
voyageurs feraient dans l’intérieur des montagnes. Aucun nivellement barométrique
n’en aurait eu une aussi avantageuse. Mais, quoique l’Inde soit certainement
de tous les pays celui où les instruments météorologiques soient le plus consultés,
ils le sont généralement avec une telle négligence, un tel défaut de critique,
qu’il n'existe pas encore d'éléments pour fixer une seule de ces bases. La
faible différence de niveau de Calcutta avec la mer est dans le doute. Sur
toute la surface de la contrée, il n’y a pas plus de cinq à six baromètres
qui aient été comparés avec le médiocre instrument journellement et
officiellement observé à Calcutta, une dizaine de fois dans les vingt-quatre
heures; la comparaison faite , le baromètre-voyageur parcourt l’Inde en tous
sens, et jusqu’à ce qu’il se brise, on regarde ses indications comme exactes
et toujours comparables avec celles de l’étalon de Calcutta ; nul désir de le
comparer de nouveau avec un instrument qui a subi plus récemment la même
épreuve. ■
C’est donc avec des instruments généralement médiocres, presque jamais
comparés, et toujours observés sans critique, que l’on calcule, sans autres
observations correspondantes que celles de Calcutta, la hauteur des montagnes
de l’Himalaya. Peut-être les lieux dont on a déterminé le niveau avec
une approximation^ si grossière, servent-ils ensuite de basé à des opérations
trigonométriques pour mesurer les cimes de la chaîne centrale où Ion ne
peut porter le baromètre; et pour peu que les erreurs s’ajoutent aü lieu de
se compenser, ce qui doit arriver dans la moitié des c a s , on voit quel degré
dé Confiance mérité l’opération définitive.
J’aurais désiré substituer à ces grossières estimes, pour la hauteur de quelques
montagnes plus remarquables, la grande exactitude dont la méthode
barométrique est susceptible quand on se soumet à toutes les conditions qu’elle
impose, et, pour ne négliger aucun des .moyen s d’en approcher, je comparai
soigneusement mon baromètre avec l’étalon de Calcutta, puis à Saharunpour
avec une couple d’instruments qui servent journellement à M. Roylc. Mais
tandis que j ’apporte à mes observations une précision extrême, à quoi sert-elle,
si ce n’est à réduire à la moitié de leur étendue ordinaire, la part des incertitudes
et des erreurs des autres observations ambulantes faites dans le même
but? Car je ne puis croire qu’à Saharunpour, ni qu'à Calcutta, on apporte le
même soin aux observations correspondantes. Je suis d’avance assuré du contraire.
L'étalon de Calcutta est placé dans une situation tellement défavorable,
que son thermomètre de correction n’indique qu’avec ambiguïté sa température
réelle : la lumière manque pour lire, sur son échelle supérieure, les degrés de sa
division, et, quant aux abaissements et aux élévations du mercure dans la cuvette
au-déssus du zéro de cette échelle, on ne les .estime qu’approximativement :
le thermomètre extérieur n’est pas mieux disposé : enfin, c’est un natif qui tient
note des indications météorologiques. A Saharunpour, le baromètre est mieux
placé, mais l’instrument est tout à fait médiocre, et il manque de thermomètre
de correction : la température de la pièce où on l’observe, suspendu contre une
fenêtre qui sert de porte en même temps, est nécessairement trop variable
pour que la sienne propre soit indiquée fidèlement par un thermomètre placé
auprès : le thermomètre extérieur est dans la plus mauvaise situation.
Telle est cependant la régularité de la marche du baromètre et la faible
étendue de ses variations accidentelles, dans la zone comprise entre Calcutta
et Saharunpour, qu’en extrayant moi-même avec choix, des registres météorologiques
tenus dans ces deux lieux, les séries d’observations les plus dignes de
confiance, je parviendrai probablement à déterminer leur différence de niveau
avec un degré d’exactitude qui ne serait pas surpassé peut-être par la comparaison
très-prolongée d’observations parfaitement faites, mais recueillies enEurope à
des latitudes où l’atmosphère est le théâtre de perturbations continuelles. Après
avoir ainsi déterminé l'élévation de Saharunpour, ses moyennes mensuelles
me serviront pour calculer mes observations ambulantes lorsqu’il n’en aura
pas été fait de simultanées.
La situation de Kédar-Kanta est extrêmement favorable à une mesure barométrique.
Le temps était encore assez beau à 1 x heures du matin quand
j y observai le baromètre à 4 8 son thermomètre.de correction à + 6”'
et la température de l’air à + 5°, 7.
La méthode grossière et expéditive de calcul qui me sert à lire en voyage
les hauteurs de mon baromètre en hauteurs verticales, donne, pour ces éléments,
3888m ( 12756p- -*■ ) d’élévation absolue. C’est 20“ ( 67 p-, *■ j de plus que
celle qui est assignée, à cette montagne dans la carte de Cary, j ’ignore sur
quelle autorité, 12,689p*- o u 3868“ ; c'est une rencontre de hasard. Vingt mètres
ne sont que le 200e environde la hauteur, divergence singulièrement petite entre
des nombres calculés si grossièrement; car, quelque approximatif que soit
mon calcul expéditif, la méthode qui a servi à estimer la hauteur que je vois
consignée sur la carte ne peut guère être plus exacte, et quant à la critique
de l’observation, il est fort probable qu’elle a été moinsjudicieuseque la mienne
Deux couches de vents différents soufflaient en même temps ; l’une inférieure
et du S.O., mais qui montait jusqu’à la cime de la montagne. C’est le
vent que je vois régner le jour habituellement, et souffler dans les lieux