
L ’inclinaison de ces roches diverses au N .E . continue avec régularité; elles
plongent ainsi, selon un angle de 4°° environ, sous les massifs des cimes neigées
de Jumnoutri et sous ceux d’où descend le torrent de Hoûnta.
Le aa mai i83o.— Au camp de Kôtneur.
Les 16, 17 et 18 mai i8 3 o , excursions aux sources de la Jum n a , à Jumnoutri et aux cimes du vallon
du torrent de Hoûnta.
Le temps, presque toujours siheau le matin, était couvert, au lever du soleil;,
le 16 mai, quand je quittai mon camp de Cursali pour monter aux sources de
la Jumna. Une dizaine de montagnards portaient le mince bagage dont je pensais
convenable de me faire accompagner dans cette excursion. L es autres suivaient
à v id e , sans montrer cependant un v if empressement à voir un lieu si
Sacré pour les Hindous. Au lieu d’un guide que j ’avais demandé, je me trouvai
précédé de la population tout entière du village et des deux hameaux voisins
(Kôti, celui sous le verger duquel mestent.es étaient piquées, et Bipour, en face,
sur l’autre rive de la Jumna). Cette foule, qui prenait les devants pour s arrêter
et fumer quelques moments, obstruait le chemin ; je la fis passer derrière,
non sans quelque peine, chacun voulant faire preuve de zèle à me montrer le
sentier. Cependant les montagnards de l’Himalaya, pour être beaucoup plus
bruyants que lès gens dès plaines, n’en sont pas moins obéissants au moindre
signe d’un Européen. Des gens dés plaines, on pourrait dire que la servilité leur
est. enseignée dans leur éducation; mais pour ces demi-sauvages des montagnes
, c’èst un instinct naturel.
Le Quartz compacte constitue les escarpements dp la haute montagne boisée
qui s’élève au nord de Cursali, et dont le pied sert de base au territoire de son
domaine cultivable.
Je suivis le pied de ces escarpements jusqu’aux bords de la Jumna, que je
traversai bientôt sur un arbre renversé, après avoir marché parmi des bois de
Rhododendron arboreum JV. ( 1), de Quercus diversifolia N., de Taxus nepalen-
sis N ., l'espace d’une demi-heure.
(1) Je n’ai point de Species plantcirum complet. Souvent, pour déterminer celles des es-;
pèces décrites dans les 3 premiers volumes du Prodrome de De Candolle , il m’en coûterait un
temps précieux; et »mes déterminations, d’après son unique et courte phrase, seraient encore
très-souvent douteuses. J’ai donc pris le parti d’employer l’artifice des noms spécifiques, et J ’en
impose de mon choix à toutes les'plantes que je recueille. Je trouve toutes ; sortes d’avantages a.
cette méthode. Ma mémoire, qui ne suffirait plus au nombre de mes collections, garde fidelement ces
noms étàblis en général sur le caractère spécifique le plus saillant, au moins entre les espèces que je
rencoiitre ici. En ne les comparant qu’entre elles, en ne les opposant que les unes aux autres,
sans m’embarrasser de la multitude innombrable de celles de tout le genre décrites dans le
Le lit du torrent s élargit un peu au-dessus du premier lieu où on le traverse.
I iHippophaë nepaknsis, XAcer pubescens, XEloeagnus nepalensis, le Daphne
frigida croissent sur ses grèves. Bientôt on repasse sur la rive gauche, pour
la quitter et ensuite y revenir une douzaine de fois environ avant que d’arriver
à Jumnoutri.
A 1 h. de marche de Cursali, je rencontrai les premiers amas de neiges,
descendues d’une ravine presque verticale sur les bords mêmes de la Jumna,
qui coule au milieu sans les fondre. Le calcul approximatif me donne
2764” (9o68p “ gl ) pour leur hauteur absolue (i).
Prodrome, il m’est bien plus facile de saisir avec netteté leurs rapports, leurs différences, leurs
passages. Je mexpose moins à les confondre et à négliger, comme déjà recueillies, des plantes
réellement nouvelles.
Chacune, avec son nom spécifique provisoire, continue d’ailleurs à porter un numéro sur
mon Catalogue.
(1) pn accident arriva ici à mon baromètre qui m’inquiéta- vivement. En renversant l’instrument
pour lenfermer dans son étui, une grosse bulle d’air y pénétra. L’ingénieuse disposition,
de Buntenl arrêta a la base de la longue branche du siphon, dans le cul-de-sac circulaire
forme par 1 introduction de l’extrémité conique de la partie supérieure du tube dans le cylindre
ouvert de sa partie inférieure, Pl. XXVI, fig. 9. La colonne de mercure, interrompue tout à
fait de om,oo2 au moins dans le grand tube, ne gardait sa continuité qu’à la faveur du bec
conique de la partie supérieure demeure plein. Fût-il entré six fois' plus d’air, la . continuité de
la colonne n’eût pas encore cessé d’exister, parce que l’extrémité effilée de l’articulation supérieure
plongeait èncore dé plus de o“ ,oa dans le mercure; mais le même accident pouvait, se répéter,
et bientôt, par sa répétition, l’air occuper tout l’espace compris entre le sommet du cul-de-sac A et
l’extrémité effilée C de la branche supérieure, et l’instrument alors serait détruit.
Je ne pus parvenir à faire repasser cette grosse bulle d’air au travers de la courbure capillaire
du siphon. En couchant l’instrument et en le- choquant légèrement, je la déplaçai, je
la fis voyager du sommet du cul-de-sac où elle s’était logée jusqu’à la naissance de la courbure
capillaire ; mais là , elle s’arrêta opiniâtrément ; et craignant qu’en revenant de cette position à
celle quelle occupait d’abord, quelque peu d’air n’entrât dans la longue branche du baromètre
par la fine ouverture de son bec, je l’y fis revenir moi-même. Quelle fut ma surprise, en ouvrant
de nouveau mon baromètre, à une heure de marche plus haut, de le trouver entièrement purgé
dair ! Lhomme qui le porte (et c’est ainsi que je l’ai-fait constamment voyager), le tient sous
son bras horizontalement, autant que possible.- Dans les mauvais chemins des.montagnes , ’ où
cette position est impossible à garder, il a soin de tenir toujours- en arrière le sommet de
l’instrument, et de l’incliner plus ou moins dans les pas difficiles. Comment le hasard des
secousses de la marche et de ses légères oscillations autour du niveau horizontal en avait-
il fait sortir l’air, par la courbure capillaire?. Je l’ignore tout à fait. Ce que je m’explique seulement,
c’est la manière dont l’air y était entré, et y entra encore depuis, car cet accident s’est
répété trois jours après, et s’est pareillement réparé par le simple procédé de faire voyager le
capricieux instrument pendant quelques heures.
Bunten .met probablement trop peu de mercure dans ses baromètres. Quand on les penche
pour faire monter,ce fluide jusqu’au somiriet de la longue branche, la courte branche se trouve
entièrement vide, à l’exception- d’un très-petit bouton qui s’élève au-dessus de.la courbure capillaire.
Quand on renverse l’instrument, ce bouton se détache et tombe en une petite goutte
dans le sommet de la courte branche. Exposée à l’influence de l’air, à ses alternatives de tempé