
qu’elle soulève sans les diviser. Les Boeufs sont de la plus petite ta ille , tous
d’un brun noir : ils ont, comme ceux des plaines, une loupe de graissé
sur le garrot ; mais elle est proportionnellement plus petite, et leurs cornes
sont plus courtes. Les Moutons sont également très-petits : leur laine, aussi
souvent brune que blanche, n’est que du jarre. Les Chèvres, plus souvent
blanches que brunes, n’ont sous le poil aucun duvet soyeux : leur nez est
très-busqué : d’ailleurs elles sont, relativement à leur espèce, beaucoup plus
grandes que les autres animaux.
Il faut cependant excepter les Chiens , dont il n’est pas de maison dépourvue
, et qui sont de taille moyenne ; leur couleur est invariablement le
même brun enfumé des boeufs ; leur poil est assez long et rude; leur figure
bâtarde est très-difficile à peindre. Très-différents par leurs formes de la race
si commune dans fHindoustan, et que l’on y appelle chiens Parias, ils n’en
diffèrent pas moins par le naturel. Ils sont extrêmement attachés à la maison
du maître, s’en éloignent peu, et y font une garde active, menaçant ceux
qui passent auprès. Ils ne suivent jamais leur maître dehors, ne recherchent
point ses caresses et ne semblent attachés qu’à la maison. J’ignore à quoi ils
sont utiles, car ils ne sont pas de taille à lutter contre les bêtes féroces,
et la probité des montagnards est proverbiale dans l’Inde.
Les Anglais, à Mossouri et à Landaor, ont une espèce de très-petit cheval
fort laid, appelé Ghounte en hindoustani, d’une adresse et d’une force
extrême dans les chemins de montagnes. J’ignore de quelle partie des
montagnes ils sont originaires; mais depuis que j ’ai quitté Mossouri, ,je
n’en ai pas vu un seul. Les Anes sont aussi inconnus que les Chevaux dans la
vallée de la Junina et dans les vallons affluents, au-dessus du pont de Tahnao.
J’arrive à l’Homme enfin, Pl. X X X . Sa taille moyenne n’excède p a s, je
pense, im,57 (4 pieds 10 pouces); sa coloration, en général, est un peu
moins foncée que dans les plaines voisines de l’Hindoustan ; les cheveux et la
barbe sont plus constamment noirs que dans le nord de l’Inde, où le s roux ne
sont pas très-rares. La barbe est peu fournie, presque nulle sur les joues, moins
claire au-dessus des lèvres, plus forte au menton. Cependant il ne manque pas
de gens qui en sont presque absolument dépourvus. Contre l’usage universel
des Hindous orthodoxes, et de même que les Sykes, la plupart des montagnards
la laissent croître. En général, les figures de forme tartare sont
moins barbues ; et celles du type opposé, à face étroite, à grand nezaquilin,
au-dessus duquel le front se projette, le sont davantage. Entre ces types
extrêmes, il y a une infinité de ressemblances, produites sans doute par le
mélange de deux peuples. On ignore quel fut le peuple conquis et le peuple
envahisseur : il n’y a aucune tradition subsistante d’émigration ou de conquête.
J ignore s il y a dans le langage quelques mots des idiomes qui se
parlent au delà des montagnes de l’Himalaya; mais s’il y en a , ils sont en
très-petit nombre. On parle un hindoustani très-corrompu, que nous ne comprenons
que difficilement, et il nous est très-difficile de nous faire entendre;
mais tous les gens des plaines de l’Hindoustan entendent facilement ce langage :
c’est un patois de patois.
Les habitudes de paresse et de lenteur de-ces montagnards sont les mêmes
que celles des gens des plaines. Je n’en ai pas encore vu un courir. Ils paraissent
extrêmement craintifs et doux. Je n’ai jamais été témoin d’une seule dispute;
s i l s’en élevait entre eux, j ’ignore entièrement qui la réglerait. Souvent, j ’ai
demandé à voir le premier homme du village, et l’on m’a répondu qu’il n’y avait
ni premier ni dernier. La hiérarchie des castes est sans doute un principe
monotone d’ordre et de paix. S’il y a dans le village quelques familles de
basses castes, c’est sur elles que pèseront le s , corvées, et elles s’en acquitteront
par habitude, sans se plaindre. Cependant les brahmanes descendent
aux plus humbles emplois. Ils font d’une vallée à l’autre des transports à dos
soit de r iz , soit de sel, pour un bien mince profit. Parmi les hommes qui
portent mon bagage, et qui dans mes haltes me rendent quelques services
domestiques, il y en a de cette caste : ils ne sont pas plus fiers que les autres.
Le costume se compose de pantalons d’une étoffe de laine brune extrêmement
grossière; d’une chemise de laine par-dessus, qui tombe jusqu’aux genoux,
et forme, à partir des reins, des plis très-amples et très-nombreux, serrée
autour du corps par une ceinture de laine, longue et étroite; un très-petit
bonnet de laine, dont le bord plus épais que la coiffe semble une imitation
très-distante de la forme du turban; des souliers de laine avec des semelles
de cuir : la chemise ou tunique est indistinctement brune ou blanche, le
bonnet toujours brun, et la ceinture mêlée de brun et de blanc. Le délabrement
de ces habits permet souvent à peine d’en reconnaître la forme
originelle*; ce sont quelques lambeaux qui pendent des épaules sur les reins,
d autres attachés à la ceinture et qui cachent à peine les cuisses. On ne
les láve jamais;, et les hommes eux-mêmes se dispensent le plus souvent des
ablutions que leur religion prescrit. Leur malpropreté s’annonce au loin par
l’odeur la plus désagréable.
Les soins de la culture leur laissent de longs loisirs. On les voit alors
accfoupis ou vâgant devant leurs demeures, avec un panier rempli de laine