
11 est remarquable que c’est la masse des plus hautes montagnes qui offre,
dès leur base et dès leurs abords, la plus grande diversité de couches.
C’est ainsi qu’en montant de Tsannsoumrick au col de Kioubrong, on voit
ces Calcaires faiblement ou indiscernablement coquilliers, alterner avec des
bancs de Grauwacke très-micacée, tantôt effervescente, tantôt n offrant aucune
trace de Calcaire, et presque tous remplis de fossiles. La m a s s e de ces Grauwackes
est très-considérable. On y trouve, vers la partie moyenne, des assises tabulaires
ou fissiles d’une extrême dureté et entièrement dépourvues de restes
organiques. La teinte des unes et des autres est d’un vert noirâtre. Leur gram
est fin et égal.
Au-dessus de ce dépôt quartzeux arénacé, sont des roches dune couleur
blanche éclatante, quartzeuses aussi, et dont la nature arénacée est un peu
douteuse. Je les regarde cependant aussi comme des Grès. Il est impossible de
distinguer, des grains très-fins qui les composent, le ciment siliceux qui les
agglutine. Leur cassure droite ou inégale les distingue des roches de Quartz,
indubitablement cristallisées, du terrain qui supporte cette formation calcaire ;
et tandis que celles-ci varient considérablement dans leurs teintes, du verdâtre
au violet sombre, le Grès qui se montre ici et se répète fréquemment ensuite
dans le Calcaire coquillier, garde invariablement sa couleur dun blanc cru.
Sa stratification est quelquefois obscure au dedans des masses qu il compose,
à cause des fissures dont elle est traversée obliquement au plan des strates, et
qui les divisent en pièces rhomboïdales ; mais l’épaisseur de la masse totale est
toujours nettement et parallèlement comprise entre les autres assises du terrain
auxquelles il est subordonné. Il n’est jamais coquillier.
Il renferme ici quelques couches d’une roche que je n’ai vue reparaître nulle
part ailleurs dans cette formation ; c’est un poudingue siliceux d’une extrême
cohésion, dont la grosseur des fragments varie depuis celle d’un pois jusqu à
celle du poing, dépourvu, comme le Grès blanc, de débris organisés. Les
fragments dont il sè compose rappellent toutes les variétés du Quartz compacte
que recouvre immédiatement ce terrain:
Le Grès blanc avec ses poudingues atteint ici une centaine de mètres
d’épaisseur; il est dirigé au N .N .O . et incliné de ao° à l’E .N .E .
Les Grauwackes qui le recouvrent ont un développement plus considérable
encore. Assez semblables à celles qu’on a vues au-dessous, leurs assises inférieures,
quoique aussi distinctes du Grès blanc que.celles du sommet, par leur
couleur sombre, contiennent à peine quelques fragments de coquilles; mais le
reste de la masse en est entièrement pétri, à l’exception de quelques bancs
situés vers sa hauteur moyenne, d’une texture moins grossière, plus micacés,
et où Ion n aperçoit que des empreintes végétales indéterminables, mais analogues
cependant à celles du terrain de transition.
Les empreintes végétales sont rares dans ce terrain. Je ne les ai guère retrouvées
que dans un Calcaire noir et terreux, qui alterne en couches redoublées
avec du Calcaire gris compacte, semé de veines spathiques, et non coquillier,
à la base même de la montagne de Kioubrong, dans la ravine du ruisseau
qui s’en échappe.
Les légères variations de la stratification ne me permettent pas de détermh
ner si ces roches, et généralement celles du corps même de la montagne,
recouvrent les couches dont sont formées les deux chaînes qui s’en détachent
pour enfermer le vallon qui s’en abaisse, et de chercher à fixer l’épaisseur visible
de ce terrain calcaire. Il ne me paraît pas d’ailleurs que ses assises se prolongent
à d’assez grandes distances pour rendre très-regrettable le défaut de
cette détermination. L ’ensemble des phénomènes de gisements de là formation
entière se déduit, sans incertitude, des détails observés dans chacune des
masses énormes et toujours si semblables entre elles, qu’elle constitue sans
interruption depuis le sommet de Gantong-ghauti jusqu’à Békoeur et sans
doute au delà.
De la base au sommet du c o l, sur une hauteur verticale d’environ i ,ooom
on voit se succéder, au-dessus des Calcaires compactes avec veines spathiques ,
non coquilliers, et des Calcaires noirs et terreux avec empreintes végétales,
indiqués précédemment, des bancs calcaires pareillement compactes ou terreux,
et schisteux, en général très-colorés, avec peu de veines spathiques, quelques-
uns mêlés de grains de sable, et la plupart médiocrement coquilliers; mais il n’y a
aucune couche notable de Grauwacke ni de Grès blanc. Parmi les fossiles qu’on
y distingue, de belles espèces de Térébratules-(G: h. 296) et des Bélemnites extrêmement
brisées, sont les plus communs. Quelques couches offrent sur leurs surfaces
depuis longtemps exposées à l’air, une moucheture singulière (G .h. 294),
qui ne peut être que la section de canaux tubulaires, remplis, subséquemment à
la consolidation de la roche, d’une pâte calcaire plus argileuse, qui prend , en
se décomposant, une teinte jaunâtre sale. Peut-être ces ramifications qui
s’étendent dans la pâte calcaire, ne sont-elles que les tiges d’un polypier ?
Sous la crête du col même, les bancs calcaires sont tous abondamment coquilliers.
Les débris organiques dont ils fourmillent , sont généralement fondus
dans une pâte très-compacte, traversée de veines spathiques, mais qui ne s’y
étendent pas en amas^ comme il arrive souvent dans les variétés non coquillières.