
il arrive souvent en Europe. Nous avons aussi en Europe une Liane qui s’élance
sur les plus grands arbres des forêts et qui décore, de son sévère mais magnifique
feuillage, ceux que l’hiver ou la mort ont dépouillés du leur : le Lierre
n’est pas moins beau que le Bauhinia racemosa privé de ses fleurs.
Le Dhoun n’est pas une vallée à fond plat, il est très-légèrement excavé
en berceau. En sortant des forêts, je trouvai de larges groupes de Mangos
semés dans des campagnes verdoyantes. Ces arbres sont plus beaux ici que
dans les plaines du nord de l’Hindoustan, maison dit que leurs fruits n y
mûrissent pas. Le terrain semble précieux. Les champs sont séparés par des
fossés ou des haies. Ce sont des VitexSj/^ûex trifolia)', une espèce de Figuier
(B. 3ç i ) ; un Erythrina■ divers Cassia et Mimosa ; le Parlansonia acu-
leata ; toutes ces espèces végétales arborescentes appartiennent à des genres
tropicaux, mais ces champs qu’elles divisent ou qu elles ombragent se couvrent
des herbes de l’Europe ou d’espèces congénères. Le Paniciim dactylon et le
Polygonum aviculare sont partout, et forment un réseau où se mêle le
Fragaria indica, et que percent les tiges d’un Borrago, de diverses espèces
de petites Labiées et de composées. J’y recueille trois espèces de Gnapha-
Hum. Les herbes dont la vie est plus courte, ont une organisation plus flexiblé
que les grands végétaux, elles voyagent davantage. Leurs indications sont,
relativement, d’une mince valeur pour la détermination du climat des contrées
où elles croissent. Les plantes herbacées de l’Europe froide et tempérée
se retrouvent par centaine dans l’Amérique du n ord, mais je ne sache pas
que Ion y ait jamais indiqué un seul arbre d’Europe. Les diverses tribus de
nos Chênes y ont leurs représentants; plusieurs genres de l’ancien monde
dont nous n’avons qu’une espèce dans l’O ccident, Thuya orientalis, Celtis
australis, Ulmus, Platdnus, sont répétés en Amérique, mais par des espèces
entièrement distinctes.
G éologie. — Depuis que j’avais quitté Dehli , je n’avais pas vu une roche
en place, pas même un fragment de roche roulé. Les vastes plaines qui se-
tendent au N ., au N .O . et a u N .E . , l e pays des Sikes, les districts de Mirut,
de Sirdhana et de Saharunpour, sont formés d’alluvions sablonneuses, melées
d'une proportion variable d’argile que les eaux pluviales amassent incessamment
dans les fonds. Le sommet des ondulations presque insensibles de cette vasté
plaine reste de sable pur. Le salpêtre, le nitrate de soude et le sel marin
forment des efflorescences à la surface des terrains les plus plats, dans le
pays des Sikes surtout, qui est dépourvu de rivières pour l’égoutter ; car le
Douâb, où je rentrai près de ïkurnal, a, malgré son apparence, une pente
très-marquée au voisinage des montagnes. L’eau y coule rapidement à la
surface du sol ou dans sa profondeur entre les divers bancs alluviaux dont
il est formé. Quelques-uns de ces lits les plus sablonneux renferment du
Kankar disséminé. Les fouilles faites récemment pour le percement du canal
d’irrigation qui amène à Saharunpour les eaux de la Jumna, prises à la
sortie des montagnes, ont fait trouver des monnaies anciennes de 5 à 6
siècles , mais aucuns débris organiques.
C’est à Nankah, i 5 mil. ( 4 i 1-) au N .E . de Saharunpour, que je trouvai
les premiers amas de galets épars sur le sol des plaines et dans le lit des
ruisseaux qui les sillonnent. De la grosseur du poing en général, provenant
de roches primitives, ce sont des fragments de Quartz blanchâtre compacte,
parsemé de lamelles micacées ou jaspé grossièrement, et alors coloré en vert
noirâtre ; très-peu de roches feldspathiques.— D’autres galets plus gros, de
la grosseur de la tête en général, sont mêlés avec ceux-ci. Ce sont des Pou-
dingues formés de raggrégation des précédents, cimentés grossièrement par
du sable et de l’argile, ou des Grès tendres et grossiers. A Mohun, je trouvai
en place ces'Poodingues et ces Grès. C’est de l’alternance de leurs strates qu’est
formée entièrement la petite chaîne de Dehra. J’ai lieu de croire qu’une pareille
ceinture- de conglomérats se trouve au pied de THimalaya, tout le long
de son étendue. J’ignore quelle est ailleurs leur disposition : ici elle est fort
remarquable. Tout le système de Pcrudingues et de Grès, à peine cimentés
et que Ton n’hésiterait pas à regarder comme un terrain diluvial, si on le
trouvait dans les plaines, horizontal et médiocrement épais, s’élève à 6oo"
environ au-dessus des plaines de l’Hindoustan et à la moitié de cette hauteur
pour le moins, au - dessus de la vallée de Dehra. Il a donc réellement toute
son épaisseur apparente, et n’est pas exhaussé sur un étage inférieur des montagnes.
Et bien plus, son épaisseur excède notablement sa hauteur verticale
car ses strates ont une forte inclinaison. Us plongent uniformément au
N .N .E . ou au N .E . , vers les pentes de l’Himalaya, sous un angle variable
de i 5î à-A5°. On marche donc sur la tranche de leurs strates, en montant
des plaines de l’Hindoustan à leur sommet,— et sur leur plan, en descendant
,de là au Dehra-Dhoun; c’est pourquoi leurs formes sont si âpres
au Sud, du côté des plaines, et si douces au Nord, du côté des montagnes,
Le torrent, par le lit duquel on y pénètre, à ses bords fréquemment taillés à
pic dans cet amas de Grès et de Poudingues. Leurs sommets sont bizarrement
découpés en pics aigus, Pl. X X I I , fig. i , ou en plateaux inclinés comme
le plan des strates, Pl. X X I I , fig. i.