
A un mille (fl.) environ de Békoeur, en montant vers le col de Houkio, mais
à peine à ioom au-dessus de la ville, sur le plateau au-dessus duquel s’élève la
colline qui la supporte et vers la base des montagnes, sont déposés de vastes
amas de Schiste argileux pourri. Malgré leur apparence tout à fait terreuse, ce
sont certainement des couches décomposées sur place, sans doute par l’altération
des Pyrites dont elles étaient pénétrées ; et quoique je ne les aie vues nulle
part recouvertes avec évidence, il est très-probable qu elles sont subordonnées
aux Calcaires compactes, et quelquefois schisteux, d’alentour.
Dans ces masses schisteuses pourries sont épars des rognons globuleux de
pierre lydienne, quelquefois mélangée, surtout au centre, de Fer carbonaté,
et qui se divisënt assez irrégulièrement par pièces concentriques. Ces boules
varient depuis la grosseur d’un oeuf, qui est leur dimension la plus habituelle,
jusqu’au volume de la tête. On y voit quelques moules brisés d’Ammonites,
dont la substance est la même, ou de la pierre lydienne sans mélange. A leur
forme convexe à l’extérieur, on prendrait ces moules brisés pour des parties des
boules si abondantes de Quartz lydien avec lesquelles ils sont disséminés;
mais j ’ai cassé des centaines de ces boules sans découvrir aucune empreinte à
l’intérieur des pièces en lesquelles lè choc les sépare assez facilement.
Au delà, reparaissent les roches calcaires plus nettement stratifiées qu’autour
de Békoeur, mais étrangement contournées et disloquées. A la même variété,
en.apparence non coquillière, qui se voit à Békoeur, sont associées des couches
composées de la même pâte grisâtre compacte, mais mélangées de parties
ocreuses plus abondamment que de parties spathiques, et pétries de coquilles
brisées dont les fragments permettent de reconnaître des Térébratules.
On voit se succéder, dans un désordre extrême, des couches de ce genre avec
d’autres d’une teinte grisâtre uniforme, plus véinées de Calcaire spathique,
dont la pâte toute fragmentaire n’offre cependant aucun fossile distinct;
puis d’autres semblables à celles-là, mais où se montrent quelques moules de
Térébratules ( G. h. a5o ), lesquelles sont recouvertes par des lambeaux de
Calcaires noirâtres, plus fétides, un peu oereux, entièrement composés de
débris coquilliers, dans lesquels on distingue avec certitude des Bélemnites
et des Pectinites à ëôtes doubles, mais difficiles à caractériser spécifiquement.
E h général, les couches coquillières sont plus minces : les couches moins
colorées et dont le gisement seul permet de soupçonner des débris coquilliers
dans la pâte, sont plus épaisses.. Les unes sont dirigées à l’O .N .O . , et inclinées
de 70° au N .N .E ., et, tant sont extrêmes les contournements du terrain,
quelles sont recouvertes à peu de distance par d’autres dirigées au N .E ., et
inclinées seulement de io° au S .E .,' sans qu’on puisse dire que la superposition
soit transgressive.
Ces Calcaires qui, dans la variété de leurs couches, conservent tant de caractères
communs, sont recouverts à peu de distancé du sommet du col de
Houkio, par des Grès qui suivent leurs contournements. Leurs assises infé-
riëurës participent à la coloration foncée dès Calcaires sous-jacents. Leur teinte,
au-dessus, s’éclaircit. Ils në font aucune effervescence avec les acides, et ne
paraissent renfermeï, outre les grains très-fins de Quartz et les parties argileuses
ou ferrugineuses qui les colorent, que de rares paillettes de Mica d’une
excessive ténuité. Leurs couches inférieures sont fissiles ou tabulaires : plus
haut, elles se divisent en masses pseudo-rhomboïdales, dont la cassure offre
des zones ocrëuses concentriques. Aucune ne renferme de débris organiques.
C est immédiatement après ces Grès, et presque sans aucun doute au-dessus
d eux, que se répète, mais avec un développement bien plus considérable , le
Schiste pourri à Ammonites et à boules de Quartz lydien, que j ’ai déjà vu accumulé
à la base des montagnes calcaires. Quoique son apparence soit ici entièrement
la même qu’au-dessous, on y voit, souvent sans découvrir ses débris
terreux, que cette masse énorme de Schiste pourri est en place. Ses feuillets
sont sensiblement horizontaux. Il est toutefois bien remarquable que les fossiles
dont il abonde et dont les Ammonites forment ( pour l’abondance ) plus des
quatre-vingt-dix-neuf centièmes, semblent ne s’y trouver qu’épars à la surface;
et les boules de pierre lydienne qui y sont si communes aussi, ne se montrent
que rarement dans la profondeur. Ne serait-ce pas la lente décomposition du
tissu en apparence homogène de- ces pierres, par les météores atmosphériques,
qui y découvrirait ces empreintes organiques? L ’identité de la substance de
leur moule avec celle des boules de lydienne, et lenchâssement (quoique
assez rare) de celles-ci dans le Schiste de la profondeur, me le font présumer.
Dans le nombre immense des fossiles de ce Schiste que j ’ai examinés, je n’ai
vu qu’une seule coquille bivalve ( un Pecten ) , et peut-être seulement trois ou
quatre espèces d’Ainmonites ou d’univalves. Presque tous ces fossiles sont en
moule creux.
Aucune de ces coquilles në se trouve dans le Calcaire coquillier qui forme la
partie moyenne de la montagne vers Békoeur, et que l’on voit dans tout son
développement à l’occident du Houkio-ghauti, jusqu’au sommet du Gantong-
ghauti. Le Schiste argileux pourri qui les contient, forme au sommet assez
uni et assez indécis de l’arête de Houkio, des monticules à contours arrondis,
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