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Quelques-unes dés masses amphiboliques, si on les observait superficiellement
et à l’exclusion des autres, pourraient faire naître l'idée de dykes ou de
filons. Mais le parallélisme des feuillets talqueux ou micacés des Schistes d’alentour,
avec les plans.qui les terminent, et l’accumulation graduelle de 1 Amphibole
dans les Schistes talqueux ou chloriteux des bords du Setludje, à mesure
qu’ils s’approchent de ces masses amphiboliques, éloignent tout à fait ce
soupçon.
Ces masses hétérogènes, empâtées les unes dans les autres , ne sont, sur une
échelle immense, qu’un des caprices de la cristallisation dont nous sommes accoutumés
à voir les résultats dans les accidents de la structure cristalline de toutes
les roches primitives. L ’immense calotte surbaissée de roches quartzeuses que j ’ai
été assez heureux pour observer àda base des montagnes de Koullou, sur les
bords du Setludje, montre que , lorsque le Quartz se sépare de la matière tal-
queuse ou micacée des Schistes dans lesquels il s’était répandu assez uniformément
en veines minces entre leurs feuillets, et s’isole pour cristalliser, non en nodules
de quelques lignes ou de' quelques pouces de diamètre, mais en masses
étendues de plusieurs centaines de mètres, il garde la même tendance ( dans ce
terrain) à la forme lenticulaire. Il doit en être de même de l’Amphibole; ces
«■randes massés qu’il forme presque sans mélange au milieu des Schistes, et
que l’on pourrait prendre, si on les en voyait isolées, pour des lambeaux d une formation
indépendante, ont exactement la même manière d’être que les petits
amas amphiboliques qu’on y trouve si fréquemment disséminés. Ce ne sont
pas des surfaces courbes, mais toujours des plans qui les terminent, et presque
toujours des plans qui se’rencontrent et se côupent a angle droit.
La pente moyenne des montagnes où sont situés les villages de Gaoura et de
Sourann, est composée essentiellement des mêmes roches schisteuses, soit tal-
queuseSjSpitmicacées, qui semontrent après les roches amphiboliques. Le Quartz
11 renferme de petits amas, ou des amas très-étendus de Gneiss, exactement comme il en for-,
mait lui-même dans cette roche avant d’être devenu la roche dominante.
En certaines parties, il alterne tellement ivec.elle , non par des passages insensibles, mais par
les sauts les plus brusques, qu’on ne peut dire laquelle des deux domine.
Cet échantillon n° (G .A. ifiS) montre'-un de ces passages-si fréquents, pris, au-dessous de
Natchar. Stratification nulle, ' ' , . . , ï 5 ' ' , , HH ,-r.
(G . h. i66. Y Granité veiné passant, A-l’Eurite gramtoide. Structure pseudo-reguhere. Stratification
nulle. Il est lié au Granité précédent, et parait y former, avecles roches suivantes (G. h. 167),
(G h 168; ’{G. h. 169), un immense amas dans lequel est creusée la ravine profonde du torrent
qui débouche dans le Setludje, rive gauche, immédiatement au-dessous du sanga de fVongtou.
(G. h. 167.) Eurite schistoïde (Brongniart) (Weisstein des Allemands, schisteux, chloriteux
et micacé). En masses non stratifiées, divisées pseudo-régulièreroent, et qui alternent tantôt
brusquement, tantôt par transition lente, avec le Granité veiné précédent. Du même lieu.
(G. h. 168.) Schiste Chloriteux amphibolique, alternant avec les deux roches précédentes. Il
court souvent en veines et en fait de véritables Micaschistes. Le Feldspath est
rare, et ne Se trouve guère que dans de petits amas de Granité, ou plutôt de
Leptynite, enchâssés entre les feuillets contournés des Micaschistes. Cependant,
il y a des masses plus grandes de roches granitoïdes : dégagés des Micaschistes
très-facilement destructibles qui les enveloppaient, on voit fréquemment leurs
blocs épars sur les pentes des montagnes.
Nulle p a r t, la structure des roches schisteuses n’est aussi contournée en petit,
tandis que les contournements de leurs masses en grand excèdent, s’il est possible,
ceux que j ’ai observés sur les bords du Setludje. Le plus petit fragment
que Ion en puisse détacher, montre ses feuillets tordus, plissés en zigzags anguleux
ou courbés de mille manières.
Si l’on mène une ligne par les plus hautes cimes de l’Himalaya dans cette
partie de la chaîne, et qu’on la prolonge au-dessus de la profonde échancrure
q u y forme la vallée du Setludje, à la rencontre des sommets neigés qui continuent
à s’élever au-dessus d’elle dans le pays de Koullou, vers Cachemir, cette
ligne, assez peu brisée, passera sensiblement au-dessus de Sourann ou entre
Sourann et Trandah.
On traverse donc l’axe géographique de l’Himalaya entre ces deux endroits.
C est par le niveau moyen de 2000“ que j ’ai marché de l’un à l’autre. Les montagnes,
dans cet intervalle, au lieu de dominer d’une plus grande hauteur le
cours de la rivière qui les traverse, continuent à fuir par des pentes plus douces
et nulle part peut-être la distance horizontale des bords du Setludje à leurs pics
les plus élevés, n’est aussi considérable. Celui qui ignorerait entièrement leur
direction, et qui monterait depuis les plaines de l’Inde ou du Pendjâb le long
des bords du Setludje, ne s’apercevrait nullement qu’il traverse ici obliquement
l’axe des plus hautes montagnes du monde. C’est que la section de cette
alterne brusquement avec le Granité veiné (G. h. 166), se trouve entre lui et le Granité dominant
d’alentour (G. A. l 65)', et il passe insensiblement à l’Eurite schistoïde’ (G. h. 167). Du même
lieu.
(G. h. 169.) Granité ne renfermant que quelques amas disséminés de Quartz et de Mica bronzé
et par la minéralogiquement semblable à celui qui domine à l’entour de l’assemblage des trois
roches hétérogènes décrites précédemment (G. h. i68),(G. h. 167), (G. h. 166). Il forme, au travers
d’elles, plusieurs filons très-épais. J’ignore si ces filons se prolongent jusqu’à la masse du terrain
granitique environnant. Du même lieu.
(G.V¿. 170.) Granité à grands cristaux de Feldspath et Mica blanc ou bronzé, rassemblé en
amas peu communs. Stratification nulle. Domine sur la rive droite du Setludje, entre le sânga de
Wongtou et le village de Tchégaon, altèrnant avec le suivant (G. h. 171). .
C’est exactement la même roche qui pénèti'e en filons au travers de la masse hétérogène (G. h.
*68), (G. h. 167), (G. h. 166), et qui constitue les montagnes de la rive gauche du Setludje,
autour, au-dessus et au-dessous de Natchar, et (G. h. 165).
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