
seraient les moins éloignés du type mongol : quelques-uns parmi eux avaient
entièrement ce caractèré, tandis que d’autres, leurs voisins, montraient les
figures européennes les plus diverses. En Spiti, les nez aquilins, qui se voient
quelquefois au-dessus de moustaches bien fournies, au milieu de faces moins
insipides que les autres, me paraissent devoir être une des conséquences des
guerres dont cette vallée était autrefois le théâtre habituel. Cette amélioration
partielle de la race est sans doute l’oeuvre des montagnards de Koullou, qui y
faisaient de fréquentes excursions déprédatrices.
Un caprice bizarre de la nature dont je ne saurais donner la raison, cest
l’impossibilité d’élever en Hangarang des chèvres à paschm, tandis q u il n y
en a pas d’autres en Spiti. Le climat, les productions, le niveau, sont sensiblement
les mêmes à Chango, Hango, Skialkhur et Lari; chaque année, des
chèvres à paschm sont ramenées de Garou ou de Ladak dans les villages
d’Hangarang, et cependant Lari est le premier où les troupeaux fournissent
ce duvet précieux. Toutes les races d’animaux sont plus belles à mesure quon
s’élève d’Hangarang en Spiti. Le y âk est plus fort; son produit avec la vache
surtout, est plus grand; les chevaux sont plus hauts de taille et mieux fournis;
les moutons, les chèvres pareillement ; et quoique le pâturage soit composé
des mêmes herbes dures et rares qu’en Hangarang , tous ces animaux sont en
meilleure condition.— Peut-être la cause de cette différence existe-t-elle dans
l ’abondance des efflorescences salines, qui semblent s’exhaler du so l, en une
foule de lieux, aù-dessus du confluent du Gumdo avec le Spiti, et conséquem-
ment dans le district de ce nom.
Le goitre existe en Hangarang, sans être commun. L’élévation absolue me
semble avoir moins d’influence sur sa production que la configuration des
lieux. A Hango, élevé de près de 4,°oom, il est très-commun. Ce village est
dans un fond. Il est moins répandu à Chango et à Skialkhur, quoique situés
à 800“ plus bas, et près des bords du Spiti— Je l’ai observé, mais rare et
peu développé, jusqu’à Ghuyoumoeul, à près de 5,000“ d’élévation et dans
une situation peu dominée. — Peut-être cette maladie est-elle plus rare généralement
en Kanawer, où l’élévation moyenne des villages au-dessus du
fond des vallées est plus considérable qu’en Hangarang et en Spiti.
Je n’ai vu aucune espèce d’armes entre les mains des habitants, tandis que
dans quelques vallées sur le penchant opposé de l’Himalaya, chaque villageois
a un mauvais arc pendu sous le toit de sa maison.
Il y a quelque chose à faire de ce Pergunnah d’Hangarang, tout pauvre
qu’il est, dit Herbert, à la fin de son mémoire. Quant à moi, il me semble
qu’il n’y a pas un épi de blé à récolter de plus que ce qu’il produit à présent,
pas une botte de foin de plus à sécher, par conséquent pas une chèvre, pas
un mouton de plus à y entretenir, et, pour conclure, aucune possibilité d’un
commerce plus étendu avec Ladak et Garou, que celui qu’on fait maintenant.
M. Gérard estime à 10,000 âmes la population du Kanawer, et il présenté
quelques éléments de son calcul qui semblent assez plausibles ; mais comme ils
ne sont pas décisifs, je suppose ce nombre trop fort. Le Kanawer et le Hangarang,
tout ensemble, comprennent 5o villages ou hameaux. Le nombre de
M. Gérard porterait à 200 âmes la population moyenne de chacun. C’est certainement
beaucoup trop. L’illusion sur le nombre des familles naît de celui des
maisons. Dans l’Inde, il y a une hutte pour une famille, et autour de cette
hutte on ne voit aucune espèce de dépendances. Il n’en est pas de même dans
les montagnes, où les habitants doivent garder en réserve une multitude de
provisions pour l’hiver. M. Gérard prouve sa méprise en observant qu’à Lipé
les maisons sont fort petites, et faites entièrement de bois. Il est bien extraordinaire
qu’après avoir voyagé plus d’un mois en Kanawer, où partout chaque
villageois, près de sa demeure, possède une de ces petites maisons de bois
pour renfermer son grain, sa laine, son ghui, etc., etc., M. Gérard ait été
frappé de leur nouveauté à Lipé, et qu’il ait ignoré jusque-là leur usage.
Kanum et tous les villages du Kanawer présentent maintenant le spectacle
riant de leurs secondes récoltes : c’est du Sarrasin de Tartarie et du Millet.
Il n’y a de culture possible que là où l’on peut amener des eaux d’irrigation.
Le sol le plus riche, s’il n’était pas arrosé, serait stérile, tant est grande
la sécheresse du climat; c’est la règle en Kanawer. Après les nuits les plus
pures, les plus froides et les plus calmes, je n’ai jamais vu de trace de rosée.
I/atmosphère, dans le jour, est si éloignée du terme extrême de l’humidité
hygrométrique, que le refroidissement très-considérable de ses couches inférieures
est loin de l’y amener. Je n’ai observé de précipitation aqueuse nocturne
que dans mon excursion à Békoeur : campé à plus de 4,000“, j ’ai vu alors
la terre couverte de giv re, après quelques nuits sereines qui succédaient à
une série de jours nébuleux.
Rien ¡de ridicule comme la manière dont parle M. Gérard de ce pays.
Telle vallée, dit-il, est une des grandes divisions du Kanawer : tel village comprend
plusieurs divisions. Division, dans le premier cas, signifie deux ou trois
misérables hameaux, et, dans le dernier, souvent une maison. Mais il regardait
ce pauvre petit pays comme sa découverte; Herbert pareillement, et tous
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