
Calcaires et les Grauwackes de Mossouri ont entièrement disparu. L e véritable
Schiste argileux lui-mème a cessé de se montrer dans l'alternance des
roches schisteuses, et c’est le Talc qui semble être devenu le principe de
ce mode de division, ici presque universelle. Est-ce donc un terrain nouveau?
Est-ce même une formation nouvelle? Si c’en est une, combien est étroite sa
connexion avec le système plus composé de Landaor et de Mossouri ! Quant
à dire si elle lui est superposée ou sous-jacente, c’est une question à laquelle,
a défaut d’observations pour la décider, nos préventions, géologiques répondront
aisément : nul doute qu’on ne la fasse passer sous ce dernier système.
Je ne. sais, mais il me semble que dans la description des terrains anciens,
primitifs et intermédiaires, on a bien gratuitement admis des lois de gisement
que l’observation est loin de supporter, quand on n’en torture pas systématiquement
les indications vagues et douteuses.
Le 8 mai i83o. — Camp dans là vallée duBirréka , près de Beurkhôte, à 7 heures de marche de Ghiounla.
Ghiounla n’est pas au sommet de la vallée du Godwelgâd, comme il me
semblait, Pl. XX V III. Ce n’est qu’après 5 h. de marche lente que j ’y arrivai. Les
trois premières heures sont peu pénibles ; le sentier suit le fond du vallon, généralement
ombragé parla bande étroite de forêt qui se presse sur les bords du
torrent. Ailleurs, où le vallon s’élargit un peu, il est couvert de prairies
élevées en étages les unes au-dessus des autres. Elles ont été des champs
autrefois. Tout le travail qu’elles ont exigé pour être ainsi terrassées, est
perdu. Au-dessus de Ghiounla, je n’ai pas aperçu une hutte ni un épi de blé.
Ainsi, la petitesse du territoire cultivable des montagnes ne le défend pas
plus de 1 abandon que l’immensité de celui des plaines de l’Hindoustan.
Parmi les herbes de ces prairies, les plantes suivantes dominent: Ranunculus
acrisP. (recueillie à Sansidareh); Plantago, Spiranthes ( herborisation de ce
jour ) ; Saccharum spontaneum ; Poa ( recueilli le 2 mai) ; un Andropogon des
plaines; Thymus et Potentilla (de Mossouri); Oxalis corniculata, ou l’espèce
voisine ; Panicum dactylon ; Cerastium vulgatum ; un Justicia rampant ( du
D houn ); etc., etc.
Dans les ombrages du torrent , je remarque une ou deux espèces de Quercus,
(semblables par la forme de la feuille, mais l’une est glabre et l’autre cotonneuse
au-dessous) ; A Inus , recueilli hier; le Laurus pseudo-cinnamomum, à profusion
; Salix, un bel arbre, voisin de Xalba ; un Mimosa,. arbre de moyenne taille,
le plus gracieux de ce genre (Catalogue de ce jour) ; un grand Prunus couvert
de fleurs, et le Coesalpima, tous deux de la vallée de l’Aglaur. Çà et là , un
très-grand arbre s ’élève au-dessus de ces élégants massifs, c’est un Noyer;
son port diffère sensiblement des variétés que la culture a produites en Europe
, et ressemble davantage à celui des Carya de l’Amérique septentrionale ;
son tronc est droit, élancé, ne porte que quelques rameaux vagues jusque
vers le milieu de sa hauteur, et se termine par une tête allongée de la forme
la plus noble. — Un Jasmin (fl. luteus, Mossouri) sans odeur; le magnifique
Rosier de ces vallées ; un Rubus remarquable par ses feuilles non divisées et
1 extrême petitesse de ses pétales, plus courts de moitié et à peine plus élargis
que les filaments de ses étamines; un Spirea, élégant arbrisseau épineux, le
premier de ce genre que j ’aperçoive dans l’Inde (Catalogue du 8 mai); cette
Vigne (Catalogue du 2 mai) dont les fleurs sont parfumées comme le réséda ;
une Epine vinette, tels sont les arbrisseaux qui fleurissent sous ce bois.
Les formes des montagnes qui bordent l’une et l’autre pente de la vallée
sônt douces et arrondies. Leurs sommets ne s’élèvent pas en même temps que
celui du vallon, et à mesure que celui-ci s’exhausse, gardant leur niveau,
ils semblent s’abaisser vers lui. Ils sont ombragés de Pins, Pinus longifolia,
qui descendent souvent de leurs pentes jusque dans le bas du vallon, et qui là,
dans un sol fertile et des situations abritées, atteignent 3om et 4om de hauteur.
Des gazons vagues verdissent sous leur ombre légère.
A 1543m ( 5o63p ang:) d’élévation absolue, j ’aperçus les premiers Rhododendron,
tortus et rabougris, fleurissant parmi les ombrages du torrent. A moins de ioom
plus haut, ils avaient exclu tous les autres arbres, tous les autres arbrisseaux,
à 1 exception des Quercus, Andromeda, Pinus, de quelques A Inus et Riburnum.
La, je m’éloignai des bords du torrent, qui est bien près de sa source, et
je commençai à gravir une longue arête qui descend dans le vallon, d’une
des cimes au pied desquelles il se termine. Elle est couverte de Pins ou de Rhododendron
associés au Chêne et à XAndromeda.
Au sommet de cette longue croupe, que les feuilles desséchées et glissantes
dont elle est couverte, bien plus que la roideur de ses pentes, rendent pénible
à gravir, je me trouvai sur un col. On l’appelle Rari-Ka-Teibi (Teibin,
lu ib i , Téba, Tinba). C ’est le point le plus bas d’une crête qui unit deux
massifs allongés de montagnes, parallèles l’un à l’autre, et entre lesquels est
creusée au Sud la vallée du Godwelgâd, et au Nord le vallon du Birréka. Les
deux vallées sont adossées l’une à l’autre et suivent des directions exactement
inverses, du N .N .O . au S .S .E . , le Godwelgâd descendant au Gange et le
Birréka à la Jumna. On aperçoit parfaitement la vallée de cette rivière au fond