
vines au-dessus'. — Il était presque nuit quand j'arrivai au camp, et je trouvai
mes gens accroupis déjà devant un énorme bûcher, près des tentes.
La nuit fut très-froide, et le lendemain matin je trouvai l’herbe d’alentour
couverte d’un givre épais.
Les cols au travers de [ Himalaya méridional.— M. Alexandre Gérard a visité
la plupart des cols situés entre le Setludje et les sources de la Jumna ; ou
plutôt, entre le Kanawer et le penchant indien de l’Himalaya.
Sur une distance d’un degré de longitude environ, il y en a seize ; presque
tous conduisent dans la valléede la Buspa, et sont conséquemment ouverts à l’Est
de Bouroune-ghauti, puisque celui-ci est le plus occidental de cette vallée.
Le plus bas est Noeulgoune-ghauti, élevé de i4,89ip-‘ - ( 4,538“ ) d’après ses
nivellements. Un autre, Kimleah, est le plus haut, sans doute; cependant il
n’excède pas 17,000»^ ( 5,* 8a*).''»J
F.n plusieurs parties de la crête de l’Himalaya qui dominent la vallée de la
Buspa, il n’y a pas moins de 3 ou 4 cols ouverts sur l’espace d’un mille ( { 1.).
Tels sont ceux de Barga, Lumbia, Marja, Singa, e t, entre ceux-ci et Bou-
rendo-pass, Nibrung, Gounasse, Ghousoul. Un seul col conduit de l’Inde en
Kanawer, ailleurs que dans la vallée de la Buspa : c’est Schaitoul-ghauti. Il
descend au pont de Wongtou.
A l’ouest de celui-ci , la chaîne de l’Himalaya s’abaisse graduellement vers le
Setludje, tellement que trois passages, qui mènent de Rampour dans les vallées
indiennes du Pâbeur ou autres affluents de la Jumna, ne sont élevés moyennement
que de io,ooop ‘ - à i2,ooopl- ( 3,048” à 3,658“ ). L ’élévation moyenne
des autres est de i 5,ooop-‘ - à i6,ooop *- (4,572" à 4,877” ^ %
Il est donc tout à fait inexact de décrire le Setludje comme forçant son
passage au travers du Snowy-Range. C’est le Snowy-Range qui s’abaisse et disparait
pour le laisser passer librement.
Je ne doute pas que la plupart de ces cols ne soient praticables aux yaks
et aux ghountes; car ils passeraient sans grandes difficultés au Bourendo-
ghauti, qui est un de ceux où les montagnards n’aventurent pas leurs troupeaux;
mais, comme je l’ai remarqué déjà, il n’y a pas de chevaux dans la
vallée de la Buspa, parce que les chemins de là en Kanawer sont à peine praticables
aux chèvres, et quant aux yâks, s’ils avaient pu pénétrer dans cette
vallée, les pluies solsticiales les y eussent promptement fait périr.
C’est donc à dos d’homme que se fait principalement le transport des marchandises
de l’Inde en Kanawer, au travers de l’Hinialaya. Elles consistent
presque exclusivement en riz ou blé et sel. Les habitants de la haute vallée du
Pâbeur et des affluents de la rive droite de la Tonse,. portent leur grain à
Bouroune ou à Sangla, et rapportent du sel en échange.
Très-peu d’entre eux vont au delà de la vallée de la Buspa pour obtenir
un prix plus favorable. Us ne sont pas voyageurs comme les Kanaoris.
J’ai fréquemment questionné les uns et les autres sur la consommation mensuelle
de sel d’un homme; elle ne peut être moindre d’un kilogramme, ce
qui me semble énorme; il est vrai que c’est à peu près leur seule épice.
Une circonstance bizarre dans les passages de l’Himalaya méridional, c’est
la diversité des saisons auxquelles chacun d’entre eux est praticable. Nonobstant
leur faible élévation ( 4,5oo“ à 4,800"), et le peu de hauteur des montagnes qui
les dominent, il s’y accumule assez de neige en hiver pour qu’il y en demeure
perpétuellement,plus ou moins, d’une année à l’autre. En juin, cette quantité
est encore partout considérable; cependant plusieurs commencent à être fréquentés
dès les premiers jours de ce mois ; mais ils ne s’ouvrent généralement
que pour une courte période. Les pluies solsticiales qui s’établissent vers la fin
de ce mois déchirent promptement ces manteaux de neige, et y forment des
crevasses dangereuses. Vers la mi-juillet, cet obstacle a fermé complètement
le passage des cols qui s’ouvrent les premiers.
D’autres moins précoces, si je puis dire, se défendent plus longtemps contre
les dégradations des pluies périodiques ; ouverts seulement vers la fin de juin,
ils ne sont abandonnés qu’à la fin de juillet.
Il y en a qu’on n’abandonne qu’en septembre. Quelques-uns, après la cessation
des pluies, se rouvrent de nouveau et sont fréquentés durant la fin de
septembre et les deux mois suivants. Enfin, il y en a un petit nombre qui ne
sont jamais praticables que dans 1’arrière-saison, ou qui le sont, sans interruption,
pendant tout l’été et l’automne. C’est le cas de Bourendo-pass.
Il n’en est aucun qui ne présente quelque danger vers la mi-novembre,
car une chute de neige abondante peut arriver alors, et si le vent souffle
en même temps avec violence, le froid peut faire périr les voyageurs. Cependant
quelques-uns s’y hasardent encore jusque dans les premiers jours de
décembre, et c’èst la saison des accidents. M. Gérard me semble avoir été
jaloux d’en étendre la liste, mais ils sont certainement fort rares. Ce qui
est vrai, c’est que ce sont les cols réputés les moins dangereux qui en ont
été le plus fréquemment le théâtre, parce que les montagnards se risquent
à les passer par de mauvais temps.
I c i, d’ailleurs, comme en Kanawer, le grand vent est ce qu’ils redoutent
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