
Le 4 septembre i83o. — Au camp de Ghuyoumoeul, ou M Ê
Le Spiti, au-dessus de Daukhar, remonte au N .N .O . A jm ille (¿1.) au-
dessus du village, est son confluent avec le Spino qui descend de l’ouest.
C’est un très-large torrent qui a un cours étendu. Sa vallée comprend plusieurs
villages. De son sommet, on passe en Kanawer par le plus occidental
des cols de l’Himalaya qui conduisent de cette province en Spiti | on descend
par ce col en Kanawer, en suivant la vallée du torrent qui se jette dans le
Setludje un peu au-dessus du pont de Wongtou.La vallée du Spino est la route
par où descendirent les gens de Koullou qui vinrent piller Dankhar, il y a une
dizaine d’années. A 3 milles ( î 11)1'au-dessus du confluent du Spino, le Spiti
reçoit sur sa rive gauche un torrent étroit, rapide et profond, qui descend de
l’E .N .E . ou du N .E . C’est le Laloungtcho dont la vallée contient
plusieurs villages et hameaux. Je passai ce torrent sur un sanga, et quittant
la vallée du Spiti, je montai le long de ses bords sur sa rive droite. A i milles
(ÿffl de son embouchure dans le Spiti, je passai sous un hameau de deux
maisons, appelé l'soabriuig .
A i mille ( |l.) plus haut sur l ’autre rive, est un autre hameau de trois
maisons, et à a milles (31.) plus loin encore, un village dont les cultures
paraissent très-étendues. Mais avant que d’arriver en face, je quittai le vallon
du Laloungtcho, pour monter dans celui d’un affluent de sa rive droite qui
descend du N .N .E ., et bientôt après je quittai encore celui-là, dans lequel i ly
a plusieurs hameaux, pour monter au sommet d’une longue ravine oùne-coule
qu’un faible ruisseau, venant du nord. La montée occupa plus de 2 heures, et
elle est en général fort roide.Au sommet de cette ravine, est une large plaine
légèrement creusée en bérceau, et dominée par des moùtagnes sans neiges,
dont les pentes verdoyantes s’abaissent doucement vers elle. C’est le territoire
de Ghuyoumoeul. Il est exclusivement cultivé en Orge ( Hordeum exas-
tichon, avec un peu de Hordeum celeste), et ses moissons, qui sont encore
vertes, sont superbes. Le sol est noir, léger et profond. Ghuyoumoeul contient
14 maisons; mais chacune ayant de vastes dépendances pour les bestiaux, qui
sont très-nombreux, ressemble à une petite ferme, et l’apparence du village
annonce beaucoup d’aisance. Les maisons sont parfaitement bâties de pierres en
bas, et de bois en haut. Cette partie est peinte en blanc, et les pièces de bois
qui encadrent les trois petites fenêtres percées sous le toit, sont peintes en
rouge. Mais il n’en faut voir que l’extérieur; au dedans, c’est une horrible
saleté.
Ghuyoumoeul ne peut être élevé de moins de 2,ooop *' ( 609") au-dessus de
Dankhar, et je croirais plutôt que la différence de niveau excède sensiblement
cette quantité. Le Cytisus rubescens abonde bien au-dessous; et c’est à
peu près le seul bois de chauffage des habitants. A Dankhar, c’est le Rosier
de Nainjah.
La sécheresse du climat est excessive. Il ne pleut jamais, et il ne tombe
que peu de neige en hiver. C’est ce qu’indiquerait suffisamment la construction
des maisons, à défaut du témoignage des habitants. Le duvet de cache-
mir est assez abondant sous le jarre des chèvres, lequel est lui-même d’une
extrême épaisseur et d’une grande finesse. — Les chevaux sont en général gris,
comme dans toute la vallée du Spiti, mais plus grands, plus forts que dans les
autres villages.— Le pâturage est abondant.— Le docteur Gérard est le seul
Européen qui soit venu ici avant moi.
Le 5 septembre i83o. — Camp à 7 milles ( au N .O . de Ghuyoumoeul.
Les montagnes qui dominent Ghuyoumoeul au nord, sont à peine élevées
de 400° ou 5oo” au-dessus. Une pente très-douce conduit à un col élevé tout
au plus de 3oom au-dessus de ce village, et d’où l’on descend dans un vallon
un peu plus haut que le territoire de Ghuyoumoeul. Plusieurs ruisseaux coulent
dans le fond de ce vallon et y forment des marécages qui s’égouttent dans
le Spiti directement. Mais comme il n’est pas arrosable, il est tout à fait
inculte; peut-être aussi, quoique son élévation absolue ne puisse excéder que
d’une centaine de mètres celle de Ghuyoumoeul, à raison de l’exposition moins
favorable, le climat en est-il beaucoup plusrigoureux. A 2 milles(jl.) au delà, vers
le N . N . O ., mais dans une partie plus basse de la même plaine qui s’étend entre
la cime des montagnes qui dominent immédiatement la vallée du S p iti, et le
second étage de celles qui forment, au-dessus, les cimes les plus élevées, il y
a un autre village, dont je n’indique pas le n om, parce que chacun le nomme
à sa façon.
A une distance que j'estime de 12 à 15 milles ( 3 3 à 4 f 1 • ) en ligne droite
vers le n ord, s’élève une immense montagne pyramidale couverte de neiges.
Elle doit avoir au moins 22,ooop-a- ( 6yo5m) de hauteur, à juger par l’énorme
portion de sa hauteur qui est revêtue de neiges.
Il ne me semble nullement que la contrée en général s’abaisse vers le
nord. Le contraire plutôt serait exact. Les pics neigés se pressent les uns
sur les autres dans cette direction,et ils forment une zone de neiges pen
interrompue sur la rive droite du Spiti.
On trouve ici les mêmes plantes qu’au sommet de la vallée de l’Yurpo et
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