits filons de
Spath calcaire et de Quartz blanc, se montrent fréquemment parmi ces débris.
Malgré la roideur des pentes de plusieurs de ces arêtes, la végétation les
couvre entièrement. Des Galets semblables à ceux du fond des vallons sont
épars sur elles. Je crois avoir reconnu au-dessous,, des roches en place ; ce
sont des Calcaires blanchâtres, fendillés et terreux.
Naghel, est un assez grand village situé sur une des plates-formes inclinées
que j ’ai décrites plus h au t, et entouré de superbes ombrages de Man-
gotiers; cependant il est élevé de plus de 200” au-dessus de Dehra. On en
descend, par un Sentier très-rapide, dans un vallon qui débouche lui-même
dans la vallée de Sansidareh. En remontant dans celle-ci, on découvre bientôt
sur la gauche les grandes masses de Stalactites qui pendent du sommet des
escarpements et en revêtent les murailles ; une pluie perpétuelle en dégoutte,
et chaque goutte d’eau, avant d’en tomber, y dépose son atome de calcaire.
Leur accroissement est le n t , car des mousses et des jungermannes ont le temps
de sè développer à leur surface et d’y parcourir le cercle entier de leur végétation
, avant d’être enterrées sous les couches pierreuses nouvelles qui se
forment chaque jour. C'est au dedans d’une mince:.enveloppe calcaire que ces
plantes délicates étendent, accroissent leurs parties, le brouillard qui les
humecte perpétuellement déposant à- la surface de leurs feuilles et de leurs
tiges une mince croûte pierreuse. La plante phanérogame qui s’avance le
plus près de ces vapeurs incrustantes, est une Primevère (Primula) ; une
belle espèce d'Hypericum fleurit auprès. A côté de ces formes septentrionales
se pressent des plantes de genres exclusivement indiens.
Les Brahmanes du village voisin n’ont pas manqué de faire un autel du
réduit le plus pittoresque que le hasard ait creusé dans ces masses immenses
de Stalactites. Un homme de cette caste, le desservant de cette bizarre chapelle,