
rouge, comme certaines Pommes, sont gros comme de petites Nèfles. Leur
chair est molle comme celle de la Nèfle, mais parsemée d’une multitude
de grains pierreux. Leur saveur, quoique douce, est plutôt désagréable. Cet
arbre n’est pas si rare que je l’aurais cru d’après mes observations : Pot-
tranme m’assure qu’il se trouve dans toutes les hautes forêts de Bissahir, sur
l’un et l’autre penchant de l’Himalaya. L ’Abricotier et le Pêcher abondent
autour de Djangling, avec le Noyer, le Mouron ( Quercus ilicifolia), dont
le feuillage, quoique dur et épineux, sert à la nourriture des bestiaux pendant
l’hiver, et le Mûrier (Morus vicorum), qui aie même usage et quej avais
déjà aperçu à Bouroune avec le Marronnier, qui l’accompagne également a
Djangling. Les différences que j ’avais observées dans le feuillage et la fleur de
ce dernier arbre, et qui me le feraient distinguer spécifiquement d e l'Æsculus
hypocastanum, se trouvent maintenant confirmées par l’inspection du fruit.
C’est une capsule pyriforme, plus petite que celle du Marronnier d’Inde, dont
les valves sont parfaitement distinctes et dont la surface est tout à fait lisse.
J’ajouterai, pour achever l’énumération de toutes ses différences avec Y Æsculus
hypocastanum, qu’il est tardif dans ses développements, relativement à
d’autres espèces, telles que le Noyer, beaucoup plus tardives que XÆsculus
hypocastanum en Europe ; et tandis que chez nous le feuillage de celui-ci se
flétrit aux premiers froids de l’automne, XÆsculus hypocastanoïdes y résiste
ici parfaitement. La constitution des deux espèces, relativement au climat, est
donc absolument distincte. D’où nous vient XÆsculus hypocastanum ?
J’arrivai à Djangling en même temps qu’un Collecteur qui venait de Mossouri
pour visiter le col de Bourendo. Il était accompagné d’un jeune officier de
cavalerie. Il voyageait en Collecteur, c’est-à-dire, avec un train considérable de
domestiques et de porteurs (80 de ces derniers). Il était parti de Mossouri
19 jours auparavant, et avait dû forcer de marche pour venir en ce temps.
Quatre de ses porteurs étaient morts dans les premiers jours du voyage, à la
suite des pluies qui l’avaient assailli. Il me cita plusieurs habitants de Mossouri
qui, dans des excursions de quelques jours autour de leur demeure, en
avaient perdu un plus grand nombre. Il parut presque surpris que je ramenasse
tout mon monde en bonne santé, après un voyage aussi long que le mien.
D’ailleurs chrétien des plus zélés, il déplora mon scepticisme, et en buvant
du grog et en fumant son houka depuis 8 heures du soir jusqu’à minuit, il
essaya de me convertir. Quoiqu’il ne fût pas allé à Simla, il avait appris mon
excursion à Békoeur et en Spiti ; j ’ignore comment. Nous nous quittâmes fort
amis pour des gens de rencontre si courte, malgré les énormes divergences
de nos croyances et de nos opinions. Il me confirma que les pluies avaient été
à Mossouri, comme à Simla, d’une violence et d’une continuité inouïes. Pendant
les mois de juillet et d’août, on n’aperçut jamais le soleil, et le brouillard ne
permettait pas de voir à plus de 10 pas de soi. Plusieurs soi-disant malades y
devinrent très-sêrieusement malades par suite de cette humidité excessive, qui les
confinait dans leurs mauvaises maisons, sans leur jamais permettre de prendre
l’air au dehors. Dans les plaines du nord de l’Inde, les pluies, ont été aussi
d’une force inaccoutumée.^ La substitution du gouvernement du roi à celui de
la Compagnie, paraît à ce Collecteur une circonstance absolument indifférente
au bien-être des Indiens et à la bonne administration de ce pays. Elle lui semble
devoir n’amener d’autre résultat que de mettre aux mains du ministère le patronage
exercé maintenant par la cour des Directeurs. C’est, dit-il, une question
de politique intérieure, et nullement de politique extérieure, vue qui me
semble exacte.
Les 5 , 6, y et S octobre i 83o. -—De Djangling.a Pecca, Chergaon} Pou-
rou-Khôti et Deohra. — La vallée du Pâbeur est la plus belle que j ’aie vue au
sud de l’Himalaya. J’en avais vu la partie inférieure, au-dessous de Raunghur,
dans une saison défavorable, au commencement de juin. Au-dessus de Raun-
ghur jusqu’au Snowy-range, elle a un caractère absolument différent, et qui
lui est particulier.
Les montagnes de la rive gauche du torrent sont en général très-roides et
bien boisées. Leur élévation est considérable, et leurs cimes au-dessus des
forêts sont herbeuses. Celles de la rive droite'ont des formes arrondies et des
pentes douces, et sont plus fréquemment interrompues par l’ouverture de
vallons latéraux qui y débouchent. Il y a peu de bois de ce côté; mais les
herbages sont magnifiques, et les gradins adoucis des montagnes portent une
multitude de villages, de hameaux et de cultures. En face, ils ne laissent pas,
quoique moins nombreux, d’être fort rapprochés les uns des autres. Enfin,
sur les bords du Pâbeur, règne presque sans interruption une bordure souvent
assez large de prairies et de rizières. Le Riz commence à paraître autour
de Pecca, où sa culture prospère à une élévation de plus de 7,ôoop “' ( 2i 34m) :
c’est l’Oryza saliva y comme dans les plaines de l’Inde, moins élevé, moins
productif que dans le Bengal, mais qui a besoin également d’être inondé.
Je soupçonne fort que le Riz de montagne, que l’on dit réussir sans le secours
de l’inondation, n’existe pas.
Plusieurs espèces de Panicum ( Panicum italicum, Panicum miliaceum,
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