
de la somme à laquelle se peut évaluer le gain annuel de chaque adulte,
l’un dans l’autre.
Elles sont généralement bâties parallèlement les unes aux autres et à des
distances diverses. Elles sont aussi parallèles à la direction de la vallée. Leur
porte est le plus souvent tournée vers son fond.
Devant chacune, ordinairement, est une aire assez large, payée de grandes
pierres plates, assemblées avec soin. C’est là que l’on étend les gerbes
pour les faire fouler par les boeufs. Dans les plus petits hameaux, il n y
a qu’une aire dé ce genre qui sert à tous les habitants. C’est le seul espace
qui soit tenu.propre; tout le reste est d’une horrible saleté. Cette aire a
(¡ autres usages : la famille y fait sécher ses denrées humides, et y établit
le simple appareil qui lui sert à tisser l ’étoffe grossière dont elle se vêtit.
Entourée quelquefois d’un petit mur en pierres sèches, elle forme une véritable.
cour, et donne aux villages où cette coutume prévaut, un air d aisance
tout à fait agréable.
Il n’y a guère que les plus petits hameaux qui n’aient pas de pagodes.
Chaque village, et ici dix maisons forment un village, a la sienne. Les
pagodes sont plus petites généralement que les maisons d’habitation, un
peu plus basses, sans divisions d’étage ; e t , sur leur extrémité opposée au
côté'* de la porte, elles sont surmontées d’un très-petit clocher, à toit
double : ce toit est toujours de bois. On dirait l’intention d’imiter la forme
mitrale des pagodes de l’Hindoustan. Comme à Tahnao, il n’est pas rare
qu’une galerie couverte fasse le tour des quatre murailles, occupant
plus de surfacè que d’espace compris entre elles. Les voyageurs s’y abritent
sans profanation, sans y entrer cependant avec leurs souliers. C’est 1 asile
accoutumé des gens qui portent mon bagage. Du reste, Tahnao est le seul
lieu où j ’aie vu et les restes de chapelles entièrement bâties de pierres , selon
le goût de l’Hindoustan, et des sculptures sur la pierre. Partout ailleurs,
même dans le grand village de Cursali, où la pagode est richement pourvue
de tamboùrs et de cymbales, elles ne sont décorées que de sculptures en
bois., L’idole est de bois : c’est un Brahma accroupi, qui ne laisse pas de
ressembler beaucoup aux représentations de Bouddha. Les brahmanes qui les
desservent ne diffèrent en aucune manière des autres habitants. Pareillement
vêtus, on n’aperçoit pas leur cordon brahmanique. Le service religieux consiste,
comme dans les pagodes des villages de l’Hindoustan, dans 1 effroyable vacarme
que font lés brahmanes en frappant les tambours et les tamtams sùspendus au
plafond, et en sonnant dans diverses trompettes de tons et d octaves différents.
La discordance de ces sons est horrible. Un Grand-Mogol, ou plutôt un Grand-
Turc musicien, ferait pendre immédiatement tout le clergé hindou. La plus
terrible de leurs trompes est droite, presque cylindrique, longue de deux mètres
et largement évasée. La Bible décrit ainsi celles dont les sons firent tomber les
murs de Jéricho. Il y a de quoi vraiment!
A l’heure où les brahmanes font leur infernal concert, il ne me semble
pas que les autres habitants se réunissent autour de la pagode plus qu’ils
ne le font dans l’IIindoustan. Nul n’y va pour être simple spectateur. C’est,
parmi les acteurs, à qui fera le plus de bruit. Les derniers emplois frappent
sur une planche avec un bâton et crient comme des possédés. Ils paraissent
se délecter dans l’affreuse discordance de leur vacarme.
Au-dessus d’Oudjerighur, chaque village a, généralement, sur les pentes
les plus rapides de sou domaine, un verger planté irrégulièrement de Mûriers
et d'Abricotiers) ( Moriis vfcorum et Armeniaca vulgaris de mon catalogue).
Le Mûrier est Cultivé pour la profusion sans cesse renaissante de son
feuillage, qui sert à la nourriture du bétail. L ’Abricotier donne de très-
petits fruits, plus amers que sucrés. C’est le seul arbre fruitier qu’on me
semble cultiver, peut-être avec le Noyer; cependant celui-ci me parait réellement
indigène, tandis que l’Abricotier ne s’écarte guère des lieux habités.
Il n’y a pas de jardins. — Depuis peu, la Pomme de terre s’est répandue dansle
Népaul, où elle réussit parfaitement, et deviendra probablement un des articles
principaux de la subsistance des montagnards ; mais sa culture n’a encore qu’une
bien faible extension. — On n’v cultive aucun légume, aucun fruit. L ’O rge et le
Blé sont seuls cultivés. Les moissons d’Orge sont fort belles; celles de Blé
médiôcresi L’Orge, que je vois moissonner maintenant, se coupe avant maturité
parfaite à o“, i sous l’épi. Comme la moisson doit partout se rentrer à dos
d’homme, on la fait aussi légère que possible, en ne coupant de paille que
ce qu il en faut pour lier les épis en gerbe. Les sucs contenus dans cette
courte longueur du chaume ne sont sans doute pas inutiles à la maturation
du grain, que l'on entasse impunément sans qu’il s’échauffe, ou que l’on
fait mûrir de suite, en l’exposant au soleil sur l’aire pavée qui sert à le battre.
Les terres ne sont pas fumées : le champ le plus voisin reçoit seul tout
le fumier de l’étable. Cependant il n’y a ni jachères, ni assolements, pour
tenir lieu de l’engrais qui manque.
Les labours se font, dans les terres les plus inclinées, à la charrue que
tirent deux boeufs. La charrue n ’est qu’un bâton crochu, qui 11e fait que gratter
la terre. Des femmes, qui suivent le laboureur, brisent à la main les mottes