
si peu intelligents, si mal outillés, si lents à la besogne, quelle avance à
peine.
Une plus grande diligence, au reste, serait superflue ; car si mon bagage était
p rê t, il n’y a encore personne pour le porter. M. Ewer, Commissaire de Mirout,
qui a passé ici dernièrement allant aux sources du Gange, a fait une levée
de 3qo porteurs, et pour en trouver 28 pour moi, le major Young est
obligé d’envoyer jusqu’à 4» mil <,(12 1.) aux environs. Sans recommandations
puissantes, sans nombreuses introductions personnelles, un étranger se verrait
arrêté ici par le défaut absolu de moyens de transport.
Le a3 avril x83o. — A Radjpour, 8 mil. ( a 1 1. ) de Dehra.
Trente montagnards arrivèrent à mon camp avant-hier, petits, très-laids,
presque nus : ils sont moins colorés que les gens des plaines. Hier, répétition
dune partie de la pièce d’aujourd’hui, épreuve où je découvre 1 insuffisance
de ce nombre d’hommes. Ils reviennent ce matin grossis de quatre
autres qu’ils ont recrutés du village. Je leur donne à chacun 4 roup. (10 fr.)
par mois, et à l’un d’eux, Sroup. ( i2 f,5o). Il y a deux ans, 3 roup. (7*,5o) étaient
le prix habituel. Ce sont des paysans, des cultivateurs, si pauvres gens,
qu’ils font tout métier où il y a du pain à manger. Beaucoup moins de figures
tartares parmi eux que parmi les sipahis du régiment de Sirmour,
lesquels s’appellent exclusivement Gorkhas, et ne donnent à ces gens-ci que
l’appellation, dans leur opinion quelque peu dédaigneuse, de montagnards
en général, Pahdris. Ils n’ont pas non plus la vivacité des Gorkhas, et
semblent dans leur démarche plus lents encore que les gens des plaines.
Ils portent de i 5 à u o k ilo g .; 20 kilog. sont le maximum. Quand ils voyagent
pour leur compte avec du sel et du sucre, sur la vente duquel ils spéculent,
ils portent, dit-on, jusqu’à trois fois autant. Quelque ¡soin que j aie pris
d’égaliser les fardeaux, il y en a de plus lourds et de plus légers; et sans
la vivacité militaire du sergent de mon escorte, mes porteurs ne seraient pas
encore mis d’accord. Ce n’est pas sans peine que je les fis tous défiler ce matin
, sur la route, pour venir jusqu’ici.
Radjpour est un mince village au pied des montagnes; mais un peu avant
que d’y arriver, le bord de la vallée se relève fortement en berceau, et c est
par une pente très-roide que la route, large et superbe allée de jardin ang
la is ,^ monte à la rencontre du sentier qui descend des montagnes. Uhe
médiocre observation du baromètre , faite à 6 h. du soir, calculée avec la
hauteur moyenne du baromètre à cette heure, pendant les jours précédents,
à Oéhra, me donné 385“ pour différence de niveau, t a distance horizontale de
ces lieux est d’environ 10000“ ou 12000” ; la pente de la route est donc de è„..
Une Colline, assez semblable à celle de Kalounga par sa forme allongée, transverse
à la direction de la vallée, est pareillement récouverte de bois ¿ tandis
que les pentes des montagnes ne sont garnies que d’arbrisseaux.
Radjpour est, pendant l’é té , le dépôt des chameaux, des éléphants, des
moutons, etc., des habitants de Mossouri et de Landaor.
Le a4 avril i83o, —- A Mossouri e t Landaor; e t excursions dans les environs jusqu’au a mai.
Un excellent chemin de montagne conduit de Radjpour aux isommets de
Landaor et de Mossouri. Je le perdis vers sa hauteur moyenne, contre-temps
toujours fâcheux pour les voyageurs qui n’ont d’autre objet que d’arriver,
mais dont un naturaliste est souvent dédommagé amplement. Je mis 7 heures
à gravir les premiers sommets, où un cavalier bien monté parvient aisément
en 2 heures.
Géologie.*-*-La configuration des montagnes de Mossouri et de Landaor,
et des montagnes voisines, dont on saisit aisément de leurs sommets les formes
et les connexions, a un caractère particulier, Pl. X X II I et Pl. XX IY .
Ce sont le plus souvent des croupes allongées, jetées pêle-mêle, sans direction
constante, sur un plan qui se relève vers le N . et le N . E.
Chacune jette des rameaux qui la font communiquer avec les montagnes
voisines comme par des sortes de chaussées jetées au-dessus des vallons qui
les séparent. Ces arêtes sont quelquefois plus élevées que les montagnes qu’elles
unissent. Les plus considérables des croupes que j ’ai décrites, se relèvent çà
et là en sommets qui excèdent de 200“ environ, et rarement de cette hauteur,
le niveau moyen de chacune. Il en résulte que l’horizon ne montre ni des lignes
horizontales ni des contours déchirés. Une multitude de plans dont le profil présente
des lignes plus flexueuses qu’anguleuses, s’élèvent les uns derrière les autres,
terminés au N. et au N.E. par la chaîne des neiges éternelles, Pl. XXIII.
Tout ce qu’on voit jusque-là a la configuration que j ’ai décrite, et compose ce
qu’on appelle communément dans l’Inde, les Montagnes de la Seconde Chaîne,
Le fond de leurs vallées s’exhausse en même temps que leurs sommets s’élèvent
davantage, et l’élévation relative d’aucune de celles que l’on aperçoit de Landaor
et de Mossouri ne semble excéder 2000 mètres.
Si l’on entend par chaîne de montagnes une succession de sommets alignés
selon une certaine direction, étendus sur une longueur qui dépasse
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