
m’abritèrent du soleil'jusqu’à une heure après midi. Et comme sur 1 autre
rive du Setludje, à une médiocre distance, les montagnes sont également
coupées à pic, à 4 heures il s’abaissa au-dessous d’elles. A mesure que je
descends vers un climat plus chaud, l’aspect du pays est plus vert. En
Hangarang, à mon retour de Spiti, la végétation était déjà presque entièrement
détruite par les gelées nocturnes de l’automne. L ’excessive sécheresse
avait produit le même effet autour de Soungnum et de Kanum. C’est en
descendant de Pangui que j ’ai vu reparaître la végétation graminée, dont les
espèces automnales fleurissent à présent au bord du Setludje : plusieurs
espèces d'Arundo et d'Andropogon (Voir mon Catalogue botanique).
La Vigne en Kanawer. — La rivière de la Buspa forme la limite de sa
culture à l’Ouest ;‘ à l’Es t, elle remonte jusqu’à Poyé, dans la vallée du
Setludje ; il y a encore quelques vignobles à K h au b , mais leur produit est
très-précaire. Elle pénètre d’ailleurs à quelque distance dans les vallées des
affluents les plus considérables de cette rivière, savoir : le Téti à Lipé, et
le Rouskalang à Soungnum. Enfin, sur les bords du Spiti m ê m e , au-dessous
de Nako et dans une de ses dôgris, située en face de la vallée d’Hango,
il y a encore quelques vignes. Ce sont les seules d Hangarang. Leur niveau
absolu est d’environ io,ooo»* ( 3,o 48* j f elles atteignent cette élévation autour
de Soungnum, mais ne la dépassent nulle part.
Au reste, c’est moins du niveau absolu que du niveau relatif au fond des
grandes vallées, que dépend en Kanawer le succès de cette culture. L’élévation
absolue de Kanuin et celle de Soungnum sont à peu près semblables, et
il n’y pas de vignes à Kanum, parce que ce village est élevé de 3oo” à 4oo”
au moins au-dessus du Setludje. Sur la pente moyenne des montagnes à
io,ooo5-“' (3,o48m) , à 9,ooo',-‘ - (2,743") même, les. raisins ne mûrissent presque
jamais; leur maturation exige la réverbération des rayons solaires dans
le fond des vallées, où , d’un autre cô té , la faiblesse du rayonnement nocturne
rend les nuits moins froides.
La vigne s’arrête -donc vers l’Est, là où le climat devient trop froid pour
elle. A l’Ouest, elle s’arrête là où il devient trop humide; car la Buspa
forme assez nettement la limite, orientale des pluies solsticiales. Dans tout
cet intervalle, elle est cultivée exactement de la même manière. Les plans
sont espacés inégalement suivant leur force, mais toujours sans régularité.
Le sarment rampe sur la terre ou s’élève, à son gré, et son branchage
s’appuie sur une treille grossière que supportent de forts pieux, plantés
de distance en distance. La voûte de verdure qui résulte de cette disposition
.est élevée de im,o à im,i au-dessus du sol : les raisins pendent au-dessous
dans une atmosphère qui s’échauffe considérablement pendant le jou r, mais
constamment à l’ombre. Il est impossible d’imaginer une combinaison plus
stupide.
La terre, au-dessous de ces treilles, ne requiert aucun travail pour être purgée
d’herbe : il n’en pousse aucune sous une ombre perpétuelle. Elle ne reçoit
aucune espèce d’engrais ni de culture, de même qu’on ne donne à la vigne
aucune taille méthodique. Cet arbrisseau est encore planté, mais on ne saurait
dire qu’il soit cultivé. Les vignobles sont tous arrosés. C’est le sine quâ
non de toute espèce de végétation en Kanawer.
Certes , ce n’est pas dans de telles conditions que la vigne aurait pu développer
un nombre assez considérable de variétés tout à fait distinctes, de raisins
bleus, gris ou blancs, allongés et à chair ferme, ou arrondis et à chair
plus aqueuse, etc.; et il n’est guère douteux qu’elles n’aient été apportées,
en ce pays, de Cacbemir ou d’une contrée voisine, où les soins divers donnés
à sa culture aient pu la modifier diversement. Les raisins gris-violets
sont, comme en Europe, les plus sucrés, mais les plus fades ; et les bleus,
les plus savoureux. Dans un grand nombre de variétés de cette couleur, il
n’y a qu’un pépin, et il arrive souvent qu’il n’en reste aucun. On en obtient
à volonté de cette espèce, dit M. Gérard, en ne donnant pas d’eau aux vignes.
Une partie considérable de la vendange est séchée au soleil, mais sans
soins. Beaucoup de grains tournent à l’acide avant de se dessécher. D’autres
éprouvent une altération singulière : leur chair devient légèrement grumeleuse
et perd sa saveur sucrée, sans devenir acide : cela est particulier à certaines
variétés de raisins blancs.
Quoique privés de l’action directe du soleil, il n’y a pas de doute que
les raisins ne mûrissent parfaitement en maintes parties du Kanawer ; mais
nulle part ils ne sont délicats; et autour de Pouari, à Suntung particulièrement,
où ils touchent à la région des pluies solsticiales, ils mûrissent
ma l, inégalement.
Cultivée autrement, la vigne produirait certainement un vin au moins
médiocre, car le climat est précisément celui qui lui convient, chaud (dans les
lieux où on la plante), clair et sec. Le vin qu’on fait en Kanawer ne se
conserve pas au delà de l’hiver; et 15 jours après la vendange, cest déjà
un vinaigre désagréable et putride. La majeure partie est distillée dans des
alambics en terre. On en extrait un esprit très-faible, dune odeur acide et
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