
La seule plante cultivée en Kanawer pour l’ornement est l’OE ille t d’Inde ;
je l’ai vu prospérer jusqu’à Nako (près de 4?00°m de hauteur absolue). A
Soungnum, il est commun, et l’est davantage encore au-dessous de Kanum.
I l paraît vénéré des Kanaoris comme des Hindous. Ceux-là en attachent,
de préférence à toutes autres, les fleurs à leur bonnet : les hommes au
côté droit, les femmes à gauche.
Je n’ai pas décrit le mécanisme grossier du moulin à eau qui sert a
moudre la farine, en Kanawer, en Spiti et dans les montagnes de 1 Himalaya
indien ; je le ferai ici.
La roue dentée étant inconnue aux montagnards, ils n’ont pas le moyen
de couder un axe de rotation : le plan de leur roue est horizontal, son axe
est vertical, Pl. X X X I I I , fig. 4. Elle est mise en mouvement par la chute
de l’eau sur des rayons plans, fichés obliquement dans son épaisseur. De là
une déperdition de force immense; mais c’est une circonstance absolument
indifférente, puisque l’eau ni la pente ne manquent nulle part.
L’axe de la roue traverse la meule inférieure, qui est solidement fixée; cet
axe tient à la meule supérieure qui tourne avec lui sur la première. La meule
mobile est percée dans son centre, d’une ouverture carrée qui admet l’extrémité
de l’arbre de la roue , et de façon cependant à laisser un passage au grain, qu’on
verse à la main par un angle qui demeure ouvert. La meule inférieure, par
l’ouverture circulaire au travers de laquelle monte l’arbre tournant et dans
laquelle il se meut, laisserait échapper une partie de la farine si elle était
plane; aussi son centre est-il élevé au-dessus de ses bords, tandis que la
meule supérieure est excâvée en cette partie : c’est dans une sorte dauge
circulaire que tombe le grain et qu’il est moulu.
La figure 4 , Pl. X X X I I I , montre la coupe de cette petite machine : pour
en figurer les accessoires, j ’aurais dû établir la meule inférieure sur une aire
plane et portée par une petite voûte jetée au-dessus du canal dans lequel tourne
la roue, et élever au-dessus de cette aire les murs d’une cabane.
La meule supérieure a environ om,4 à om,5 de diamètre, et om, i 5 d’épaisseur.
La vitesse de son mouvement rotatoire diminue encore de son poids par l ’effet
de la force centrifuge, et la mouture se fait très-mal et très-lentement. — Chaque
village a plusieurs de ces moulins. Quelque grossier que soit mon dessin, il
est infiniment trop exact dans ses-proportions pour représenter la grossièreté
de leur construction.
QUATRIÈME PARTIE. 407
Le 24 septembre i83o. — A. Pangui, et séjour jusqu’au 26.
Le 23 septembre x83o.— De Lipé aux Dâgris de Rarang.
Le 24 septembre i83o. — Des Dôgris de Rarang à Pangui, e t séjour jusqu’au 26.
■ Cette route, qui monte bien plus haut que celle de Zongui et Rarang, est cependant
moins inégale et beaucoup moins pénible, aussi est-elle plus fréquentée.
Eloignée de plusieurs milles du Setludje, elle n’a point à descendre dans
les vallées si profondes de ses affluents, près de leur embouchure dans cette
rivière. Comme la pente de tous ces torrents est énorme, à quelques milles du
Setludje leurs vallons ne forment, entre les montagnes qui les enferment, que
de médiocres dépressions.
Après avoir traversé le Téti en amont de Lipé, on s’élève lentement au-
dessus de ses bords. Les pentes des montagnes de sa rive droite sont bien
boisées dans leurs parties inférieure et moyenne. Le Déodar domine dans ces
forêts, où le Néoza disparaît bientôt : plus hau t, une espèce de Pin ( Pinus
attenüata JVMj'-se mêle fréquemment aux Cèdres : plus haut encore, on voit
des Bouleaux épars ça et là dans cette forêt, qui s’éclaircit ; ils en dépassent
la limite, formant au-dessus d’elle quelques bouquets de bois d’un.vert tendre
et déjà jaunissant. Au même niveau que les bouquets de Bouleaux, 1 'Azalea
sulphurea N. et le Rhododendron pulverulentum. N. ("celui de Jumnoutri )
couvrent de vastes espaces, ombragés çà et là de Bouleaux qui croissent au
travers. Je n’avais encore vu que quelques plantes d'Azalea sulphurea en
Kanawér, aux environs du col de Rounang, et je n’en avais aperçu aucune
de Rhododendron.
Ce n’est qu’après un examen comparatif de ce Bouleau avec celui d’Europe,
Betula alba, que je pourrai décider de son identité et de sa différence.
Cést un arbre tortueux de 5“ à 8“ , réduit à 3“ dans les situations les plus
élevées, dont le p o r t , en tenant compte de l’influence de la station alpine,
diffère peu du nôtre. Son écorce est blanche et satinée ; celle de ses jeunes
rameaux est brune et luisante comme dans le jBetula albâ. Mais les couches
de son liber se détachent bien plus facilement et en bien plus grand nombre
que dans l’arbre d'Europe. Elles servent, en Kanawer, à plusieurs des usages
du papier, mais surtout à couvrir le toit des maisons. On en forme un lit continu
au-dessus des madriers du plancher ; c’est sur ces écorces qu’on bat de la
terre délayée ; elles ne se pourrissent pasi fi- C ’est une des exportations de Kanawer
en Hangarang, en Spiti, et dans les districts voisins de la Tartarie chinoise
dont les habitants vivent encore dans des maisons.
Au-dessus de XAzalea, du Rhododendron et du Bouleau, il n’y a plus que