
Dehra est approximativement élevé de 66om au-dessus de la mer ; le pied
des montagnes de K.eyri, de 35om, et la ligne moyenne de leurs sommets,
d’un millier de mètres tout au plus. Celle des cimes dé Mossouri et de Ean-
daor est élevée de 2000” à 23oom; ainsi elles ont i 4oom à iy o om d élévation
relative au-dessus du Dhoun, et la première rangée des montagnes deK e y ri
à peine plus de 3oom.
En montant au-dessus de Radjpour, je n’ai pas observé le changement subit
de végétation dont on m’avait souvent parlé. La transition,o - > . au con...t r..a ire, ,
est fort graduelle; un grand nombre de plantes du Dhoun montent jusque
vers i 5oo” , mêlées à ces espèces montagnardes que j ’avais vues déjà à Sansi-
dareh. A cette hauteur, qu’indique assez exactement une tombe élevée sur
le bord du sentier, celles qui ne sont pas arrêtées plus bas deviennent rares
et bientôt ne se montrent plus.
Le a mai i8 3 o .— A Lagressou.
Je rencontrai ce matin dans les sentiers tortueux de Mossouri et de Lan-
daor, sous les ombrages silencieux des chênes et des rosages qui couvrent
les pentes de ces montagnes au-dessous de leurs sommets, plusieurs Anglaises à
la promenade. C’était avant l’heure du déjeuner. Elles étaient parées comme à
Londres pour aller à l’Opéra. Une bande de domestiques conduisaient par la
main leurs enfants qui les accompagnaient, et d’autres venaient derrière,
menant en laisse les petits chiens favoris et portant les joujoux des enfants.
Mon étrange figure dans les épais habits blancs que j ’ai adoptés pour mon
voyage aux montagnes, passa devant elles sans obtenir les honneurs dun
seul regard. Ce n’était pas ma faute ; — c'était la faute des moeurs anglaises.
Au bout du sentier où j ’avais rencontré la dernière de.ces personnes, à
vingt pas de sa demeure, séparé de mes gens, je m'égarai, et; pendant plus
d’une demi-heure, marchai du pas d’un homme perdu, sans rencontrer âme
qui vive à qui demander le chemin, jusqu’à ce que je trouvai un des soldats
de mon escorte, resté derrière pour m’attendre et me le montrer. C était
sur la pente septentrionale de Landaor, vers l’extrémité occidentale de cette
croupe montagneuse.
Trois espèces d’arbres seulement forment les forêts bien éclaircies qui
descendent de son sommet jusqu’à 3oo” ou 400“ au-dessous : Rhododendron
(B . 498) ; Quercus (B. 45o) ; et un arbre de moyenne taille ,.qu e je n’ai
pas encore vu fleuri, dont le feuillage est mortel aux chevres. Quand on
descend vers les vallées, le Rhododendron est le premier qui s arrête, puis
cet arbre inconnu ; le chêne descend le plus bas. Mais au-dessous de la zone
du Rhododendron, il n’est plus lui-même dans un climat qui lui soit favorable,
il diminue de hauteur et finit par n’être plus qu’un arbre de la plus petite taille.
La limite du Rhododendron est celle de plusieurs plantes herbacées. Parmi
celles que j ’ai cessé de rencontrer en descendant au-dessous, je note la Violette,
Viola (B. 4 5 1), et la Valériane, Valeriana (B. 46a), également si
commune, dont la feuille molle et insipide empoisonne aussi les chèvres,
et dont la racine a , dit-on, une forte propriété narcotique.
Peu après avoir quitté les Rhododendron, je rencontrai le Grislea que j ’ai
recueilli au Reyri-pass, et plusieurs arbrisseaux des mêmes montagnes, qui
les traversent pour redescendre dans le Dhoun, d’où ils ne s’élèvent pas au-
dessus de Radjpour. Deux élégantes espèces d Indigofera (B. 534) et (B- 5 3 6 )
sont du nombre.-C’est au-dessous d’elles que je trouvai, pour la première
fois, un Pied d’Alouette, Delphinium (B. 535).
Les gazons desséchés (ce n’est qu’après les pluies que ces montagnes sont
vertes ) sont formés spécialement d’une espèce de Pàturin et de Barbon (?),
Andropogon (B. 53i ) , Poa (B. 5 4 4 ); Un jonc (B. 53o) s’y mêle çà et là,
et plusieurs arbrisseaux. Le sol, néanmoins, en bien des places, est à nu.
Des buissons d’une rose qui me semble différente de celle qui est si commune
dans le Dhoun, ornent tous les étages de la montagne, et quand on
approche de l’étroite vallée, de la crevasse plutôt, où coule le torrent, ses
rameaux courent sur une multitude d’arbrisseaux nouveaux. Le plus frappant,
pour un Européen, est un Nerprun qui me paraît être le Rhus co-
tinus(V>. 53a * ^
Une voûte élégante de verdure ombrage le torrent. J’y trouve, pour la
première fois dans l’Inde, le Noyer (luglans regia) associé à des arbres fruitiers
de la famille des rosacées [Pyrus et Prunus persicai). Néanmoins les formes
tropicales l’emportent. Un des arbrisseaux les plus communs dans cet étroit
ruban de forêt est une superbe espèce de Laurier, Laurus (B. 5a5 ), tout à
fait semblable par son pôrt, la couleur rose" et la consistance délicate de
ses jeunes pousses, et enfin par la saveur de ses feuilles et de son écorce, au
Cannellier. Mes gens étaient devant, je ne pus observer le baromètre au bord
de ce torrent. J’estime que le lieu où je le traversai est à 200“ au-dessous de
mon camp de Lagressoù.
Un sentier plus roide encore que celui par où l’on y descend, serpente le
long des escarpements, je dirais presque, de sa rive droite. Une Vigne, Vitis
(B. 52-3 ), la première plante de ce genre que je rencontre dans l’Inde, étend