
La Tonse, dans cette partie de son cours, a une largeur moyenne de 4° ” -
Nul doute qu’au temps où les montagnes de sa rive gauche étaient couvertes
de villages, il n’y eût quelque sanga pour la traverser. J’en ai cherché les
vestiges, mais en vain. La dépopulation de ces lieux appartient peut-être à
l’antiquité.
Au confluent du Roupine et du Soupine, on trouve déjà quelques plantes
des vallées les plus chaudes de l’Himalaya. La plus abondante et la plus remarquable
est le Grewia disperma N. Le Trifolium, gyrans TV., que je n’avais
encore vu qu’au Keyri-ghaut, paraît en même temps. Au-dessous, on rencontre
fréquemment un Liseron de figure tropicale, Convolvulus prostratus N. ; une
Cucurbitaeée de la même apparence, Bryonia dubia N.; trois espèces d' Andro-
pogon, dont une au moins appartient aux plaines de l'Hindoustan ; un Saccha-
rum nouveau (Saccharum elongatum ÏV.), genre dont une espèce, le Saccharum
spontaneum, habite toute l'Inde, depuis les lieux humides du Bengal jusqu’à
plus de 9,3oom d’élévation aux expositions méridionales, dans les montagnes. Mais
la plus commune peut-être de toutes ces plantes tropicales, est le Volkameria
temata. Le Bauhinia purpurea et XEuphorbia sourou. reparaissent presque
ensemble, entre i 3oom et 1400“ de hauteur. C’est le niveau qu’ils atteignent
dans la vallée de la Jumna.
Le i er juin i83o. — A Péteri, 5 h. de marche du camp d’hier.
La végétation est bien plus tropicale encore dans le fond d’une gorge étroite
et sauvage qui s’ouvre près du lieu où j ’étais campé, dans la vallée de la Tonse,
et dans laquelle je remontai au hameau de Péteri, pour passer de cette vallée
dans celle du Pâbeur.
D’anciennes alluvions en obstruent l’entrée. Le Solargâd, ruisseau médiocre,
y a creusé son lit tortueux. Un Echites et Y A Inus obscur a croissent sur ses bords,
où s’avancent une foule de hautes graminées frutescentes, parmi lesquelles je
ne puis distinguer que XArundo melicoïdes. C’est là que je vis le premier
Dillenia, à une hauteur qui excède i 4oom. Mais cet arbre était le seul de son
espèce et de sa tribu.
Cette gorge s’ouvre ensuite en un vallon de largeur médiocre, où la végétation
reprend le caractère des niveaux. A 1 46om (4790p*a*) reparut le Rhododendron
arboreum, avec les autres arbres, les arbrisseaux et les herbes propres à la
zone qu’il occupe. Péteri, village qui semble situé sous le sommet apparent
de ce vallon, est élevé d’environ 2037“ (6684p,a').i
QUATRIÈME PARTIE. l43
Le 2 juin i83o. — A^poulgoul, 7 h. de marche de Péteri.
- Une chaîne couverte de forêts et dont lekommets atteignent un peu plus de
3ooo” séparé la vallée de la Tonse de celle de la rivière Kôti entre laquelle
et le Pabehr s élèvent d’autres montagnes presque aussi hautes , mais remarquables
en raison de leur nudité. Je traversai cette chaîne par une dépression
notable, le col de BaltchaH élevé de 2 7 12 - (8898p-*‘ ). Le sommet apparent
de Péteri n est que celui d’une arête qui descend de ces montagnes au travers de
a vallée du Solargâd, et ne la barre pas entièrement. Derrière et au-dessus
de celle-la, il y en a une autre plus élevée, presque parallèle à la première
q u il faut gravir et d’où il faut redescendre dans le fond du vallon, avant que
dattaquer les pentes qui conduisent au col de Bâltcha.Les forêts qui couvrent
cet entassement de montagnes, sont les premières où je vôis dominer le cèdre
Pinus Deodar. Il n’admet ici le mélangé que du Pinus attenuata. Tous deux’
sont des arbres de la plus grande taille ils excèdent fréquemment 4o” de hauteur
et 4" de circonférence. Le Deodar diffère bien peu du cèdre du Liban
Cependant j ’ignore le port de ce dernier arbre quand il croît sauvage et forme
des forets. Dans ces conditions le Deodar, au lieu d’étendre horizontalement
ses sombres ombrages, se dépouille jusqu’à plus de la moitié de sa hauteur et sa
tete est presque chauve. L ’accident qui a brisé la flèche du cèdre que Tourne
ort planta au Jardin du Roi, l’a plutôt embelli que défiguré. Quand il croît
isole, le Deodar au contraire s’étale plus qu’aucune espèce de sapin, mais bien
rarement alors il acquiert une grande hauteur. Mêlé avec le Deodar, le .Pinus
attenuata s’en distingue moins par sa forme que par la couleur grisâtre de Son
feuillage. 1er, comme sur les pentes septentrionales de Kédar-Kanta, des clairières
herbeuses s’ouvrent de distance en distance dans la sombre magnificence
de la forêt. Chaque été y ramène pareillement les troupeaux des villages d’a-
lentour. &
Baltcha est moins un col, moins une dépression d’une chaîne continue, qu’une
crete unissant deux chaînes ou deux massifs de montagnes voisines. Cette crête
forme le sommet de deux vallons opposés que flanquent l’un et l’autre de ces
massifs de montâgnes. Au S. E. coule le Solargâd. Au N. O. descend un foible
ruisseau qui se jette dans le Kô ti avant d’entrer dans le Pâbeur.
Quelques arbres des forêts de Kédar-Kanta se montrent ici sur les pentes
septentrionales, immédiatement au-dessous du passage, Tilia nepalensis, Æs-
cûlus hippocastanoïdes, Acerpubescens, Juglans regia ,-1’I f y est aussi. Mais, des
espèces herbacées qui croissent à leur ombre autour de Kédar-Kanta, on ne
voit que XAnemone ranunculifolia, et sur les abords du col seulement. On do