
nous cultivons en Europe ; ses fruits, dont j ’ai vu les débris, me semblent les
mêmes. L’autre arbre est un Abies; il forme les sombres forêts qui s'avancent
sur la croupe des montagnes jusqu’aux neiges qui les couvrent. Je l’avais pris ,
depuis deux jours , ,pour le Déodar.; mais le Déodar ne se trouve dans cette
partie1 des montagnes qu’en individus isolés., ou en groupes très-circonscrits.
Le Sapin que j ’ai recueilli aujourd’hui atteint 3om et plus. Il est droit comme
Y Abies excelsa, dont il ne diffère pas beaucoup par son port dans sa jeunesse.
Ses rameaux sont alors légèrement redressés., même les plus bas, et ceux
du sommet ne forment pas avec la tige un angle de plus de 45°; plus tard,
dans la vie de l’arbre, les branches du sommet elles-mêmes s’étalent, et
celles du bas penchent légèrement; enfin, à toutes les périodes de son existence,
les divisions des rameaux sont absolument pendantes, et les cônes
et les chatons des fleurs mâles participent à cette disposition. Dans sa
caducité, quand il s’est dépouillé d’un grand nombre de ses rameaux, cet
arbre n’est plus reconnaissable; ses branches sont coudées de manières bizarres,
son tronc lui-même, au sommet, n’est plus droit ; de loin on reconnaît
à peine un conifère.
Le i5 mai i83o. — Au camp de Cursali, 2 i heures de Sonnasse.
C'est par une cascade assez élevée que le torrent de Mandjikliunt tombé dans
le petit bassin où ses eaux se mêlent à celles delà Jumna. La Jumna elle-même
n’y pénètre qu’au travers d'un défilé très-étroit. entre des escarpements. Pour
franchir l’arête qui descend ainsi jusque sur ses bords, il y a un passage assez
mauvais pour les gens chargés.
Au-dessus de ce court défilé, la Jumna ne coule point dans la même direction
; elle descend presque exactement du Nord au Sud. Cette dernière partie
de la vallée, avant que l ’on s’y soit élevé de 3o” au-dessus du bassin inférieur,
présente aussitôt une zone nouvelle de température. Les blés y sont
en retard de quinze jours au moins sur ceux de Bounasse. L’Argousier
0Hippophaë rhamnoïdes? )., que j ’avais commencé à voir hier au-dessus de
Bâri, sur les grèves des torrents, semble.se plaire davantage ic i, dans une Station
plus froide ; il devient un arbre de petite taille. Le Noyer est assez rare.,
mais superbe. Il y a 14 jours, au pied des montagnes de Landaor, je le trouvai
dans tout le luxe de sa végétation, ses noix prêtes à durcir. Ici, il commence
a feuiller; il est en pleine floraison. La vallée est cernée de tous côtés par
des cimes neigées.
La culture ne se hasarde plus sur les pentes; elles sont trop rapides pour lui
offrir aucun espace. Mais, de même que vers Tahnao, contre le pied des montagnes
et sur la rive droite pareillement, d’immenses accumulations de hlocs
roulés s’appuient sur leurs flancs, et leur sommet aplati, assez bien nivelé,
forme, dans ces hautes régions, un territoire cultivable étendu et sans doute
très-fertile. La Jumna coule au pied de ces éboulements, comme à Tahnao.
Le fond de la vallée s’exhaussant plus rapidement que la surface de ce
plateau ,, elle le rencontre presque à son sommet. On descend dans le lit de
la: Jumna, que l’on traverse cette fois sur un petit arbre jeté en travers, et
que l’on pourrait guéer bien plus facilement que le Buddiar. au-dessous de Tahnao;
puis on monte de suite sur un autre plateau beaucoup plus étendu, entre
la Jumna et le torrent de Gj, Hoûnta., au-dessus de leur confluent. Il forme
un delta dont la Jumna et ce torrent baignent les .deux côtés, et dont la base
s’appuie à des montagnes escarpées dont il est le dernier gradin. C’est le. territoire
de Cursali, le dernier et lë plus gros village de cette vallée. Il n’y a pas
moins de 4p à 5o.maisons,.bien bâties de troncs équarris alternant avec, des
couches de pierres; la charpente extérieure de quelques-unes sculptée d’une
façon grotesque, représente des personnages de la mythologie hindoue. Ce village
est élevé d’environ 2610" (8564P: *')••
Ce jour étant celui où M. Royle fait à Saharunpour des observations horaires
du baromètre, je profite de la circonstance qui me place en un lieu si intéressant
pour en faire de semblables correspondantes aux siennes. Mon camp est
établi sous un quinconce de grands abricotiers au nord du village, dans son
domaine. C’est le lieu où campent tous les voyageurs ; et si je trouve quelque
part la hauteur de Cursali indiquée sans désignation spéciale de la maison ou
du temple où le baromètre aura été observé, je dois conclure que c’est à la
même place où le mien est suspendu.
De Bounasse à Cursali je n’ai pas vu un seul banc de Protogyne. Les montagnes,
découpées d’ailleurs comme au-dessous, sont formées de bancs de Quartz
blanc grenu, où le Talc et le Mica manquent souvent tout à fait sur de vastes
étendues. Ce sont les mêmes roches qu’entre Kôtneur et Oudjerighur. Plus
haut, elles sont recouvertes de bancs où le Talc court en veines flexueuses
entre dé larges lentilles de Quartz. L ’épaisseur relative de ces veines talqueuses
et des noyaux quartzeux qu’elles contournent produit plusieurs variétés, qui
toutes se trouvent fréquemment, à divers étages de la vallée, associées soit au
Quartz en masse comme ic i, soit aux Protogynes. Des bancs de Micaschiste sont
subordonnés à ce terrain: ils y sont rares, mais dans le lit des torrents, ce
sont leurs débris qui dominent.