
De là à Lari, il y a environ 5 ou 6 milles ( 1 1 ou i f 1.) et l’on ne rencontre
que deux arbres. Ce sont deux Genévriers qui croissent au bord duSpiti, dans un
lieu inaccessible. En face de Soumra, le Spiti s’élargit considérablement; quelques
îles de gravier séparent son cours. Un peu plus haut, ce sont des masses énormes
de terrain diluvial qui s’élèvent du sein de ses eaux en forme de tours basaltiques.
Le développement de ce terrain est extrême ; des infiltrations calcaires
ont souvent cimenté d’une manière solide les blocs empâtés dans ses sables et
ses argiles. Au delà, de petits espaces bien nivelés s’ouvrent assez fréquemment
le long de ses bords, toujours sur sa rive gauche, et souvent, le sentier
y descend. Enfin, à i mille (| 1.) au-dessous de Lari, c’est une large vallée * la
première de ce genre que j ’aie vue dans l’Himalaya. Sa surface est d’abord
couverte de blocs roulés et presque aride; mais ils disparaissent graduellement
à mesure qu’on approche du village, autour duquel sont les plus vastes
cultures que j ’aie vues dans les montagnes. Le nombre des habitants est
cependant peu considérable; mais leurs maisons, dont la base est bâtie de
pierres, et le reste de briques séchées au soleil et soigneusement blanchies,
leurs maisons, dis-je, rapprochées les unes des autres comme les divers bâtiments
d’une seule ferme, annoncent une plus grande aisance, à mon avis,
que les plus grands villages de Kanawer.
Je ne rencontrai aucune opposition, de la part des villageois, à mon établissement
sur leur domaine; loin de là, le Moukiar vint bientôt dans ma
tente m’offrir son nazzer de farine et de ghui; mais comme il paraissait etre
le seul qui eût du grain prêt à moudre, il fit à mes gens la loi sur le prix, et
le leur vendit quatre fois plus cher environ qu’il ne coûte à Chango et dans
tout le reste de Kanawer. Faute de concurrence, il fallut en passer par ses
exigences, heureux encore qu’il ne se refusât pas absolument à me fournir des
vivres. L’incertitude de pouvoir m’en procurer au delà m’obligea à faire halte
un jour à Lari pour en recueillir une petite provision.
Le costume et le langage des habitants sont les mêmes à Lari qu’à
Chango et à Nako; et je crois qu’il y a plus d’exceptions au type du visage
tartare que dans les villages d’Hangarang. La coloration de la peau est assez
variable ; elle est généralement bistrée : mais depuis Nako, chez les jeunes
femmes surtout, on aperçoit souvent, sous ce bistre, une teinte violette ou
cramoisie sur les joues. Deux villageois avec leur famille vinrent me donner
un concert assez semblable à celui de Chango. Les deux hommes jouaient de
la clarinette, qui avait tout à fait le son de la cornemuse, et les femmes frappaient
la mesure sur de grands tambours de basque. Les concertants étaient
accroupis, avec leurs plus jeunes enfants sur le dos. Les plus grands, qui
pouvaient avoir de 6 à io ans, dansaient une sorte de bourrée et se trépignaient.
souvent d’une façon que leur jeune âge seul exemptait d’être parfaitement
indécente. Ces démonstrations hostiles de virilité ne manquent poiut
dans le pas russe, tel que les paysans le dansent en Pologne et en Russie.
Lari, comme tous les villages de Ladak , ne paye d’impôt qu’au Rajah
de Leh ou Ladak, et celui-ci paye un tribut au gouvernement chinois, et
probablement aussi à Rundjit-sing. A mes questions sur Ladak , sa distance
la nature de la route, etc., je ne pus obtenir aucune réponse, tous les
villageois s’accordant à dire qu’ils n’y étaient jamais allés; ils mentaient
assurément.
Malgré l’effroyable stérilité des montagnes d’alentour, le bétail me parut
nombreux et en bonne condition. 1.1 y a une quantité d’Anes, plus souvent
noirs que gris. Les Chevaux sont communs. Les bêtes à cornes, la plupart
noires, sont d’une taille remarquable, notamment celles qui paraissent appartenir
à l’espèce du Boeuf domestique, sans croisement. Il y en a peu d’ailleurs
qui soient dans ce cas : les Yâks et les Vaches vivant ensemble, mêlent leur race
à toutes sortes de degrés. J’ai remarqué deux races de Chèvres fort distinctes :
l’une très-grande, le chanfrein très-busqué; l’autre de petite taille, le chanfrein
droit ou diversement ondulé dans le profil, la physionomie absolument différente,
les cornes en général presque droites et peu inclinées sur le garrot. Celle-ci
produit du Paschm ou ^ Pasm, ou duvet de cachemir, mais de qualité
inférieure et en quantité médiocre. La grande race en est absolument dépourvue.
J’avais déjà vu sur la route, depuis Nako, des animaux de cette figure,
parmi des troupeaux de Chèvres et de Moutons, qui revenaient chargés de
laine, de Garou ou du N .E . à une distance considérable. Elles ne différaient
de celles de Lari que par la plus grande quantité et la' qualité supérieure
du Paschm serré sous leur jarre. Elles avaient été achetées par les marchands
kanaoris, dans le pays qui produit le plus estimé, au prix de i ou i roupies
(¿2 fr., 5o ou 5 fr. ) chacune, et comme bêtes de charge seulement. Malgré
l’excessive sécheresse du climat de Kanawer, et l’élévation de cette contrée
au-dessus du niveau de la mer, l’expérience a depuis longtemps prouvé que
les Chèvres à Paschm y dégénèrent si rapidement, quelles n’y sont point
préférables aux Chèvres ordinaires.
Lari est élevé absolument de io ,8 4 5 p a* (3,3o5m) selon Herbert. Il n’y a
d’autres arbres que le Peuplier et un Saule fort voisin du Salix alba, si ce n’est
pas le même arbre. L'Astragalus microphyllus, et Y Epheçlra biligulata, qui crois-
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