
vallées. L e u r b a r b e : n,'en, est. pas plus fournie. Leur coloration n est pas moins
variable : il y en a dont .le teint clair et olivâtre rappelle .celui des Bengalis de
l a c l a s s e élevée; d’autres sont.tout à fait noirs. Entre ces extrêmes, la teinte
moyenne, ne m e s e m b l e guère différer de celle de la population des plaines
adjacentes. J’ai cherché vainement jusqu’ici un trait qui fût commun a ces
figures si diverses.,
Les airs vifs et ignobles- des Français sont parfaitement adaptés au goût
musical, des Gorkhas. Leur musique militaire m’éveille tous les matins avant
le jour au son de ;
..« Je suis, le petit tambour de la garde nationale. »
Et de :
«G’est l’Amour, l’Amour, l’Amour qui fait le monde à la ronde. »
Leurs musiciens ne se lassent pas du plaisir de jouer ces airs. Aujourd hui,
jour de dimanche, rassemblée .au, Champ de Mars,— une pelouse magnifique,
sur laquelle se dessinent des groupes d’arbres superbes et l’élégante demeure
du colonel, le Roi de ces montagnes, — leur troupe termine son concert accoutumé
du soir, par le God save the King. 1 ■*’exécution est mauvaise, mais le temps
de cet, air est lent, et l’oreille y; rencontre fréquemment des passages harmoniques
d'une beauté touchante. G’est un charme particulier de la musique très-
lente ; elle ne produit pas-le plaisir musical par elle-même, mais elle dispose
admirablement à l’éprouver intérieurement. Des accords frappés.successivement
à de longs intervalles ont cette puissance au plus haut degré. Le God save the
Ring de Haendel me plaît comme ces accords. Il y a trop de chant dans les
compositions, des .grands maîtres italiens pour laisser à lame quelque loisir; si
elle rêvait un moment, tant de beautés passeraient inaperçues devant elle!
De médiocres et mélancoliques Allemands valent mieux pour faire rêver, pour
faire prier. Que peut être la prière dans un être qui n’est pas stupide, sinon
une sorte de rêverie«, La qualité des sons des voix quit chantent les,ram des
vaches dans les Alpes de l’Oberland bernois n’a rien de flatteur à l’oreille ; la
puissance de ee»-chants est, cependant très-grande ; ils produisent sur presque
tous ceux qui les entendent une émotion très-profonde, bien plus générale que
le plaisir causé1 par le chant des plus grands artistes italiens. C’est une exception
d’être insensible à ceux-là , comme d’être sensible à celui-ci. L a ’solitude,
les-teintes adoucies de la nature au coucher du soleil e t les grandes beautés
qu’elle déploie dans cette vallée, la température molle de l’air où vient mourir
en un souffle insensible la brise rafraîchissante qui descend au soir des montagnes,
me disposaient sans doute à l’attendrissement, mais je trouvai la
musique d’Haendel la plus belle du monde.
La population du. Dhoun est unimélange d’éléments euixenaêmes (déjà-très-
composés : les traits physiques des habitants desplainesy sont beaucoup moins
altérés que ehez les.Gorkhas; les Musulmans surtoufcy.conservent sans altération
leurs traits grands et durs, leur forte barbe et toutes les mêmes habitudes de
corps. Gn dirait que c’est aux.idéipéns des maris hindous que les montagnards
jadis; lors de leurs, fréquentes incursions dans, la .vallée, usaient des droits de
la victoire ;c ’est parmi les Hindous que se trouvent les figures plates., et les
ressemblances de Gorkhas vers le type tartare. Ge genre de laideur semble
bien plus commun chez les femmes que chez les : hommes. C’est, nue règle
générale de la laideur dans. toute l’Inde ,- elle n’est probablement- au reste
qu apparente. Les hommes de toute classe vont dehors,, et il n y a que les
-femmes du bas'peuple qui sortent de la maison. Le costume des: deux sexes
est exactement le même que celui des plaines voisines!de,J’Hindoustan. Les
gens de la campagne, et le pauvre petit peuple de la ville; comme on lappelle,
portent une sorte de calotte de toile sur la tête, une petite robe de chambre
e t un langouti ;■ celte dernière partie de l’habillement, large.à.peu près,comme
la main, est même l’unique vêtement desiplus pauvres. La saleté, qu’on dit
excessive chez les montagnards, est déjà beaucoup plus grande ici que dans les
plaines. Les enfants ont une vivacité que je n’ai pas observée dans' ces dernières •
ils jouent au soldat comme en Europe. Ici, les ‘crimes-sont aussi plus rares
que dans les plaines; à mille mètres plus haut, le vol est presque inconnu. Les
causes civiles sont également très-rares. Au contraire de cette disposition paisible;,
on a remarqué en France; dans toutes les contrées montagneuses, le caractère
processif des habitants. - ,
Dehra est à peu près situé au milieu de la longueur du D h oun , à égale
- distance■ du Gange et de la Jumna, et au point de partage de leurs eaux;
cèst-à-dire, au point le plus élevé du fond de.cette vallée. Elle descend par
une pente doueet vers l’une et l’autre rivière’, et les chars y peuvent monter
bien plus facilement encore par Hurdwar et les bords du Gange que par le
ghaut de Keyri. Un petit canal, dérivé d’un torrent au pied des montagnes,
abreuve la ville-et en arrose lès alentours qui sont d’une verdure, plus belle
encore que tout le reste de la vallée. Il-est très-peu de torrents dans ces
montagnes- qui ne soient entièrement à sec pendant plusieurs mois, de l’année.
Pour prévenir les maux qu’entraînerait le tarissement de celui qui abreuve
actuellement la ville, on a creusé de vastes puits; ils n’ont pas moins de
60” (^profondeur.
C est ic i, pour la première fois dans l’Inde, que j ’observe le goitre; toutefois
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