
Son élévation, néanmoins, ne laisse pas que d'être considérable, d’après
une observation du baromètre, faite par un temps superbe fa 186“ au-dessus
de Calcutta ).
Les vapeurs qui montaient à cette heure des vallées, cachaient presque
entièrement les divers p l a n s des montagnes qui s’élevaient en face vers le N.
et le N .E . L’incertitude de leurs contours, dans cette atmosphère vaporeuse,
les faisait paraître très-élevées.
Les pentes le long desquelles je descendis, frappées par le soleil uue
heure après son lever,-étaient déjà, malgré leur élévation, d’une chaleur
accablante. Les vallées, plus larges et plus profondes, que sous Landaor et
Mossouri, s’échauffent davantage, e t, dès cette heure, des courants .ascendants
d’air chaud montent de leur fond vers les sommets. Le Rhododendron
devint plus -rare dans la forêt, à mesure que nous nous abaissâmes; le
Pinus longifolia le remplaça peu à peu, et quand 1 Andromeda et les Chênes
disparurent à leur tour , ce conifère occupa seul tout l’espace. C’est ici un
arbre de 15m ou 20m, bien rarement davantage. Son tronc est parfaitement
droit et atteint om,5 de diamètre. Sa forme est régulièrement conique , et
ses rameaux obscurément verticellés se redressent légèrement. Sa teinte et
son port ne sont pas absolument différents de ceux du Pinus strobus de l’Amérique
septentrionale.
Cet arbre descend de ce côté des montagnes jusqu’au-dessous de la limite
ou s’élèvent une foule de plantes du Dhoun et des. montagnes du Keyri-pass.
Le Bauhinia purpurea, entre celles-ci, s’avance le plus haut. A une centaine
de mètres au-dessus de sa limite supérieure, je vis les premières Euphorbes
citées page
Le Saccharum spontaneum, Grislea romentosa, etc., etc.; se montrent
avec elles.
La croupe sur laquelle je descendais vers les vallées du Gange, se rétrécit
bientôt en une crête qui sépare deux vallons. Avant d arriver au niveau des>
vallées, elle s’élargit et sa pente s’adoucit brusquement.
Le hameau de Lalouri est situé sur cet étroit grâdin, Pl. X X V I , fig. 3.
C’est la situation accoutumée des villages. Son territoire, composé de quelques
arpents de terres cultivables , est presque de niveau, et une observation du
baromètre faite à une quinzaine de mètres au-dessus du hameau, à midi,
donne 1188m pour la hauteür au-dessus de Calcutta.
A ioom ou 200m plus haut ou plus bas, j ’aperçois sur les montagnes voisines
plusieurs hameaux semblables. Mes gens se dispersent vers ceux qui ont
la meilleure apparence, et après avoir battu tout le pays, mes Gorkhas m’amènent
un vieux coq, un poulet qui vient d’éclore, trois oeufs, et le possesseur
de ces richesses, le Zémindar ou fermier de l’un des hameaux. C’est
unxpauvre diable presque nu. Il répète à satiété que je suis son Roi, son
Rajah, et qu’il est mon serviteur, mais pour ses provisions il demande le
triple de leur valeur. Les poules vraiment n’en ont pas dans ces lieux retirés ,
où il n y a pas de Musulmans pour les acheter, car les Hindous ne les mangent
pas, non plus que les oeufs. Elles sont rares,* et ce n’est pas là ce qui m’étonne.
Ce qui me surprend, c’est qu’on en puisse trouver une seule.
Les montagnards, Pl. XXVII, que l’on emploie à Landaor et à Mossouri poury
apporter les fardeaux du Dhoun, et généralement pour toutes les corvées pénibles,
sont des gens de bonne volonté qui s’offrent moyennant 4 ou 5 roup. ( io à i l fr.)
par mois à qui les veut employer. Leur costume ne diffère que par la couleur
blanche ou brune de la grossière étoffe de laine dont il est formé ; c’est une
tunique romaine, ou chemise à manches courtes, ordinairement réduite à un
tel état de haillons que sa forme primitive est tout à fait méconnaissable;
c est un lambeau déchiqueté sur le dos, attaché par une corde à quelques loques
qui pendent sur la poitrine ou le ventre. Un langouti de toile est la seule
partie de leur habillement, non trouée; elle laisse néanmoins beaucoup à
désirer à la pudeur. La plupart vont pieds nus; ceux qui portent des souliers,
ont les pieds enfermés dans des sortes de sacs de laine garnis de cuir par
dessous. Tous ont les jambes et les cuisses nues. J’ai rencontré depuis mon
départ de Mossouri plusieurs bandes d’autres montagnards. Ils étaient beaucoup
mieux vêtus. Leur tunique avait des manches; et ils portaient tous des
pantalons et des souliers de cuir et de laine. Je leur demandai quel était leur
pays. Tous étaient des gens des,plus hautes vallées de l ’Himalaya.
J admire comment deux de mes domestiques bengalis supportent le froid vif
du matin. A peine se couvrent-ils plus que les montagnards; mais la nuit,
ils s enveloppent de vêtements chauds, et ceux-ci dorment nus sur la terre.
La santé des Indiens me paraît généralement meilleure que la nôtre dans
notre propre pays. Depuis 6 mois que je voyage avec une quinzaine d’hommes,
je n en ai pas laissé un seul derrière pour cause de maladie. Leur peu de
nourriture est exclusivement ¿végétale, mais épicée d’une manière terrible.
Quand j arrive au terme de ma marche, tous les gens dont je n’ai pas besoin
se mettent nus, à l’exception d’une ceinture autour des reins qui couvre
légèrement lès cuisses. Qu’il fasse chaud ou froid, ils eomméncent par là,
comme si c’était un devoir de religion; et s’il y a de l’eau dans le voisinage,
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