
je pëûse, m’accompagnait.. Il joua sa petite farce devant moi, se prosterna
devant/son dieu de chaux carbonatée concrétionnée, lui adressa ses prières,
dont une bande joyeuse d’enfants qui me suivaient ne tiut aucun compte,
et me tendit la main, ajoutant, pour me toucher, qu’il était un homme comme
il faut, un Brahmane de haute caste. Je lui donnai ky sous, stipulant que c’était,
non pour être Brahmane, mais pour m’avoir-montré Je chemin. Un'faquir,
flairant de loin le parfum de ma générosité, s’approcha à son tour,-la main bien
grande ouverte, le bras bien déployé. Repoussé par mes serviteurs, qui connaissent
mon aversion pour cette hideuse espèce -d'animal, il insistait ; un d’eux alors,
Musulman de très-bas lieu, je présume, mais homme de bonne volonté, toujours
prêt à me servir perfas' et ne/as, s’avança vers le faquir, en étendant aussi le
bras, mais sans ouvrir la main, et l’immonde brute se retira ; il allait recevoir,
sans lé parti prudent de la retraite, ce qu’il ne demandait pas (i).
Une petite source froide, sulfureuse, coule à peu de distance d e 1 autre coté
du torrent; elle surgit d’une fondrière infecte, et dépose un enduit visqueux
qu’on dit généralement être du soufre, mais qui me paraît être une substance
organisée : je ne l’ai pas suffisamment observée: Un rosier, la première plante
de ce genre que je rencontre à l ’état sauvage dans l’Inde, fleurit près de ce
cloaque. Il exhale un parfum suave près des lieux où il croit spontanément;
je l’ai vu dans les haies et autour dés habitations, à fleur double. Je ne sache
pas qu’aucune des espèces' qui croissent en France, évidemment à 1 état sauvage,
ait jamais doublé par la culture, quoiqu’on en ait cultivé un grand
nombre dans les jardins.» Les innombrables variétés de fleurs de ce genre
que les fleuristes ont obtenues, proviennent toutes vraisemblablement d espèces
dont le type naturel et la patrie sont inconnus.
Je n’ai vu de roches bien découvertes que dans un seul lieu, sur les bords
du torrent de Sansidareh; ce sont des Calcaires magnésiens? peut-être
quartzeux ? grenus, lourds et compactes, divisés parallèlement au plan de
leurs couches par des masses rougeâtres légèrement schisteuses et micacées,
dont je soupçonne aussi que la base est calcaire. Cette roche est rayée,
quoique difficilement, -par l’acier. L ’acide nitrique et le chalumeau paraissent
saus action sur elle ; elle forme des couches épaisses d’un mètre qui semblent
{i) Diogèrie, dans son tonneau, passant le jour saris rien faire, à se oliauffer au soleil, y serait mort
sans la charité publique : c’était un faquir. Le moine mendiant fait là transition du cynique grec au
faquir indien. Il voyage comme celui-ci, et de profession est un saint homme,ce à quoi du moins
Diogène ne prétendait pas. Il ne s’appelait qu’un sage; peut-être l’était-il réellement? Mais ce
genre de sagesse ne peut être universèl : à un sage de cette sorte, il faut un fou pour le nourrir;
sans quoi le sage meurt de faim,
dirigées du S .O . au N .E ., et incliner au S .E . sous un angle de plus de 45°.
Je ne puis former encore aucune conjecture sur leur nature géologique. — (G,
h. 2;) Calcaire? en bancs d’un mètre, inclinés de 35° à 4°% alternant avec
des couches schisteuses rougeâtres, De la vallée: de Sansidareh.
La journée avait été belle et avait favorisé mon excursion à Sansidareh,
le 17 ; mais vers l’après-midi , des nuages orageux se formèrent dans la vallée,
et je revins à mon camp de Dehra avec un orage assez violent. La grêle,
assez grosse, tombait sans force; le tonnerre grondait alentour sans beaucoup
de fracas. Trempé de pluie, mon premier soin, en rentrant sous ma tente,
fut de-changer de vêtements. Soudain, un éclat de tonnerre semblable à la
décharge d’une grande carabine ou d’un petit canon qu’on eût tiré auprès de moi,
se fait, entendre ; une forte commotion est imprimée aux toiles mouillées de la
tente ; les gens qui sont près de moi se jettent à terre, en criant q u’ils sont morts ;
et me félicitant moi-même d’être vivant, je regarde dehors s’il n’y a personne
de tué; tous les morts criant qu’ils l’étaient, je regardai aux arbres voisins,
certain que la foudre était tombée à bien peu de distance, sinon sur la tente
même qui était intacte ; j ’en trouvai les marques sur un Mango, à 4“ de là. Une
lanière d’écorce, de la largeur de la main, était arrachée sur le tronc depuis
la hauteur de im,5 jusqu’à om,i environ au-dessus du sol; toutes les couches
du liber avaient été enlevées,le bois était à découvert, mais nullement maltraité.
Cependant une très-petite fente, telle que la pointe d’un canif l’eût faite,
le sillonne dans toute l’étendue de la plaie, et je présume que l’arbre est craqué
à une grande profondeur. Sur le côté opposé du tronc, vers la racine, une
pièce d’écorce, en tout grande comme la main, était aussi enlevée; elle gisait
au pied de l’arbre, hachée, déchirée en minces lanières, comme le grand
lambeau du côté opposé. La foudre n’avait laissé aucune autre trace de
son passage, aucune odeur, aucune carbonisation; je cherchai si, en passant
de l’arbre dans le sol, elle n’y avait pas fait un trou; je fouillai sans rien
découvrir.
Pour frapper ce tronc si près du so l, sans rencontrer auparavant sur son passage
le branchage des arbres voisins, la foudre fit preuve d’adresse. A quelles attractions
obscures obéit-elle pour suivre des routes si tortueuses? Pourquoi
passer sur les sommets sans les frapper? Il n’y à point d’explication satisfaisante
de ces phénomènes ; celle dont on se contente généralement dans la
théorie qui prévaut, ou du moins qui prévalait naguère, me semble fort
mauvaise.