
ghui égale celle des toisons de mérinos, et dépasse de beaucoup la longueur
de celles de Southdown.
En général, les marchands kanaoris que depuis un mois j ’ai rencontrés en
assez grand nombre, revenant de Garou, ou des autres marchés de la Tartarie
chinoise, portent un sabre ou un fusil à mèche; mais ce dernier est constamment
hors d'état de service. De Zongtchum à Garou, ils représentent la route
comme assez unie; les rivières nombreuses., lentes dans leur cours, vaseuses,
profondes d'un mètre:; point de ponts sur aucune d’elles; l’Indus à Garou
, divisé en une multitude de branches, comme le Spiti à Danhhar ; pas
un arbre ; pas un buisson ; aucune autre plante ligneuse que le Cytisus rubes-
cens N ., qui manque lui-méme; sur de vastes espaces, où il n’y a d’autre
combustible pour les, caravanes que le fumier desséché des yaks. D’ailleurs,
la contrée n’est pas une vaste plaine, une steppe unie; elle est fortement
ondulée.
Or , ce n’est qu’au-dessus de t 5,ooop'“' (4>57am) que j ’ai trouvé, soit vers
Békoeur, soit vers Dankhar, le Cytisus rubescens, sans mélange du Cytisus ta-
taricns N., et de 1 ’ Astragalus mi.crophylliis A. J'estime qne le niveau habituel
de la route de Garou, c’est-à-dire de cette contrée extraordinaire que nous
avons appelée, sans la connaître, le plateau du Thibet, excède 5,ooo mètres.
D’après la description que me font mes Kanaoris de deux officiers chinois
qui résident à Garou, pendant la foire, j ’ai lieu de supposer que ce sont des
Tartares de Lassa, et non des Chinois de l’Est. Us ont une garde de aoo cavaliers
armés et vêtus de toute façon. Beaucoup de Musulmans visitent Garou,
les uns de Cachemir, les. autres d'Yarkhund. Tel est le; concours des voyageurs,
qu’à l’époque de la foire il y a plus de 3,ooo chevaux à Garou. L’herbe,
quoique courte et grossière, ne manque pas pour les nourrir. Point de neige
en é té , peu en hiver. Les gens du pays, vivent dans des tentes noires, faites
de poil de yak. J’ignore comment subsistent leurs bestiaux pendant l’hiver.
Toutes les communications avec Kanawer sont fermées dans cette saison.
Quelque misérables que soient les forêts autour de Soungnum, leur aspect
me plut singulièrement en revenant du Spiti. Le seul arbre indigène dans
cette vallée est le Juniperus arborea, qui est très-rare ;, et dans sa partie inférieure,
aux expositions les plus chaudes, le Colutea hyphascos, qui y atteint
3” et 4“, et le Fraxinus terebinthus, de la même taille; mais tous deux, comme
les Genévriers, sont des raretés. Je ne sais cependant si le Peuplier (Populus
cordifolia) ne croit pas spontanément près de Skialkhur. Quant à 1 autre
espèce du même genre, je ne l’ai jamais vue que près des habitations,, et elle
n’est pas commune..
Toutefois cette.tache brillante de verdure des environs de Soungnum, n’a
que fort peu d’étendue. A 4 ou 5 milles, ( r j ou r |L ) au-dessus de ce. village, se
trouve le dernier de la vallée du Bnuskalang : il s’appelle Ropa. C’est là qu’on
fait avec le bois du Juniperus arboreales seaux, les vases de toute espèce qui
servent à contenir l’eau et le lait, en Kanawer, et qui s’exportent en Ladak
et à Garou.
Au delà de Ropa > est le col de Manirung, d’où l’on descend à Maries, le
village contigu à Paukh, sur là rive droite du Spiti, sans rencontrer aucun,
lieu habité. Cette route, suivie rarement, à cause de ses difficultés, est impraticable
pour les yaks. Les chèvres seules et les moutons y peuvent passer.
De. Manès à Soumra,il y a une route faisable en un jour; mais quoiqu’elle
ne s’élève pas à une très-grande hauteur, elle est impraticable pour les chèvres
même; les hommes seuls, à vide, y peuvent passer.
Je n’avais vu que l’extérieur du temple de Soungnum; on m’en montra
l’intérieur à mon second passage. Les murs sont barbouillés à fresque,
d’images assez semblables à celles de Hango. Je remarque dans le nombre cette
figure monstrueuse qui porte un diadème de crânes humains. Mais ic i, il n’y
a pas de statues. Ce qui en tient h eu , c’est une machine rotatoire, dressée
verticalement sur son axe. Elle a a” de hauteur pour le moins, et o", 8 de
diamètre. Son axe est une tige de fer, et sa circonférence est couverte de
papiers peints. Des chiffons dégoûtants sont pendus alentour et la cachent
presque entièrement. Une vieille femme, qui n’eût pas manqué d’être brûlée
quand c’était la fin des sorcières, vint faire la cérémonie du soir : elle changea
le grain placé le matin dans quelques petits vases de cuivre, posés devant
quelques magots du même métal, et alluma une petite lampe; mais le tout
méthodiquement, faisant résonner une coquille percée dé trous, et agitant une
sonnette à certains périodes de son sacrifice. Le cylindre rotatoire exige au
moins deux hommes pour être mis en mouvement. Près du temple, il y en a
un d’une construction grossière, qu’un courant d'eau fait tourner constamment,
L ’intrusion d’une femme dans le service d’un temple, est la preuve du peu
de considération que ces gens ont pour leurs dieux. Ge serait, dans l’Inde,
le comble de l’abomination.