
nés dans les provinces conquises jadis par eux, de mères sirmourieunès,
kanaories, etc., etc. Le type maternel domine dans le physique de ces enfants,
et le type paternel dans le moral. Il faut q u il y ait dans c e lu i-c i
quelques qualités aimables qui en rachètent la violence; car les habitants
des basses montagnes, Sirmour,.etc., etc., longtemps soumis à leur oppression,
paraissent ne leur avoir gardé aucune rancune. Les vaincus et les
vainqueurs se mêlent continuellement dans leurs alliances.
La passion des Gourkhas pour les femmes parait plus vive que chez aucun
autre peuple indien. C'est la source de beaucoup de désordres dans leurs
garnisons. Malheur aux maris qui sont de garde. Mais le lendemain, ce sera
le tour de leurs camarades, et ils les puniront par la loi du talion. Des
scènes de meurtre sont fréquemment la suite de ces injures. Aventureux,
joueurs, buveurs, prodigues, insouciants du danger, ennemis du repos,
ils ont évidemment toutes les qualités qui font un soldat. Larmee de ligne
thésaurise : les corps gourkhas sont toujours criblés de dettes.
Les hommes que j'ai vus à Kotgurh, sont des invalides; mais s il y
avait la guerre, si leur ancien corps était appelé, il faudrait aussi faire marcher
une partie de ces invalides, sous peine de les voir se débander aussitôt
Us regarderaient comme une insulte de n'être pas appelés. Ce gout décidé
pour la guerre et ce sentiment d’honneur vraiment européen, sont absolument
étrangers aux habitants des plaines de l’Inde. Là aussi il y a des invalides
; plusieurs des corps appelés Local ou Provincial battalions, en sont
presque exclusivement formés. Mais il y est bien entendu par les soldats
qu’ils ne sont plus que des fainéants inutiles.
Un soubehdar du corps de Kennedy découvrit, il y a peu de temps, qu une
femme qu’il avait épousée, l’avait abusé sur sa caste, et qu’elle était de la
plus basse. Souillure épouvantable! pour se relever de cette infamie, le
pauvre diable se soumit à toutes sortes de pénitences. On le rasa de la tête
aux pieds; on l’oignit de ghui; on l’enterra, presquà le faire mourir, dans de
la bouse de vache; on lui fit boire de 1 urine de vache; on 1 envoya en pèlerinage
à Jumnoutri et à Gangoutri. Il croyait son péché effacé, ses camarades
allaient le réhabiliter, quand un brahmane mendiant arrive à Soubhatou,
amuse par ses contes la foule du bazar, acquiert bientôt la réputation dun
docteur infaillible en théologie, et déclare que, malgré toutes ces purifications,
le soubehdar n’a par reconquis sa caste. — Il y a parmi les Gourkhas
partage d’opinion à ce sujet. C’est un cas très-embarrassant pour Kennedy. Il
a mis la femme en prison ; tout le monde l’approuve. Il a ordonné au docteur
de vider le pays ; personne ne peut le blâmer. Mais que fera-t-il de son
soubehdar ? M. Fraser, consulté par lui, affirme que dans le livre dès pénitences
hindoues, il y a remède à tous les péchés, un seul excepté : manger la
chair du boeuf.
Un e n t e r r e m e n t a S o u b h a t o u . — Tandis que j ’étais à Soubhatou, on y
enterra un lieutenant d infanterie. Une compagnie de Gourkhas lui rendit les
honneurs militaires. Le corps était porté par les trompettes et les tambours.
Tous les Européens qui se trouvaient ce jour-là à Soubhatou, à l’exception
du vieux général Adams, suivirent le convoi; tous militaires, si ce n’est moi.
L u n deux lut le service sur le bord de la fosse; les autres, rangés a len tour
et-découverts, écoutaient dun air distrait : la population de Soubhatou,
dispersée sur les hauteurs voisines, était là comme à la fê te ._ S i nous croyions
que les morts voient sur la terre, nous les enterrerions avec plus de décence.
Mais toutes nos actions sont en désaccord avec les croyances religieuses. La
différence entre les Français et les Anglais à cet égard, est que les premiers
conviennent de leur scepticisme, et que les seconds affectent les dehors de la
piété. — Après le service, nous allâmes tous diner chez le général Adams, où
l ’on but beaucoup, comme à l’ordinaire. Un des convives raconta qu’il avait
pris le thé la veille au soir avec le défunt; il fut interrompu par son voisin,
qui lui dit : M. M , majr 1 have the pleasure to take d gtass ofwiné
with yod ? L ’ôfficier qui avait lu le service essaya de dire l'oor devil !
mais il fut interrompu de la même manière, et cela de la manière la plus
naturelle. Ce fut le dernier mot sur le mort.
Le lendemain, on fit sa vente. Son mobilier était celui d’un bien pauvre
lieutenant. Les natifs achetèrent ce qui avait une valeur intrinsèque : des
vases de cuivre et l’argenterie; des armes, et, ce qui m’étonna beaucoup,
des épaulettes et des uniformes écarlates. Quant aux livres, c’était évidemment
pour le poids et la grandeur du format qu’ils les prisaient. Du produit
de la vente on payera les dettes du défunt, les frais de son enterrement,
et avec le reste on lui élèvera une petite tombe. Il est bien rare qu’il
y ait un reste, quand le mort est un lieutenant.
L e R a j a h d e B e l a s p o u r . — Il était à Soubhatou en même temps que mo i,
pour négocier avec le capitaine Murray, Agent politique à Ambalah. Ce Rajah
est un jeune homme de 16 ou 17 ans, qui parait un enfant de i 3 ans. Il y
a quelques mois, i l s’amusa, par désoeuvrement, à faire mourir d’une mort
cruelle quelques-uns de ses sujets, qui n’avaient d'autre tort que de passer
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